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mardi 12 août 2025

4.80 - MON AVIS SUR LE FILM LES GORILLES DE JEAN GIRAULT


 Vu le film Les Gorilles   de #JeanGirault (1964) avec Darry Cowl Francis Blanche Michel Galabru Maria Pacôme Michel Constantin Béatrice Altariba Jean Carmet Maurice Chevit Robert Dalban Henri Attal Mario David Guy Delorme Jean Lefebvre Guy Grosso Michel Modo et Paul Preboist  

 

Sensibles au charme des hôtesses de l'aéroport d'Orly, où ils sont nouvellement bagagistes, Édouard et Félix, anciens « gorilles », accumulent erreurs et distractions Ils viennent ainsi d'égarer la valise d'un diamantaire en provenance d'Amsterdam. Celle-ci a probablement été considérée à tort comme arrivant du vol de Téhéran à la suite d'un accident de tracteur à bagages. Le passager se montre si furieux de cette grave perte que nos gorilles vont tout mettre en œuvre pour retrouver le précieux bagage. Il semble évident que la valise doit se trouver entre les mains d'un des passagers de l'autre vol. Mais lequel ? La chasse au trésor va conduire nos deux farfelus auprès des personnages les plus divers et dans les lieux les plus inattendus…  

 

Les Gorilles (1964), réalisé par Jean Girault, appartient à cette veine de comédies françaises légères qui annoncent déjà le ton des années 70 et 80. Jean Girault, futur réalisateur attitré de Louis de Funès, y déploie un sens du rythme comique qui, ici, ne bénéficie pas de l’énergie de De Funès, mais repose sur un duo tout aussi exubérant : Darry Cowl et Francis Blanche. 

L’intrigue démarre sur un postulat simple mais propice à tous les dérapages humoristiques : deux employés d’agence de protection se retrouvent chargés de la sécurité d’une star de la chanson (jouée par Maria Vincent) menacée par un mystérieux individu. Les “gorilles” en question ne sont évidemment pas des gardes du corps efficaces, mais des incompétents notoires qui vont accumuler gaffes, maladresses et catastrophes. 

Ce scénario prétexte donne lieu à une suite de situations absurdes, souvent tournées comme des saynètes indépendantes : filatures ratées, quiproquos amoureux, infiltration calamiteuse dans un cabaret, et même des scènes où les protagonistes se retrouvent déguisés de façon improbable. On sent que Girault mise avant tout sur la fantaisie et l’accumulation d’idées plutôt que sur une progression narrative serrée. 

Le cœur comique repose sur la confrontation de Darry Cowl, maître du bafouillage lunaire, et Francis Blanche, aussi tonitruant que roublard. Chacun joue sa partition : Cowl multiplie les apartés et gags de langage, tandis que Blanche impose un humour plus frontal, avec des mimiques et des répliques qui font mouche… parfois. 

L’un des plaisirs du film, c’est de repérer en arrière-plan une foule de seconds rôles qui peuplent déjà ou peupleront bientôt le cinéma comique “franchouillard” des décennies suivantes : Jean Lefebvre, Michel Galabru, Roger Carel, Paul Préboist, Henri Génès, et même Jacques Dynam. On croise aussi Guy Grosso et Michel Modo, qui formeront plus tard le tandem culte des gendarmes de Saint-Tropez. Cette galerie d’acteurs donne au film un air de répétition générale pour les succès populaires à venir. 

Mais cette richesse de casting a un revers : trop de visages, trop de situations, et pas assez de liant. Les sketches s’enchaînent sans réelle montée dramatique. Chaque séquence semble vouloir être “le gag marquant”, mais le tout donne une impression de dispersion. Certaines idées, pourtant drôles, s’épuisent rapidement par manque de développement. 

La mise en scène de Girault reste propre mais fonctionnelle, au service des comédiens plus que de l’image. La musique, entraînante et typique des comédies de l’époque, renforce le côté léger et insouciant. Les décors — cabarets, rues parisiennes, appartements bourgeois — ancrent le film dans une France urbaine en pleine mutation, mais c’est davantage un décor de théâtre qu’un environnement réaliste. 

Le rythme est inégal : certaines scènes traînent, d’autres s’enchaînent trop vite, ce qui rend l’ensemble parfois fatigant. Pourtant, il y a des éclairs de pure comédie, notamment lorsque Cowl et Blanche improvisent dans une logique de surenchère. On rit alors franchement, même si ces moments restent ponctuels. 

Les Gorilles est une comédie qui tient plus de la succession de sketches que d’un récit continu. C’est du grand n’importe quoi assumé, un terrain de jeu pour deux acteurs en roue libre, soutenus par une troupe qui va marquer durablement la comédie française. On ne retiendra pas le film pour sa cohérence ou son scénario, mais comme un joyeux patchwork d’absurdités, reflet d’un cinéma populaire qui privilégiait les personnages hauts en couleur à la rigueur narrative. 

Pour qui aime l’humour disparate et les acteurs cultes de la comédie française, c’est un petit plaisir rétro. Pour les autres, ce sera un divertissement vite vu, vite oublié… mais avec le sourire. 

NOTE : 4.80


FICHE TECHNIQUE



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