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mercredi 4 septembre 2024

13.20 - MON AVIS SUR LE FILM SCENE DE LA VIE CONJUGALE DE INGMAR BERGMAN (1973)

 


Vu  le film   Scène de la Vie Conjugale de Ingmar Bergman (1973) avec Liv Ullmann Bibi Anderson Erland Josephson Jon Malmsjo Gunnel Lindblom Anita Wall Barbro Hiort af Ornäs Wenche Foss

Chronique de la vie d'un couple en six chapitres, s'étendant sur une période de vingt ans. Malgré leurs disputes incessantes, ils semblent voués à vivre ensemble.

  1. Innocence et panique 
  2. L'Art de cacher la poussière sous les meubles 
  3. Paula 
  4. La Vallée des larmes 
  5. Les Analphabètes 
  6. En pleine nuit dans une maison obscure quelque part sur terre 

Scènes de la Vie Conjugale est une œuvre profondément intime, caractéristique du style de Bergman, qui plonge au cœur des relations humaines avec une précision psychologique bouleversante. Pour un premier film du réalisateur, il est certain que c'est une expérience intense. Adapté de la mini-série suédoise en six épisodes, ce film de près de trois heures est un véritable marathon émotionnel, une autopsie du mariage entre Marianne (Liv Ullmann) et Johan (Erland Josephson), qui se trouve au bord de la rupture.

La mise en scène est minimaliste, presque austère. Bergman se concentre sur l'essentiel : les dialogues. Ce n'est pas un film d'action ou de grands gestes dramatiques ; c'est un film de mots et de silences. La caméra, souvent immobile ou avec des mouvements lents, capte chaque nuance des visages des personnages, explorant leurs émotions avec une intensité brute. Tout se joue dans les conversations – d'abord légères, presque banales, puis de plus en plus cruelles et douloureuses – révélant progressivement l'effondrement intérieur de ce couple qui n'a jamais réellement pris le temps de s'interroger sur son amour.

Le couple formé par Marianne et Johan est mis en lumière par leur relation miroir avec Katarina et Peter, dont la crise conjugale agit comme un catalyseur. Ces personnages secondaires amplifient l'angoisse de Marianne et Johan, car ils sont la preuve que l'amour, ou du moins l'apparence d'une relation stable, peut s'effondrer d'un coup. Ce que Bergman montre avec une intensité bouleversante, c'est que ces couples ne se sont jamais véritablement confrontés à eux-mêmes ou à leurs désirs profonds.

Liv Ullmann est absolument magnifique dans le rôle de Marianne. Elle incarne avec une justesse troublante cette femme qui, au début du film, semble si douce et réservée, mais qui révèle peu à peu une force intérieure, une colère, et une souffrance longtemps refoulée. Quant à Erland Josephson, il offre une performance tout aussi complexe, celle d'un homme qui oscille entre l'indifférence, la lâcheté et la peur de la solitude. Leur jeu est magnifiquement équilibré, dans des scènes qui reposent essentiellement sur leur interaction, où chaque mot et chaque silence sont lourds de sens. À cela s'ajoute la prestation de Bibi Andersson, qui malgré un rôle plus réduit, marque également le spectateur par son intensité.

Le film, dans sa forme longue, peut paraître éprouvant. Le format original de mini-série en six épisodes rend peut-être l'œuvre plus accessible, offrant des pauses pour digérer l'intensité émotionnelle. Bergman n'adoucit jamais son propos : c'est un film sur la souffrance et l'illusion de l'amour, où la seule lumière semble être la possibilité de continuer à vivre, même après l'échec d'une relation. La beauté de Scènes de la Vie Conjugale réside dans sa capacité à capturer cette vérité brute : les relations humaines sont complexes, changeantes, et souvent douloureuses.

NOTE : 13.20

FICHE TECHNIQUE


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