Vu le film La Nuit de Varennes de Ettore Scola (1982) avec Marcello Mastroianni Jean Louis Barrault Pierre Malet Jean Claude Brialy Harvey Keitel Jean Louis Trintignant Hanna Schygulla Agnès Nobecourt Michel Piccoli Andréa Ferréol Laura Betti Claude Legros
À Paris, en juin 1791,
l’écrivain libertin Restif de La Bretonne est
le témoin du départ, en pleine nuit et depuis le Palais Royal, d’un mystérieux
carrosse. Intrigué, Restif se lance à sa poursuite en compagnie de Giacomo Casanova.
Il découvre bientôt que ce carrosse tente d’en rejoindre un autre parti plus
tôt et dont les occupants ne sont rien de moins que les membres de la famille
royale…
La Nuit de Varennes (1982) d’Ettore Scola est une
fresque historique où la fuite du roi Louis XVI en juin 1791 devient le
prétexte à une réflexion plus large sur la fin d'un monde et la complexité des
relations humaines. Scola dépeint un moment charnière, celui de l'Ancien Régime
qui vacille, sans jamais tomber dans le didactisme ou la lourdeur. Le roi Louis
XVI (interprété par Michel Piccoli) est en retrait, fuyant sous la menace de la
Révolution. Cependant, ce n’est pas tant sa présence qui compte, mais celle des
occupants d’un carrosse qui voyage sur la même route, chacun avec son propre
bagage émotionnel, symbolique et historique.
Le véritable protagoniste est ce microcosme humain qui
peuple ce carrosse : Casanova, incarné par Marcello Mastroianni, est le plus
emblématique. Ancien séducteur, poudré et vieillissant, il incarne le déclin de
cet Ancien Régime, un monde d'apparence, d'excès et de plaisirs éphémères. Dans
ce contexte, Scola réussit à peindre avec finesse les contradictions de ses
personnages, entre nostalgie et résignation face à un avenir incertain. Les
autres voyageurs, tout aussi fascinants, contribuent à un jeu de miroir entre
les espoirs individuels et les grands bouleversements de l'Histoire.
La route boueuse qu’ils parcourent symbolise la
difficulté de s’échapper du poids de l’Histoire, de ces bouleversements qui,
inéluctablement, rattrapent les protagonistes. Le carrosse devient une
métaphore de l'existence humaine : on y est balloté, souvent sans contrôle,
vers un avenir inconnu. Scola déploie son art de la mise en scène subtile et
élégante. Chaque plan, chaque échange entre les personnages, porte une
résonance à la fois intime et historique, transformant ce périple en une
réflexion poétique sur la chute d’un monde.
Le film est empreint d'une grande beauté visuelle et
narrative. Comme souvent chez Scola, la dimension esthétique est omniprésente,
mais elle est toujours mise au service du propos. Le carrosse, loin de se
transformer en citrouille comme dans les contes de fées, devient ici un
véhicule de la pensée, de la mémoire, et du destin collectif. C’est à la fois
un voyage physique et métaphorique, où la beauté des dialogues et des images
nous rappelle que même dans les moments les plus sombres de l’Histoire, il y a toujours
une humanité à saisir, à comprendre.
NOTE : 14.90
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Ettore Scola
- Scénario : de Sergio Amidei et Ettore Scola
- Conseiller dialoguiste : Simon Mizrahi
- Conseiller historique : Claude Manceron
- Assistants-réalisation : Paola Scola, Francesco Lazotti, Renald Calcagni, Gaspare Di Caro, Philippine Leroy Beaulieu.
- Décors : Dante Ferretti, Pierre Guffroy
- Ensemblier : Pierre Lefait
- Costumes : Gabriella Pescucci
- Photographie : Armando Nannuzzi
- Son : Michel Barlier, Remo Ugolinelli
- Montage : Raimondo Crociani
- Musique : Armando Trovajoli
- Producteurs : Daniel Toscan du Plantier, Lise Fayolle (productrice associée), Giorgio Silvagni (producteur associé)
- Producteur délégué : Renzo Rossellini
- Producteur exécutif : Claudio Mancini
- Direction de production : Charlotte Fraisse, Giorgio Scotton
- Sociétés de production : Gaumont (France), FR3 Cinéma (France), Opera Films Produzione (Italie)
- Société de distribution d'origine : Gaumont Distribution (France)
- Jean-Louis Barrault : Nicolas Edme Restif de La Bretonne
- Marcello Mastroianni : Giacomo Casanova, Chevalier de Seingalt
- Michel Piccoli : Louis XVI
- Éléonore Hirt : la reine Marie-Antoinette
- Hanna Schygulla : la comtesse Sophie de la Borde, belle-fille de Jean-Joseph de Laborde
- Harvey Keitel (VF:Heinz Bennent) : Thomas Paine
- Jean-Claude Brialy : Monsieur Jacob
- Andréa Ferréol : Mme Adélaïde Gagnon
- Michel Vitold : Florange
- Laura Betti : Virginia Capacelli
- Enzo Jannacci : le bateleur italien
- Pierre Malet : Émile Delage, l'étudiant révolutionnaire
- Daniel Gélin : Wendel
- Hugues Quester : Jean-Louis Romeuf
- Dora Doll : Nanette Precy
- Jean-Louis Trintignant : Monsieur Sauce
- Caterina Boratto : Mme Faustine
- Didi Perego : Mme Sauce
- Evelyne Dress : Agnès, la fille de Restif de La Bretonne
- Vernon Dobtcheff : le juge à la saisie
- Aline Messe : Marie-Madeleine, la servante noire de Sophie
- Yves Collignon : Drouet
- Roger Trapp : le forgeron de Meaux
- Agnès Nobecourt : Hubertine, la fille de Mme Faustine
- Patrick Osmond : le commandant de la garde Nationale
- Jacques Peyrac
- Claude Legros
- Maurice Jacquemont
- Ugo Fangareggi
- Annie Belle
- Fausto Di Bella
- Jacques Zanetti
- Antonella Cancellieri
- Robert Nogaret
- Bruno Du Louvat (Bruno Staab) : Gabriel Vallé, un messager
- Noëlle Mesny
- Jeanne Carré
- Jeanne Tatu
- Albert Michel
- Enrico Bergier
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