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jeudi 12 septembre 2024

13.20 - MON AVIS SUR LE FILM JUDEX DE GEORGES FRANJU (1963)

 


Vu le film Judex de Georges Franju (1963) avec Channing Pollock Edith Scob Jacques Jouanneau Michel Vitold Francine Bergé Philippe Mareuil Théo Sarapo Sylva Koscina Roger Fradet René Génin Jean Degrave Bernard Charlan Max Montavon Pierre Vernet

Favraux, un banquier véreux, reçoit un mystérieux message signé Judex lui enjoignant de distribuer ses biens aux pauvres. Il se garde bien d'obéir et commet un nouveau méfait.

Mais le jour des fiançailles de sa fille, Jacqueline, à l'heure dite, le justicier Judex met à exécution ses menaces...

 

"Judex" (1963) de Georges Franju est un film profondément enraciné dans le cinéma de genre et un hommage direct au maître du serial muet, Louis Feuillade, notamment à travers son personnage emblématique de justicier masqué. Franju, connu pour son style visuel riche et son goût pour l'étrange, recrée ici l'atmosphère des feuilletons populaires du début du XXe siècle, en y ajoutant sa propre touche singulière et poétique.

Le film raconte l’histoire de Judex, un mystérieux justicier masqué qui se lance dans une campagne de vengeance contre un banquier corrompu, Favraux. Il orchestre des enlèvements et des machinations complexes tout en se révélant peu à peu un héros ambigu, à la fois sombre et empreint de justice. Ce personnage rappelle inévitablement les héros populaires du cinéma muet, tels que Fantômas ou Les Vampires, mais aussi les super-héros modernes à la Zorro ou Batman, figures emblématiques du bien luttant contre le mal sous couvert d’une identité secrète.

Le film, tout comme les serials de Feuillade, mélange le mystère et la mystique, cultivant une ambiance à la fois fantastique et énigmatique. Franju joue avec les archétypes du genre pour en tirer un spectacle à la fois nostalgique et captivant. Le cadre est baigné dans une noirceur propice aux intrigues secrètes et aux rebondissements dramatiques. Les coups de théâtre abondent : fausses morts, trahisons, révélations surprenantes. Chaque scène semble emprunter à une logique de rêve ou de cauchemar, où tout peut arriver à tout moment, renforçant le côté ludique et imprévisible du film.

L’ambiance noire et inquiétante du film rappelle les séries des années 60 que l’on regardait en cachette, sous la couverture, par crainte des frissons provoqués par des personnages énigmatiques et des histoires ténébreuses. La noirceur du film de Franju est palpable, tant dans ses décors que dans sa mise en scène. Les séquences sont souvent tournées dans des espaces clos et confinés, accentuant le sentiment de claustrophobie et de mystère. La photographie en noir et blanc ajoute une dimension gothique, presque surnaturelle, à l’ensemble, un élément caractéristique du cinéma de Franju.

Cependant, malgré toute la réussite visuelle et atmosphérique du film, il est vrai que certains aspects techniques peuvent laisser à désirer. Le son, parfois un peu terne, et les cascades, un peu maladroites, semblent dater d’une autre époque, rappelant que ce film est un hommage, et non une réinvention moderne du genre. Pourtant, ces légers défauts techniques ne font qu’ajouter au charme rétro de l’œuvre. L’action est plus symbolique que réaliste, et les imperfections deviennent une part intégrante de l’esthétique du film.

Franju n’est pas tant intéressé par la perfection technique que par la création d’une ambiance. Et en cela, il excelle. Ce film est avant tout une œuvre atmosphérique, où chaque plan est conçu pour évoquer un certain état d’esprit, une certaine émotion. Il y a quelque chose d’onirique, presque hypnotique, dans sa mise en scène. Le film dégage une poésie sombre, parfois absurde, à la manière des rêves étranges qui nous laissent des impressions fugaces et mystérieuses.

L'interprétation de Channing Pollock dans le rôle de Judex contribue à cette aura de mystère. Silencieux, impassible, il incarne le justicier masqué avec une présence presque fantomatique, ajoutant une couche de distance et de froideur à ce héros énigmatique. À ses côtés, Francine Bergé est captivante dans le rôle de la méchante Diana Monti, offrant un contrepoint flamboyant à la retenue de Pollock. Elle apporte une intensité dramatique et une touche de perversité qui enrichit l’intrigue.

 NOTE : 13.20

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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