Vu le film F1 de Joseph Kosinski (2025) avec Brad Pitt Kerry Comdon Damson Idris Javier Bardem Callie Cooke Tobias Menzies Shea Wingham Lewis Hamilton Lando Norris Max Verstappen Esteban Ocon Pierre Gasly Lando Norrris
Sonny Hayes était le prodige de la F1 des années 1990 jusqu'à un terrible accident. Trente ans plus tard, devenu un pilote indépendant, il est contacté par Ruben Cervantes, patron d'une écurie en faillite qui le convainc de revenir pour sauver l'équipe et prouver qu'il est toujours le meilleur. Aux côtés de Joshua Pearce, diamant brut prêt à devenir le numéro 1, Sonny réalise vite qu'en F1, son coéquipier est aussi son plus grand rival, que le danger est partout et qu'il risque de tout perdre.
On n’attendait pas forcément Joseph Kosinski dans l’univers des circuits de Formule 1. Perso, ce n’est pas ma tasse d’huile de vidange (oh oh), mais il faut reconnaître que le réalisateur qui avait déjà redonné des ailes avec Top Gun: Maverick sait comment faire vibrer un spectateur. Et comme pilote de tête, il y a Brad Pitt, blondinet éternel, beau gosse de carte postale qui, malgré ses 61 printemps, grimpe dans une monoplace comme s’il n’avait jamais quitté le paddock. Là encore, comme Tom Cruise dans Top Gun, l’âge devient presque un gag : on devrait lever les yeux au ciel, et finalement on se laisse prendre au jeu, tant Pitt incarne son rôle avec conviction.
L’histoire, inutile de faire semblant : elle est cousue de fil blanc, ou plutôt de bitume bien lisse. Un vétéran qu’on ressort du garage pour encadrer les jeunes loups, une transmission de témoin entre générations, une rédemption par le feu des moteurs… C’est le même schéma que Top Gun: Maverick transposé sur circuit. Si on venait chercher un récit neuf, on aurait sans doute calé dans le premier virage. Mais la narration n’est qu’un prétexte, un châssis sur lequel Kosinski vient greffer ce qu’il sait faire de mieux : l’immersion sensorielle.
Et là, ça déboîte. Sur grand écran, la caméra épouse la trajectoire de la monoplace comme rarement au cinéma. Chaque plan nous plaque dans le siège baquet, chaque virage est une secousse, chaque ligne droite un souffle d’air. Kosinski filme la vitesse comme une matière, presque tangible. Et surtout, il ose les silences. Le moment de l’accident, quand le héros bascule et que le son se coupe, crée une parenthèse vertigineuse : on est dans sa tête, dans ce vide brutal où tout s’arrête. Ce n’est pas seulement un effet, c’est une expérience corporelle, un instant de suspension qui dépasse la simple représentation sportive.
Le son, parlons-en : l’Atmos devient ici obligatoire. Ce n’est plus un gadget technique, c’est un élément narratif. Les moteurs rugissent comme des orgues, le crissement des pneus traverse la salle, les pit-stops deviennent des ballets sonores. On est littéralement enveloppé. C’est une œuvre qui doit se voir en salle, sur un grand écran, pas sur une montre connectée, même tactile. La F1 filmée par Kosinski n’est pas un spectacle à regarder distraitement : c’est une immersion à vivre physiquement.
La musique de Hans Zimmer, elle, s’imbrique parfaitement à cette construction sonore. Zimmer pulse au rythme des moteurs, accélère, freine, change de tonalité comme une boîte de vitesses. Parfois, ses nappes orchestrales viennent sublimer la vitesse, parfois elles s’effacent pour laisser les machines parler. C’est une partition qui colle à la mécanique, et pourtant, elle garde ce lyrisme typique de Zimmer, cette capacité à transformer le bruit en émotion.
Et Brad Pitt dans tout ça ? Il conduit le film comme il conduit sa voiture : avec aplomb, élégance, mais sans cabotinage. On aurait pu craindre le film-ego, la démonstration d’un acteur qui veut prouver qu’il est encore jeune. Mais non, Pitt joue la carte de l’expérience. Il incarne un pilote qui a connu la gloire et la chute, et qui revient avec une humilité feinte. C’est lui qui tient la ligne droite du récit, et il le fait sans chercher à éclipser les autres. Il donne le tempo, tout simplement.
Alors, est-ce du grand cinéma ? Oui, au sens où Kosinski nous rappelle ce que c’est qu’une salle obscure : un lieu où le son, l’image, le corps s’unissent pour créer une expérience qu’aucun écran domestique ne pourra jamais égaler. On peut reprocher au scénario son classicisme, mais ce serait comme reprocher à une F1 de tourner en rond : ce n’est pas pour l’histoire qu’on est là, mais pour le vertige. Et ce vertige, Kosinski sait l’orchestrer.
Moi qui ne suis pas amateur de Formule 1, j’ai fini par m’accrocher à ce tour de piste. Le film n’invente rien narrativement, mais il emporte tout par sa mise en scène immersive, son travail sonore d’une précision chirurgicale, et une interprétation de Brad Pitt qui réussit l’impossible : faire oublier l’âge, la star, et même le personnage, pour ne laisser qu’une sensation brute, celle d’être dans la course. Pas de discours encombrants, pas de morale plaquée, encore moins de wokisme : juste le cinéma comme une machine sensorielle. Du grand spectacle qui sent l’essence et le pneu brûlé, et qui, une fois sorti de la salle, te laisse avec ce bourdonnement dans l’oreille et cette impression d’avoir toi aussi frôlé les 300 km/h.
NOTE : 15.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Joseph Kosinski
- Scénario : Ehren Kruger, d’après une histoire de Joseph Kosinski et Ehren Kruger[1]
- Musique : Hans Zimmer
- Décors : Mark Tildesley
- Costumes : Julian Day
- Photographie : Claudio Miranda
- Montage : Stephen Mirrione
- Production : Jerry Bruckheimer, Dede Gardner, Lewis Hamilton, Jeremy Kleiner, Joseph Kosinski, Chad Oman et Brad Pitt
- Production déléguée : Penni Thow
- Sociétés de production : Copper, Dawn Apollo Films, Jerry Bruckheimer Films et Plan B Entertainment
- Sociétés de distribution : Warner Bros. (États-Unis, France), Apple TV+ (VOD)
- Budget : 300 millions de dollar
- Brad Pitt (VF : Jean-Pierre Michaël) : Sonny Hayes
- Damson Idris (VF : Diouc Koma) : Joshua « Noah » Pearce
- Javier Bardem : Ruben Cervantes
- Kerry Condon (VF : Olivia Luccioni) : Kate McKenna
- Tobias Menzies : Peter Banning
- Kim Bodnia : Kaspar Smolinski
- Sarah Niles : Bernadette Pearce, la mère de Joshua
- Will Merrick : Hugh Nickleby
- Joseph Balderrama (en) : Rico Fazio
- Abdul Salis : Dodge
- Callie Cooke (VF : Diane Kristanek) : Jodie
- Samson Kayo (en) (VF : Baptiste Marc) : Cash
- Simone Ashley (scènes coupées)[]
- Luciano Bacheta : Luca Cortez
- Martin Brundle : lui-même
- David Croft (en) : lui-même
- Shea Whigham : Chip Hart
- Will Buxton (en) : lui-même
- Tiësto : lui-même (caméo)
- Alexander Albon : lui-même (caméo)
- Fernando Alonso : lui-même (caméo)
- Valtteri Bottas : lui-même (caméo)
- Pierre Gasly : lui-même (caméo)
- Zhou Guanyu : lui-même (caméo)
- Lewis Hamilton : lui-même (caméo)
- Nico Hülkenberg : lui-même (caméo)
- Liam Lawson : lui-même (caméo)
- Charles Leclerc : lui-même (caméo)
- Kevin Magnussen : lui-même (caméo)
- Lando Norris : lui-même (caméo)
- Esteban Ocon : lui-même (caméo)
- Sergio Pérez : lui-même (caméo)
- Oscar Piastri : lui-même (caméo)
- Daniel Ricciardo : lui-même (caméo)
- George Russell : lui-même (caméo)
- Carlos Sainz Jr. : lui-même (caméo)
- Logan Sargeant : lui-même (caméo)
- Lance Stroll : lui-même (caméo)
- Yuki Tsunoda : lui-même (caméo)
- Max Verstappen : lui-même (caméo)
- Frédéric Vasseur : lui-même
- Toto Wolff (VF : lui-même) : lui-même (caméo)

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire