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mercredi 4 décembre 2024

13.10 - MON AVIS SUR LE FILM TENUE DE SOIREE DE BERTRAND BLIER (1986)


 Vu le film Tenue de Soirée de Bertrand Blier (1986) avec Gérard Depardieu Patrick Dewaere Miou Miou Jean Pierre Marielle Michel Creton Bruno Cremer Jean François Stevenin Mylène Demongeot Jean Yves Bertheloot Caroline Sihol Michel Such

Antoine et Monique survivent difficilement, petitement, jusqu'au jour où le tonitruant Bob surgit dans leur vie et les entraîne à sa suite dans une série de cambriolages rocambolesques et fructueux. Monique s'épanouit dans le luxe tandis qu'Antoine s'inquiète. Que veut Bob ? Antoine sent que Monique lui échappe, mais comprend bientôt que c'est à lui que Bob s'intéresse. Monique le pousse à accepter ses avances. Antoine renâcle, consent et y trouve son compte.

Sorti en 1986, Tenue de Soirée est un film qui incarne l’audace corrosive de Bertrand Blier, un réalisateur habitué à déjouer les attentes et à secouer les consciences. Ce long-métrage, où la satire côtoie la subversion, met en scène un trio improbable – Gérard Depardieu, Miou-Miou et Michel Blanc – dans une spirale faite d’amour, de violence, et de transgressions morales. C’est un film qui dérange autant qu’il fascine, et qui, dans le contexte actuel, pourrait difficilement voir le jour sans provoquer un tollé.

L’histoire, centrée sur Antoine (Michel Blanc) et Monique (Miou-Miou), un couple de paumés, prend une tournure déjantée lorsqu’ils croisent la route de Bob (Gérard Depardieu), un voyou aussi charismatique qu’ambigu. Ce dernier, séduit par Antoine, embarque le duo dans une odyssée de cambriolages, de violences et de désirs troubles. Ce triangle amoureux explosif joue avec les genres, les sexualités et les tabous, flirtant sans cesse entre la dénonciation sociale et le voyeurisme provocateur.

Blier utilise cet univers chaotique pour bousculer les conventions. La violence omniprésente – physique, psychologique, et parfois verbale – choque, mais elle sert un propos : exposer la misère humaine et la folie des rapports de pouvoir et de désir. Les dialogues, souvent crus, oscillent entre la poésie brute et le cynisme grinçant. Ils capturent un malaise qui met autant le spectateur que les personnages face à leurs contradictions.

Le film aborde des sujets explosifs : homophobie, misogynie, mais aussi la brutalité des relations interpersonnelles et les inégalités sociales. À chaque scène, Blier semble poser une question : jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour atteindre ce que nous désirons, que ce soit l’amour, la liberté ou le pouvoir ? La réponse est rarement confortable.

Le trio principal livre des performances magistrales. Gérard Depardieu, dans un rôle de macho dominateur et vulnérable, est magnétique. Michel Blanc, avec son air maladroit et son désespoir latent, incarne parfaitement le petit homme broyé par des forces qui le dépassent. Miou-Miou, quant à elle, illumine l’écran par sa présence ambivalente, à la fois victime et actrice de ce chaos. Autour d’eux, les seconds rôles – notamment Jean-Pierre Marielle – ajoutent à cette fresque baroque une profondeur et une intensité supplémentaires.

Tenue de Soirée n’est pas un film pour les âmes sensibles. Sa noirceur, son humour acide, et sa manière de pousser le spectateur à regarder là où il ne le voudrait pas en font une expérience troublante. C’est une œuvre qui divise, mais c’est aussi là toute sa force : elle refuse le confort et invite à réfléchir sur nos propres tabous.

À la fois brut et lyrique, violent et tendre, ce film est une démonstration du talent de Blier pour manier l’excès et en faire une forme d’art. Si le cinéma doit parfois être un choc, alors Tenue de Soirée est une décharge électrique. Un film qui marque, bouscule et reste longtemps en tête.

NOTE : 13.10

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12.10 - MON AVIS SUR LE FILM LE SILENCIEUX DE CLAUDE PINOTEAU (1973)


 Vu le film Le Silencieux de Claude Pinoteau (1973) avec Lino Ventura Léa Massari Leo Genn Robert Hardy Suzanne Flon Robert Party Roger Crouzet André Falcon Pierre Collet Michel Fortin

Le physicien français Clément Tibère travaille pour le compte des Soviétiques depuis son enlèvement, il y a vingt ans. Alors que tout le monde le croit mort, les services secrets britanniques le kidnappent, l'obligeant à dévoiler les noms de deux espions russes s'il souhaite retrouver sa liberté. Mais une fois les informations divulguées, il devra fuir la vengeance du KGB, qui compte bien lui faire payer cette dénonciation.

Sorti en 1973, Le Silencieux marque une incursion de Claude Pinoteau dans l’univers de l’espionnage, bien loin des effervescences adolescentes de La Boum ou des tourments familiaux de La Gifle. Ici, la caméra du réalisateur épouse les méandres d’un thriller psychologique où l'action cède souvent la place à une tension sourde et oppressante.

Lino Ventura, magistral comme à son habitude, porte le film sur ses épaules solides. Il incarne Clément Tibère, un scientifique contraint de jouer un jeu d'espionnage dont il est autant la victime que l'instrument. Ce personnage, coincé dans un véritable piège kafkaïen, est pris entre plusieurs forces qui ne lui laissent aucun répit : d'un côté, les agents soviétiques, de l'autre, les Français qui le surveillent tout en l'utilisant. Ce n'est pas tant un film d’action, mais une plongée dans l'angoisse d'un homme traqué, toujours en fuite, non pas à coups de poing mais à coups de regards lourds de conséquences et de décisions déchirantes.

Pinoteau, bien qu'il ne révolutionne pas le genre, parvient à instaurer une ambiance oppressante grâce à une mise en scène sobre mais efficace. Il joue habilement avec les silences, les non-dits, et des plans resserrés qui traduisent l’étau psychologique se refermant sur Tibère. Le spectateur, lui aussi, ressent cette asphyxie, immergé dans un récit où chaque choix semble condamné d’avance.

Si Le Silencieux ne prétend pas rivaliser avec les grands classiques du cinéma d’espionnage, il s’impose comme un film honnête et tendu. On peut certes regretter une intrigue parfois un peu trop linéaire et prévisible, mais le magnétisme de Ventura compense largement ces faiblesses. Son jeu, empreint d’une dignité stoïque, capte toute la gravité de l’enjeu : un homme seul contre tous, non pas par bravoure mais par nécessité.

NOTE : 12.10

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mardi 3 décembre 2024

11.30 - MON AVIS SUR LE FILM LE DISTRAIT DE PIERRE RICHARD (1970)


 Vu le film Le Distrait de Pierre Richard (1970) avec Pierre Richard Bernard Blier Maria Pacôme Marie-Christine Barrault Catherine Samie Micheline Luccianni Tsilla Chelton François Maistre Robert Dalban

Glycia Malaquet convainc son amant, Alexandre Guiton, directeur d'une agence de publicité, d'engager son fils Pierre, garçon charmant et imaginatif mais affligé d'une distraction de tous les instants. Ce dernier se signale très vite en proposant des idées plus saugrenues les unes que les autres et en semant la panique autour de lui. La confrontation de Pierre avec M. Klerdenne, autre personnage affublé d'une incroyable distraction, conduit à deux scènes comiques d'anthologie.

 

 Le Distrait, premier film réalisé par Pierre Richard en 1970, marque les débuts de son personnage emblématique : un rêveur maladroit, lunaire et irrésistiblement attachant. Le film pose les bases d’un style qui fera son succès, celui d’un comique physique mêlé à une douce naïveté. Ici, Pierre Richard incarne Pierre Malaquet, un publicitaire distrait à l’extrême, embarqué dans des situations absurdes dues à sa déconnexion totale avec la réalité.

L’histoire s’articule autour de Malaquet, recruté par une agence de publicité grâce à l’intervention de sa mère excentrique (jouée avec délice par Maria Pacôme). Cette dernière, dans une scène mémorable, séduit le patron avec des « gazous gazous » irrésistibles, offrant une satire piquante des rapports de pouvoir mêlant charme et absurdité. Malaquet, lui, se distingue par ses idées publicitaires décalées et son incapacité à respecter les codes sociaux, provoquant un enchaînement de quiproquos hilarants.

Si certaines situations ont pris un coup de vieux, notamment dans leur mise en scène ou leur rythme, l’humour de Pierre Richard reste intemporel. Sa gestuelle unique, sa manière de glisser du génie à la catastrophe en une fraction de seconde, et son visage expressif font encore mouche. On se surprend à rire de ses maladresses, de ses déambulations imprévisibles, et de son monde intérieur si éloigné de la froide efficacité attendue dans son métier.

Le film se distingue également par sa critique, légère mais mordante, du milieu publicitaire. Pierre Malaquet est un ovni dans cet univers pragmatique et cynique. Ses idées absurdes, comme une publicité pour un insecticide où le slogan est chanté par des mouches, révèlent l'absurdité de la logique marchande. En filigrane, Le Distrait questionne la normalisation des comportements dans une société qui valorise l’efficacité au détriment de la fantaisie.

Maria Pacôme est exceptionnelle en mère surprotectrice et exubérante, véritable moteur comique de plusieurs scènes. Son alchimie avec Pierre Richard est palpable et ajoute une dimension tendre à ce personnage fantasque. Bernard Blier, en patron dépassé par les extravagances de son nouvel employé, complète un casting qui fonctionne à merveille.

Bien que certaines blagues aient vieilli et que le rythme souffre parfois de longueurs, Le Distrait conserve son charme. Il reste une introduction idéale à l’univers de Pierre Richard, un monde où la maladresse devient une poésie et où l’humour naît du décalage. Cinquante ans après, on se laisse encore séduire par cette comédie tendre et loufoque, reflet d'une époque et d'un talent en devenir.

NOTE / 11.30

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Acteurs non crédités

12.30 - MON AVIS SUR LE FILM FOOTLOOSE DE HERBERT ROSS (1984)

 


Vu le film Footloose de Herbert Ross (1984) avec Kevin Bacon Lori Singer Chris Penn John Lightow Sarah Jessica Parker Dianne Wiest John Laughlin Jim Youngs Elizabeth Gorcey Linda MacEwen Lynn Marta

 La petite ville de Bomont est sous le joug d'une loi dure. La danse, et les musiques qui mènent au mal sont proscrites, depuis l'accident de voiture qui a emporté le fils du révérend Shaw Moore. C'est dans ce contexte que Ren McCormick, jeune homme de Chicago et danseur, débarque un jour. Essayant d'abord d'ignorer la loi, il va finalement décider de la combattre, avec ses amis Willard et Ariel, en essayant de prouver au révérend que la danse ne mène pas nécessairement à la dépravation.

Footloose de Herbert Ross est une plongée fascinante dans l’Amérique puritaine des années 80, où la danse est diabolisée et la jeunesse bâillonnée par une morale austère, incarnée par le pasteur Shaw Moore (John Lithgow). Le film plante son décor dans une petite ville fictive, Bomont, véritable caricature de la Bible Belt, où l’arrivée de Ren McCormack (Kevin Bacon), ado rebelle venu de Chicago, fait l’effet d’un électrochoc. L’intrigue, aussi simple qu’efficace, repose sur un affrontement générationnel entre la jeunesse assoiffée de liberté et une communauté corsetée par ses interdits.

Kevin Bacon, alors inconnu, illumine l’écran par sa présence magnétique. Ses déhanchés, combinés à un charisme juvénile, en font l’âme du film. Sa célèbre scène de danse solitaire dans une usine abandonnée est une déclaration de rage adolescente et une démonstration athlétique qui reste culte. Difficile de résister à ce mélange de révolte et de sensualité, bien qu’on puisse sourire à la naïveté de certains moments aujourd’hui.

Le film, cependant, ne brille pas autant par sa mise en scène ou son scénario parfois caricatural. Les seconds rôles sont plus anecdotiques qu’attachants, malgré les efforts de Chris Penn (le frère moins connu de Sean), qui apprend à danser dans une scène aussi drôle que maladroite. Quant à Lori Singer, qui incarne Ariel, la fille du pasteur, elle est surtout là pour mettre en valeur les tensions entre Ren et son père autoritaire.

Ce qui sauve véritablement Footloose, c’est sa bande-son. La chanson titre de Kenny Loggins est un hymne fédérateur, aussi entraînant qu’inoubliable. Elle résume à elle seule l’esprit du film : libérateur, naïf, mais terriblement efficace. D’autres titres, comme Let’s Hear It for the Boy de Deniece Williams, amplifient cette ambiance festive et rebelle.

Si le film s’aventure parfois dans le cliché – l’opposition ville/campagne, modernité/tradition, liberté/restriction –, il le fait avec une sincérité désarmante. Herbert Ross ne signe pas ici une œuvre révolutionnaire, mais un divertissement qui capte l’air du temps et célèbre la danse comme un acte de rébellion douce. Et si le fond idéologique peut paraître caricatural, voire rétrograde, il reste fascinant à analyser comme reflet d’une Amérique tiraillée entre ses valeurs conservatrices et son désir de modernité.

En résumé, Footloose vaut surtout pour le charme électrique de Kevin Bacon, les pas de danse maladroits de Chris Penn et la puissance de sa bande originale. Pas un chef-d'œuvre, mais une capsule temporelle délicieusement kitsch et inoubliable pour ses fans.

NOTE : 12.30

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lundi 2 décembre 2024

14.20 - MON AVIS SUR LE FILM PLUS DURE SERA LA CHUTE DE MARK ROBSON (1956)

 


Vu le film Plus Dure sera la Chute de Mark Robson (1956) avec Humphrey Bogart Rod Steiger Mike Lane Jan Sterling Max Baer Herbie Faye Edward Andrews Nehemiah Persof Felice Orlandi Jack Albertson

Eddie Willis, journaliste sportif au chômage, accepte l'offre de Benko, un manager de boxe corrompu, pour monter une combine qui les rendra riches. Ils profitent de la naïveté de Toro Moreno, un boxeur lourd et pataud, pour abuser du public auquel ils le présentent comme une force de la nature. Match après match, Toro écrase ses adversaires et gagne la sympathie du public qui, comme lui, ignore que chaque rencontre est truquée. Après avoir accepté toutes les compromissions, Eddie finira par écrire un article sur le racket dans le milieu de la boxe.

Avec Plus Dure sera la Chute, Mark Robson livre un film noir puissant et cynique qui transcende le simple drame sportif pour devenir une réflexion amère sur les rouages de la corruption et de la manipulation dans le monde de la boxe, mais aussi dans celui du journalisme. Sorti en 1956, ce polar crépusculaire s’interroge sur les limites morales et éthiques d’un système où l’ambition et l’argent priment sur toute autre considération. Un thème d’autant plus percutant qu’il demeure tristement pertinent dans le contexte actuel, où les médias et les institutions sont souvent mis en cause pour leur manque de transparence et d’intégrité.

L’intrigue suit Eddie Willis (Humphrey Bogart, dans son dernier rôle), un journaliste sportif désabusé recruté pour promouvoir un boxeur naïf et sans talent, Toro Moreno, comme un futur champion. En réalité, tout est truqué : Toro est destiné à perdre face à des adversaires corrompus pour enrichir les promoteurs véreux. Mark Robson dépeint ce monde avec une froideur clinique, transformant la boxe, habituellement glorifiée pour sa noblesse et son héroïsme, en un théâtre sordide de mensonges et de trahisons. L’arène devient une métaphore de la société elle-même, où les puissants exploitent les faibles sans scrupule.

Humphrey Bogart livre une performance magistrale, incarnant à la perfection un homme pris au piège de ses propres compromis. Eddie Willis est un personnage complexe, oscillant entre cynisme et remords, tiraillé entre sa conscience et son besoin de survie. Bogart, marqué par la maladie, confère à son personnage une gravité et une vulnérabilité qui renforcent l’impact émotionnel du film. Le face-à-face entre son désenchantement et l’innocence pathétique de Toro Moreno est particulièrement poignant, révélant l’inhumanité d’un système où les êtres humains ne sont que des marchandises.

Robson excelle dans sa mise en scène, usant d’une photographie en noir et blanc expressive pour accentuer l’atmosphère pesante et sans espoir du récit. Les scènes de boxe, brutales et réalistes, contrastent avec les moments d’introspection d’Eddie, renforçant l’idée d’un monde où tout est façade, où l’illusion règne. Le rythme du film, lent mais inexorable, reflète la descente aux enfers de ses protagonistes, tandis que le scénario, adapté du roman de Budd Schulberg, ne ménage aucune issue morale ou rédemptrice.

L’un des aspects les plus marquants de Plus Dure sera la Chute est son absence totale de complaisance. Il n’y a pas de héros, pas de salut, pas de triomphe de la justice. C’est un film noir dans sa forme la plus pure, où le cynisme n’est pas un effet de style mais une vérité crue sur le monde. Mark Robson ne cherche pas à adoucir son propos, et le spectateur est confronté à une réalité brutale : dans un univers où la quête du profit est la seule règle, il n’y a pas de limite aux compromissions.

Plus Dure sera la Chute est une œuvre puissante et dérangeante, un miroir sombre tendu à une société obsédée par le pouvoir et l’argent. C’est un adieu poignant pour Humphrey Bogart, dont la prestation habite le film d’un désespoir palpable. À la croisée du film noir et du drame social, Mark Robson signe un classique intemporel, aussi pertinent en 2024 qu’il l’était en 1956. Noir, très noir, mais terriblement lucide.

NOTE ; 14.20

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Acteurs non crédités :

17.20 - MON AVIS SUR LE FILM LES AILES DE WILLIAM A.WELLMAN (1927)

 


Vu le film Les Ailes de William A. Wellman (1927) avec Clara Bow Richard Arlen Buddy Rogers Gary Cooper Jobyna Ralston El Brendel Roscoe Karns Gunboat Smith Richard Tucker Arlette Marchall

La Première Guerre mondiale se prépare. David Armstrong et Jack Powell s'engagent dans l'armée en vue de piloter des avions de chasse américains. Ils laissent derrière eux Mary Preston, une jeune fille de la région qui est amoureuse de David mais qui s'est engagée auprès de Jack. Envoyés en France, les deux hommes s'envolent dans l'une des batailles aériennes les plus violentes de la guerre. Alors que Mary attend avec impatience leur retour, l'un d'entre eux paie le prix ultime pour sa bravoure.

Premier Film à avoir reçu l’Oscar du Meilleur Film en 1929 et premier film muet à avoir cette récompense le deuxième sera The Artist

Les Ailes (Wings), réalisé par William A. Wellman, est une œuvre magistrale qui incarne l’audace et la virtuosité du cinéma muet à son apogée. Premier lauréat de l’Oscar du Meilleur Film en 1928, ce long-métrage est bien plus qu’un simple témoignage historique : c’est un chef-d’œuvre qui transcende les époques par son mélange de bravoure technique, d’émotion humaine et de narration visuelle.

L’histoire, portée par des personnages magnifiquement interprétés par Clara Bow, Charles "Buddy" Rogers et Richard Arlen, explore la camaraderie, le sacrifice et l’amour dans un contexte de guerre aérienne. Loin d’être une simple glorification des exploits militaires, le film dévoile aussi la vulnérabilité et les dilemmes moraux des pilotes. La romance, subtilement intégrée, offre une dimension émotionnelle qui enrichit l’ensemble sans alourdir le récit principal. Elle illustre le contraste entre la chaleur humaine et le froid implacable des conflits.

Les scènes aériennes, réalisées avec des moyens révolutionnaires pour l’époque, sont à couper le souffle. Wellman, ancien pilote de chasse de la Première Guerre mondiale, insuffle à ces séquences une authenticité et une intensité qui demeurent impressionnantes près d’un siècle plus tard. Les dogfights (combats aériens) filmés en conditions réelles, avec des caméras montées sur les avions, marquent une prouesse technique jamais vue auparavant. Ces plans immersifs, combinés à des effets spéciaux pionniers, offrent au spectateur une expérience viscérale qui préfigure le langage cinématographique des grands films d’action modernes.

L’un des points forts de Wellman réside dans sa capacité à mêler les genres. Les Ailes n’est pas qu’un film de guerre : c’est aussi un drame humain, une histoire d’amour, et même une exploration psychologique des relations humaines. Ce mélange confère au film une richesse thématique qui reflète le style éclectique du réalisateur, connu pour sa polyvalence et sa capacité à naviguer entre des registres aussi variés que le western (La Ville Abandonnée), le film noir (Le Démon des Eaux Troubles), ou encore le mélodrame.

Les Ailes est bien plus qu’un jalon historique : c’est une œuvre intemporelle, qui montre le pouvoir du cinéma muet dans sa capacité à capturer l’émotion universelle par la seule force des images. William A. Wellman, ici au sommet de son art, démontre pourquoi il est l’un des réalisateurs les plus respectés de l’histoire du cinéma. Ce film demeure un témoignage de la grandeur artistique et technique d’une époque où le septième art n’avait pour limite que l’imagination de ses créateurs.

NOTE  : 17.20

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