Pages

samedi 7 septembre 2024

14.20 - MON AVIS SUR LE FILM LA LOI DE JULES DASSIN ( 1959)

 


Vu le film La Loi de Jules Dassin (1959) avec Gina Lollobrigida Pierre Brasseur Yves Montand Marcello Mastroianni Raf Mattioli Melina Mercouri Joe Dassin Vittorio Capprioli Lydia Alfonsi Gianrico Tedeschi Nino Vingelli Luisa Rivelli Anna Maria Bottini Teddy Blis Paolo Stopa

Dans le village italien de Porto Manacorea, la loi est un jeu traditionnel qui se joue dans les tavernes et qui veut que le vainqueur dicte ses règles durant toute une partie. La loi, c'est aussi celle de la société avec ses dominants et ses dominés. Le pouvoir est réparti de manière subtile entre Matteo Brigante (Yves Montand), un caïd, Don César (Pierre Brasseur), seigneur ruiné mais respecté de tous, le juge et aussi certaines femmes. L'une des servantes de Don César est Mariette (Gina Lollobrigida), une jeune femme convoitée par tous les hommes du village. Un jour, débarque Enrico (Marcello Mastroianni), un jeune agronome. Mariette est séduite et veut le séduire. Mais Mariette qui veut aussi de l'argent, va commettre un vol qui va avoir d'imprévisibles conséquences.

La Loi de Jules Dassin est un film fascinant qui plonge dans l'atmosphère étouffante d'un petit village italien, où les règles sociales sont dictées par une forme de loi tribale archaïque. Chaque personnage semble emprisonné dans son rôle, dans une société où le pouvoir est exercé par le plus fort, et où la manipulation et la trahison sont monnaie courante. Le film, tourné en noir et blanc, tire parti de ce contraste visuel pour accentuer l'intensité dramatique des relations entre les protagonistes.

Le personnage de Brasseur, le "parrain" local, représente l'autorité traditionnelle, tandis que celui d'Yves Montand incarne une figure mafieuse plus moderne, bien que tout aussi brutale. Montand joue un homme qui décide du destin des autres sans remords, avec un cynisme glaçant. Gina Lollobrigida, quant à elle, joue la femme rebelle, refusant de se plier aux attentes des hommes autour d'elle. Elle symbolise la résistance face à l'ordre établi, mais son défi la met en danger dans ce monde où les femmes sont souvent considérées comme des objets de désir plutôt que comme des individus à part entière.

L’arrivée du personnage joué par Marcello Mastroianni introduit une autre dynamique : celle de l'étranger qui, bien que séduit par la beauté et le charme de Lollobrigida, est rapidement happé dans les intrigues perverses de la communauté. Il devient malgré lui une pièce dans ce jeu dangereux où personne n’est à l’abri des manœuvres perfides des autres.

Le film joue sur les tensions sexuelles et les luttes de pouvoir qui s’expriment à travers une série de trahisons et de manipulations. Lollobrigida, en tant que femme convoitée, devient l'épicentre de ces tensions, tandis que les hommes autour d'elle cherchent à la posséder ou à la contrôler. Cette lutte pour le pouvoir, qu’il soit érotique ou social, finit par conduire les personnages à leur perte.

Un autre aspect intéressant du film est l'utilisation de l’espace du village, où les scènes publiques se déroulent souvent sur la place centrale. Les villageois, presque comme un chœur antique, commentent l'action principale, observant les événements avec une distance ironique. Cette mise en scène donne un caractère théâtral au film, presque comme si les habitants étaient conscients d’assister à une sorte de spectacle tragique.

Ce film est un reflet saisissant de la manière dont Dassin, en exil, a utilisé le genre du film noir pour explorer les thèmes de l'injustice, de la cruauté et du désir. La Loi nous ramène à une époque où le cinéma abordait les conflits moraux et sociaux de manière viscérale, avec une esthétique qui sublime les aspects sombres de l'humanité.

Malgré sa tonalité sombre et cynique, le film reste d'une beauté formelle incroyable. Le noir et blanc souligne la dualité du bien et du mal, de l'innocence et de la corruption, dans ce monde où la ligne entre les deux est floue. La tragédie qui s'en dégage est celle de personnages incapables de s'échapper du piège qu'ils ont eux-mêmes tissé, enfermés dans un système social qui les dépasse.

NOTE : 14.20

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Jules Dassin

Scénario : Jules Dassin, d'après le roman éponyme de Roger Vailland

Photographie : Otello Martelli

Musique : Roman Vlad

Affiche : Yves Thos

DISTRIBUTION

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire