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vendredi 13 septembre 2024

11.10 - MON AVIS SUR LE FILM LES OEUFS DE L'AUTRUCHE DE DENYS DE LA PATELLIERE (1957)


Vu le film Les Œufs de l’Autruche de Denys de la Patellière (1957) avec Pierre Fresnay Simone Renant Georges Poujouly Mady Berry Paul Mercey Yoko Tani Guy Bertil André Roussin Marguerite Pierry Jacqueline Doyen François Chaumette

Hippolyte Barjus fait l'autruche en refusant de voir les réalités de sa famille : ses fils (les œufs dont il est question dans le titre) ne se comportent pas comme il faut selon son étroite morale bourgeoise. En effet, l'un est homosexuel et l'autre se fait entretenir ! Forcé d'admettre la situation, il se met en colère. Face à cette réaction, sa femme menace de le quitter. Il finira par accepter ses enfants comme ils sont.

Les Œufs de l’autruche est un film français réalisé par Denys de La Patellière en 1957, basé sur la pièce de théâtre de l’écrivain André Roussin. À première vue, il semble être une comédie bourgeoise sur les déboires d'une famille de la haute société, mais derrière ses airs légers se cache une métaphore sociale plus profonde, qui aborde des thèmes de l'homosexualité, du conformisme, et de l'hypocrisie familiale. Le titre même est évocateur : tout comme l’autruche qui enfouit sa tête dans le sable, le personnage principal, interprété par Pierre Fresnay, refuse de voir les réalités troublantes qui bouleversent l’équilibre de sa famille.

Le père, bourru et autoritaire, est un homme d'affaires bien établi, incarnant une masculinité rigide et traditionnelle. Il est confronté à la découverte que l'un de ses fils, Roger (Jean-Claude Poujouly), est homosexuel. Dans un contexte social où l'homophobie est omniprésente, la réaction du père est plus qu'excessive : il est outré et refuse catégoriquement d'accepter ce qu’il perçoit comme une honte. Les dialogues regorgent de propos homophobes, marquant clairement les préjugés de l’époque. Le personnage du père incarne ici une société qui préfère ne pas voir ce qui la dérange, tout comme il fait l’autruche face à la vérité sur ses enfants.

Le film ne cache pas ses clichés, surtout en ce qui concerne la représentation des homosexuels et du milieu de la couture, où les stéréotypes flamboyants abondent. L'un des fils est gigolo, et la connotation des "milieux de la mode" est largement exploitée pour suggérer l'homosexualité, ce qui est typique des productions des années 1950. Cette vision caricaturale de la communauté LGBTQ+ peut aujourd'hui paraître datée, voire offensante, mais elle est révélatrice des mentalités d’une époque où ces thèmes étaient rarement traités de manière subtile ou nuancée.

Cependant, derrière l’humour et les situations loufoques, on discerne un portrait social acide. Le refus du père de voir la réalité (les "œufs" de l'autruche, soit ses enfants) est une critique d'une société qui, en 1957, peine à accepter la diversité des identités. Le film montre une dynamique familiale brisée par le conformisme et l’intolérance. La souffrance des fils est palpable, bien que voilée par le ton léger de la comédie.

Bien que Les Œufs de l’autruche puisse sembler anachronique aux yeux des spectateurs contemporains, il témoigne d’une époque où l’homosexualité n'était pas simplement un tabou, mais un sujet de moquerie et de rejet. Le traitement de cette question dans le film, bien que simpliste et stéréotypé, offre un aperçu de la lutte pour la reconnaissance des identités sexuelles non conformes dans le cinéma d’après-guerre.

Aujourd’hui, le film aurait du mal à passer sans critiques : les dialogues homophobes et la manière dont sont représentées les orientations sexuelles des personnages seraient jugés intolérables dans notre société actuelle, où ces thèmes sont abordés avec beaucoup plus de sensibilité. Néanmoins, Les Œufs de l’autruche reste un témoignage des tensions sociales de son époque, et l’un des rares films à évoquer, même maladroitement, l'homosexualité dans une comédie populaire.

NOTE : 11.10

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