Vu le film La Loi de Jules Dassin (1959) avec Gina Lollobrigida Pierre Brasseur Yves Montand Marcello Mastroianni Raf Mattioli Melina Mercouri Joe Dassin Vittorio Capprioli Lydia Alfonsi Gianrico Tedeschi Nino Vingelli Luisa Rivelli Anna Maria Bottini Teddy Blis Paolo Stopa
Dans le village
italien de Porto Manacorea, la loi est un jeu traditionnel qui se joue dans les
tavernes et qui veut que le vainqueur dicte ses règles durant toute une partie.
La loi, c'est aussi celle de la société avec ses dominants et ses dominés. Le pouvoir
est réparti de manière subtile entre Matteo Brigante (Yves Montand),
un caïd, Don César (Pierre Brasseur),
seigneur ruiné mais respecté de tous, le juge et aussi certaines femmes. L'une
des servantes de Don César est Mariette (Gina Lollobrigida),
une jeune femme convoitée par tous les hommes du village. Un jour, débarque
Enrico (Marcello
Mastroianni), un jeune agronome. Mariette est
séduite et veut le séduire. Mais Mariette qui veut aussi de l'argent, va
commettre un vol qui va avoir d'imprévisibles conséquences.
La Loi
de Jules Dassin est un film fascinant qui plonge dans l'atmosphère étouffante
d'un petit village italien, où les règles sociales sont dictées par une forme
de loi tribale archaïque. Chaque personnage semble emprisonné dans son rôle,
dans une société où le pouvoir est exercé par le plus fort, et où la
manipulation et la trahison sont monnaie courante. Le film, tourné en noir et
blanc, tire parti de ce contraste visuel pour accentuer l'intensité dramatique
des relations entre les protagonistes.
Le personnage de
Brasseur, le "parrain" local, représente l'autorité traditionnelle,
tandis que celui d'Yves Montand incarne une figure mafieuse plus moderne, bien
que tout aussi brutale. Montand joue un homme qui décide du destin des autres
sans remords, avec un cynisme glaçant. Gina Lollobrigida, quant à elle, joue la
femme rebelle, refusant de se plier aux attentes des hommes autour d'elle. Elle
symbolise la résistance face à l'ordre établi, mais son défi la met en danger
dans ce monde où les femmes sont souvent considérées comme des objets de désir
plutôt que comme des individus à part entière.
L’arrivée du
personnage joué par Marcello Mastroianni introduit une autre dynamique : celle
de l'étranger qui, bien que séduit par la beauté et le charme de Lollobrigida,
est rapidement happé dans les intrigues perverses de la communauté. Il devient
malgré lui une pièce dans ce jeu dangereux où personne n’est à l’abri des
manœuvres perfides des autres.
Le film joue sur les
tensions sexuelles et les luttes de pouvoir qui s’expriment à travers une série
de trahisons et de manipulations. Lollobrigida, en tant que femme convoitée,
devient l'épicentre de ces tensions, tandis que les hommes autour d'elle cherchent
à la posséder ou à la contrôler. Cette lutte pour le pouvoir, qu’il soit
érotique ou social, finit par conduire les personnages à leur perte.
Un autre aspect
intéressant du film est l'utilisation de l’espace du village, où les scènes
publiques se déroulent souvent sur la place centrale. Les villageois, presque
comme un chœur antique, commentent l'action principale, observant les
événements avec une distance ironique. Cette mise en scène donne un caractère
théâtral au film, presque comme si les habitants étaient conscients d’assister
à une sorte de spectacle tragique.
Ce film est un reflet
saisissant de la manière dont Dassin, en exil, a utilisé le genre du film noir
pour explorer les thèmes de l'injustice, de la cruauté et du désir. La Loi
nous ramène à une époque où le cinéma abordait les conflits moraux et sociaux
de manière viscérale, avec une esthétique qui sublime les aspects sombres de
l'humanité.
Malgré sa tonalité
sombre et cynique, le film reste d'une beauté formelle incroyable. Le noir et
blanc souligne la dualité du bien et du mal, de l'innocence et de la
corruption, dans ce monde où la ligne entre les deux est floue. La tragédie qui
s'en dégage est celle de personnages incapables de s'échapper du piège qu'ils
ont eux-mêmes tissé, enfermés dans un système social qui les dépasse.
NOTE : 14.20
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Jules Dassin
Scénario : Jules Dassin, d'après le roman éponyme de Roger Vailland
Photographie : Otello Martelli
Musique : Roman Vlad
Affiche : Yves Thos
DISTRIBUTION
- Gina Lollobrigida : Marietta
- Pierre Brasseur : Don Cesare
- Marcello Mastroianni (V.F : Marc Cassot) : Enrico Tosso, l'Ingénieur
- Melina Mercouri : Donna Lucrezia
- Yves Montand : Matteo Brigante
- Raf Mattioli : Francesco Brigante
- Vittorio Caprioli : Attilio, l'Inspecteur
- Lydia Alfonsi : Giuseppina
- Gianrico Tedeschi : First Loafer
- Nino Vingelli : Pizzaccio
- Bruno Carotenuto : Balbo
- Luisa Rivelli : Elvira
- Anna Maria Bottini : Maria
- Anna Arena : Anna, la femme d'Attilio
- Edda Soligo : Giulia
- Paolo Stoppa : Tonio
- Teddy Bilis
- Joe Dassin (crédité en tant que Joseph Dassin, son vrai prénom)
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