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mercredi 20 août 2025

4.10 - MON AVIS SUR LE FILM LES SCHTROUMPGS DE CHRIS MILLER (2025)


 Vu le film Les Schtroumpfs de Chris Miller (2025) avec les voix de Rihanna Xolo Mariduena James Corden Chris Miller John Goodman Marshmello Kurt Russel Octavia Spencer 

Lorsque le Grand Schtroumpf est mystérieusement kidnappé par les vilains sorciers Razamel et Gargamel, la Schtroumpfette et son meilleur ami le Schtroumpf Sans-Nom partent en mission pour le retrouver. Commence alors une aventure délirante où ils vont croiser la route de nouveaux amis comme Mama Poot et ses petits. Les Schtroumpfs doivent prendre en main leur destin pour sauver celui du monde entier. 

 

Les Schtroumpfs version 2025, réalisé par Chris Miller, est un objet de cinéma étrange, presque perturbant dans sa manière d’assumer son ratage. On pensait qu’après les déboires des précédentes adaptations, la leçon aurait été retenue : revenir à l’univers de Peyo, à son humour tendre, à sa fantaisie bucolique et malicieuse. Mais non. Miller choisit la fuite en avant, une surenchère de couleurs criardes, de musique assourdissante et d’effets numériques clignotants qui finissent par donner le vertige. Le récit, censé réintroduire les célèbres petits lutins bleus auprès des nouvelles générations, se réduit à une succession de situations bruyantes et forcées où chaque personnage semble condamné à cabotiner. L’intrigue, simpliste, reprend la sempiternelle lutte contre Gargamel, mais au lieu de renouer avec l’esprit des albums, elle se perd dans une accumulation de péripéties urbaines hystériques, là où l’on aurait attendu la forêt, le village en champignons, la poésie champêtre. C’est là le plus grand échec du film : non pas d’être maladroit ou naïf, mais de trahir radicalement l’héritage de Peyo. 

Et pourtant, ce désastre se transforme en une sorte d’expérience fascinante. Car à chaque nouvelle scène, le film semble se donner pour mission d’aller encore plus loin dans le mauvais goût, comme s’il voulait s’autodétruire sous nos yeux. Les blagues sont tellement lourdes qu’elles en deviennent une performance, les dialogues tellement plats qu’ils semblent écrits pour provoquer la gêne, les rebondissements tellement prévisibles qu’on en vient à anticiper avec un sourire désabusé le moment exact où ils vont tomber. C’est presque de l’art, tant le film s’acharne à rester constamment à côté de la plaque. On pourrait croire à une parodie volontaire, une manière ironique de saboter l’image des Schtroumpfs, mais il ne faut pas se leurrer : ce n’est qu’un produit industriel où la surenchère a remplacé la moindre nuance. 

La musique, omniprésente et martelée à un volume insupportable, achève de transformer ce qui aurait dû être une comédie familiale en une épreuve sonore. Les lumières stroboscopiques, sans justification narrative, agressent l’œil plus qu’elles n’illuminent le récit. L’ensemble devient un spectacle fatiguant, qui épuise même les enfants auxquels il était destiné. Car là est peut-être la pire conséquence : ce cinéma ne respecte pas son public. Les enfants méritent mieux que ce bruit incessant, mieux que des personnages réduits à des caricatures numériques, mieux que cette mise en scène qui confond agitation et vitalité. 

En sortant de la salle, on ne retient rien de l’esprit de camaraderie, d’humour et de poésie qui faisait la force des bandes dessinées belges. Le film laisse au contraire une impression de vacarme inutile, une saturation visuelle et sonore qui fatigue plus qu’elle ne divertit. Mais il reste une étrange admiration devant la cohérence de l’échec : rarement un film aura réussi à maintenir si haut le niveau du gênant du début à la fin. À ce stade, on pourrait presque l’applaudir pour cela. Oui, Les Schtroumpfs de Chris Miller est mauvais, terriblement mauvais, mais il l’est avec une telle constance, une telle conviction, qu’il en devient presque remarquable dans son obstination. 

NOTE : 4.10

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Chris Miller
  • Scénario : Pam Brady, d'après l’œuvre de Peyo
  • Musique : Henry Jackman
  • Direction artistique : Roberto Caruso et Marco Furbatto
  • Décors : Max Boas
  • Production : Ryan Harris, Rihanna, Laurence Brown, dit Jay Brown et Tyran Smith, dit Ty-Ty
  • Sociétés de production : Paramount Animation, Marcy Media Films, LAFIG Belgium, Peyo Company, International Motion Picture Studios, Lupin Film
  • Société de distribution : Paramount Pictures

DISTRIBUTION

Voix françaises

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