Vu le film Judex de Georges Franju (1963) avec Channing Pollock Edith Scob Jacques Jouanneau Michel Vitold Francine Bergé Philippe Mareuil Théo Sarapo Sylva Koscina Roger Fradet René Génin Jean Degrave Bernard Charlan Max Montavon Pierre Vernet
Favraux, un banquier véreux, reçoit un mystérieux message
signé Judex lui
enjoignant de distribuer ses biens aux pauvres. Il se garde bien d'obéir et
commet un nouveau méfait.
Mais le jour des fiançailles de sa fille, Jacqueline, à
l'heure dite, le justicier Judex met à exécution ses menaces...
"Judex" (1963) de Georges Franju est un film
profondément enraciné dans le cinéma de genre et un hommage direct au maître du
serial muet, Louis Feuillade, notamment à travers son personnage emblématique
de justicier masqué. Franju, connu pour son style visuel riche et son goût pour
l'étrange, recrée ici l'atmosphère des feuilletons populaires du début du XXe
siècle, en y ajoutant sa propre touche singulière et poétique.
Le film raconte l’histoire de Judex, un mystérieux
justicier masqué qui se lance dans une campagne de vengeance contre un banquier
corrompu, Favraux. Il orchestre des enlèvements et des machinations complexes
tout en se révélant peu à peu un héros ambigu, à la fois sombre et empreint de
justice. Ce personnage rappelle inévitablement les héros populaires du cinéma
muet, tels que Fantômas ou Les Vampires, mais aussi les super-héros modernes à
la Zorro ou Batman, figures emblématiques du bien luttant contre le mal sous
couvert d’une identité secrète.
Le film, tout comme les serials de Feuillade, mélange le
mystère et la mystique, cultivant une ambiance à la fois fantastique et
énigmatique. Franju joue avec les archétypes du genre pour en tirer un
spectacle à la fois nostalgique et captivant. Le cadre est baigné dans une
noirceur propice aux intrigues secrètes et aux rebondissements dramatiques. Les
coups de théâtre abondent : fausses morts, trahisons, révélations surprenantes.
Chaque scène semble emprunter à une logique de rêve ou de cauchemar, où tout peut
arriver à tout moment, renforçant le côté ludique et imprévisible du film.
L’ambiance noire et inquiétante du film rappelle les
séries des années 60 que l’on regardait en cachette, sous la couverture, par
crainte des frissons provoqués par des personnages énigmatiques et des
histoires ténébreuses. La noirceur du film de Franju est palpable, tant dans
ses décors que dans sa mise en scène. Les séquences sont souvent tournées dans
des espaces clos et confinés, accentuant le sentiment de claustrophobie et de
mystère. La photographie en noir et blanc ajoute une dimension gothique, presque
surnaturelle, à l’ensemble, un élément caractéristique du cinéma de Franju.
Cependant, malgré toute la réussite visuelle et
atmosphérique du film, il est vrai que certains aspects techniques peuvent
laisser à désirer. Le son, parfois un peu terne, et les cascades, un peu
maladroites, semblent dater d’une autre époque, rappelant que ce film est un
hommage, et non une réinvention moderne du genre. Pourtant, ces légers défauts
techniques ne font qu’ajouter au charme rétro de l’œuvre. L’action est plus
symbolique que réaliste, et les imperfections deviennent une part intégrante de
l’esthétique du film.
Franju n’est pas tant intéressé par la perfection
technique que par la création d’une ambiance. Et en cela, il excelle. Ce film
est avant tout une œuvre atmosphérique, où chaque plan est conçu pour évoquer
un certain état d’esprit, une certaine émotion. Il y a quelque chose
d’onirique, presque hypnotique, dans sa mise en scène. Le film dégage une
poésie sombre, parfois absurde, à la manière des rêves étranges qui nous
laissent des impressions fugaces et mystérieuses.
L'interprétation de Channing Pollock dans le rôle de
Judex contribue à cette aura de mystère. Silencieux, impassible, il incarne le
justicier masqué avec une présence presque fantomatique, ajoutant une couche de
distance et de froideur à ce héros énigmatique. À ses côtés, Francine Bergé est
captivante dans le rôle de la méchante Diana Monti, offrant un contrepoint
flamboyant à la retenue de Pollock. Elle apporte une intensité dramatique et
une touche de perversité qui enrichit l’intrigue.
- Réalisateur : Georges Franju
- Scénario et dialogues : Jacques Champreux et Francis Lacassin, d'après un scénario d'Arthur Bernède et Louis Feuillade
- Musique composée et dirigée par : Maurice Jarre
- Directeur de la photographie : Marcel Fradetal
- Photographe de plateau : Pierre Zucca
- Décors : Robert Giordani
- Assistant Mise en Scène : Michel Worms et Bjorn Johansen
- Script : Suzanne Bon
- Cadreurs : Philippe Brun et Roger Delpuech
- Costumes dessinés par : Christiane Courcelles
- Ingénieur du son : Jean Labussière
- Montage : Gilbert Natot
- Producteur : Robert de Nesle
- Directeur de Production : Jean Maumy
- Sociétés de production : Comptoir Français du Film (Paris) - Filmes Cinematografica (Rome)
- Société de distribution : Comptoir Français du Film
- Channing Pollock (en) : Judex / Vallières, le secrétaire de Favraux
- Michel Vitold : Favraux, le banquier
- Édith Scob : Jacqueline Favraux
- Jacques Jouanneau : Cocantin, le détective privé
- Francine Bergé : Diana Monti / Marie Verdier, l'institutrice d'Alice
- Philippe Mareuil : le vicomte Amaury de La Rochefontaine, le fiancé de Jacqueline
- Théo Sarapo : Morales
- Sylva Koscina : Daisy
- René Génin : Pierre Kerjean
- Roger Fradet : Léon
- Benjamin Boda : Réglisse
- Jean Degrave : le notaire
- Ketty France : Jeanne-Marie Bontemps
- André Méliès : le médecin
- Luigi Cortese : Pierrot
- Jean-Jacques Rémy : un complice de Judex
- André Tomasi : un pêcheur de Loisy
- Bernard Charlan : un pêcheur de Loisy
- Max Montavon : le valet de Cocantin
- Marc Duchamp
- Édouard Francomme : le paysan qui parle avec Kerjean
- Pierre Vernet
- Suzanne Gossen : la propriétaire
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire