Vu le film La Femme du Dimanche de Luigi Comencini (1976) avec Jean Louis Trintignant Marcello Mastroianni Jacqueline Bisset Gigi Ballista Omero Antonutti Lina Volonghi Aldo Reggiani Maria Teresa Albani Fortunato Cecillia Pino Caruso Claudio Gora
À Turin, le minable
architecte Garrone, mondain et obsédé sexuel, est assassiné. Le commissaire
Santamaria, originaire de Rome et peu familier avec la capitale du Piémont, est
diligenté sur l'affaire. Il soupçonne d'abord Anna Carla Dosio, riche bourgeoise
qui s'ennuie auprès de son industriel de mari : deux domestiques qu'elle venait
de renvoyer ont en effet livré à la police un brouillon de lettre où elle
semblait souhaiter la mort de Garrone.
La Femme du dimanche
de Luigi Comencini est un film qui frappe par son atmosphère singulière, un
mélange d'érotisme, de satire sociale et de polar. Adapté du roman de Carlo
Fruttero et Franco Lucentini, ce film de 1975 se démarque par ses choix
esthétiques et narratifs audacieux, qui peuvent sembler déroutants, voire
contradictoires.
Le personnage de
l'inspecteur Santamaria, interprété par Marcello Mastroianni, se retrouve
plongé dans un monde bourgeois où les conventions sociales masquent des
réalités beaucoup plus troubles. Mastroianni, d'ordinaire à l'aise dans son
rôle de séducteur ou d'homme charismatique, semble ici décalé, presque
désemparé, face à cet univers mondain où les apparences sont trompeuses. Son
personnage perd pied, immergé dans un monde qu'il ne comprend pas totalement,
ce qui crée un décalage fascinant mais qui peut laisser le spectateur perplexe.
Jean-Louis
Trintignant, dans le rôle du gigolo homosexuel, vêtu de blanc, introduit un
autre niveau de complexité symbolique. Ce choix de costume, un blanc immaculé,
pourrait évoquer une forme de pureté ou d’innocence, mais il contraste avec la
réalité ambiguë de son personnage, accentuant le caractère déroutant du film.
Trintignant, tout en finesse, joue sur cette ambivalence avec une élégance
froide.
Jacqueline Bisset,
avec ses cheveux frisés et son allure sensuelle, incarne cette figure féminine
érotisée, omniprésente dans le film. Tout, en effet, dans La Femme du
dimanche, semble chargé de connotations sexuelles, depuis l'arme du crime
(une statue en forme de sexe en bois) jusqu'aux interactions entre les
personnages. Cette atmosphère érotique omniprésente est sans doute un reflet de
l'époque, les années 70 étant marquées par une libéralisation des mœurs, mais
chez Comencini, cet érotisme est souvent traité de manière ambivalente,
oscillant entre satire et fascination.
La musique d’Ennio
Morricone, bien qu’empreinte de sa signature inimitable, semble étrangement
familière, Il est vrai qu'elle rappelle celle de Sans Mobile Apparent,
un autre thriller italien. Cette réutilisation du même tempo crée une
atmosphère musicale qui pourrait sembler répétitive pour certains spectateurs,
mais elle contribue également à établir une tension latente tout au long du
film.
L’esthétique générale
de La Femme du dimanche est étonnante et déconcertante. Comencini,
habituellement connu pour son approche plus classique, s’aventure ici dans un
territoire où la frontière entre satire et sérieux est floue. Il dépeint une
haute société italienne bourgeoise, riche en apparences trompeuses, où les
pulsions sexuelles sous-jacentes se mêlent à la superficialité des relations
humaines. délibérément déstabilisant qui, malgré ses bizarreries, reste une
œuvre fascinante par sa capacité à capturer l’esprit d’une époque et à jouer
avec les codes du genre.
NOTE : 12.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Luigi Comencini
- Scénario : Carlo Fruttero et Agenore Incrocci, d'après le roman éponyme de Carlo Fruttero et Franco Lucentini, paru en 1972 à Milan, Arnoldo Mondadori editore
- Musique : Ennio Morricone
- Marcello Mastroianni : Commissaire Salvatore Santamaria
- Jacqueline Bisset : Anna Carla Dosio
- Jean-Louis Trintignant : Massimo Campi
- Aldo Reggiani : Lello Riviera
- Lina Volonghi : Ines Tabusso
- Maria Teresa Albani : Virginia Tabusso
- Pino Caruso : Commissaire De Palma
- Claudio Gora : l'architecte Garrone
- Tina Lattanzi : la mère de Massimo
- Omero Antonutti : Benito
- Gigi Ballista : Vollero
- Renato Cecilia : Nicosia
- Franco Nebbia : Bonetto
- Giuseppe Anatrelli : Commissaire
- Antonio Orlando : Salvatore
- Mario Ferrero: Vittorio Dosio
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