Pages

mercredi 6 août 2025

7.90 - MON AVIS SUR LE FILM UNE VIE HONNETE DE MIKAEL MARCIMAIN (2025)


 Vu le Film Un Vie Honnête de Mikael Marcimain (2025) Vu sur Netflix avec Nora Rios Simon Loof Peter Andersson Nathalie Merchant Arvid Von Eland Fabian Hedlund 

Un étudiant en droit cynique et en mal d'inspiration rejoint une bande d'anarchistes, mais se retrouve pris dans un réseau criminel où il n'est qu'un pion. 

Une Vie honnête, dernier film de Mikael Marcimain disponible sur Netflix, incarne bien ce type de productions estampillées plateforme : un bon sujet de départ, prometteur, intriguant, mais un traitement qui tourne parfois à vide, ou du moins qui semble hésiter sur le ton et la direction à prendre. On assiste à une lente dérive morale, un drame psychologique doublé d’un polar, où la critique sociale n’est qu’un décor, et l’émancipation, une illusion de liberté. 

Le récit s’ouvre sur ce que beaucoup qualifieraient de famille modèle. Adam, le père, est pasteur, incarnation de la droiture et du compromis moral. Sa fille Stella, adolescente rebelle, revendique une liberté de penser et d’agir. Une agression survient, un crime est commis, et l’équilibre éclate. Le film se divise alors en trois segments, chacun raconté du point de vue d’un membre de la famille. Le procédé est classique mais efficace, et il structure bien la progression dramatique. Sauf que, très vite, la rébellion affichée par les personnages se heurte à des choix incohérents, voire absurdes. Les actions posées contredisent les convictions, les discours deviennent creux, et l'idéalisme n’est qu’un vernis. 

Ce n’est pas que l’histoire manque d’intérêt — au contraire. Le dilemme moral est là, puissant, tenace : jusqu’où peut-on aller pour protéger un proche ? Que reste-t-il de nos principes quand la vérité devient une menace ? Mais au lieu de creuser ce terrain, le film s’attarde sur une spirale de décisions discutables qui brouillent la lecture. La critique du système judiciaire, du patriarcat ou des normes sociales semble réduite à un fond de décor scandinave. 

Marcimain, pourtant auteur d’œuvres politiques plus acérées (Call Girl, Gentlemen), semble ici bridé ou trop soucieux de cocher les cases d’un cahier des charges Netflix. L’esthétique est propre, la réalisation soignée, la photographie hivernale installe un climat de tension froide très nordique, mais il manque une chair, un nerf, une audace. Tout semble au bord du malaise sans jamais vraiment y plonger. 

Les personnages, eux, oscillent entre stéréotypes et caricatures : le père rongé par le mensonge, la mère silencieuse qui doute, la fille entre provocation et mutisme. Aucun ne s’émancipe totalement des archétypes. On devine ce que le film veut dénoncer, mais les contradictions internes de chacun finissent par décrédibiliser le propos. Difficile de croire à la sincérité d’un discours quand les actes disent le contraire. 

Et pourtant… malgré ces défauts structurels, malgré un scénario un peu bancal et des rebondissements attendus, le film parvient à captiver. Peut-être est-ce la montée progressive de la tension, ou cette façon assez subtile de suggérer qu’aucune vie n’est vraiment "honnête" une fois que les apparences tombent. Il y a une forme de lucidité amère dans le dénouement, où l’émancipation rêvée cède la place à une résignation élégante. 

Une Vie honnête, c’est donc le miroir d’une époque : on veut s’affranchir, on crie à l’authenticité, mais on reste prisonnier d’un cadre, d’un système ou d’une image. Un film frustrant par endroits, contradictoire, imparfait, mais pas inintéressant. Il nous laisse avec une question plus qu’avec une réponse : peut-on vraiment mener une vie honnête dans un monde fondé sur le mensonge et les compromis ? 

une production Netflix assez typique : engageante mais frustrée, intelligente mais déséquilibrée. Elle se regarde sans ennui, mais elle aurait pu — et dû — aller bien plus loin. 

NOTE : 7.90

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire