Vu le film l’Affaire Vinca Curie de Dragan Bjelogrlić (2023) avec Dragan Bjelogrlić Alex Manenti Jeremy Laheurte Rasha Bukvic Miki Manojlović Jean Louis Colloc’h Aranud Humbert Lionel Abelanski Olivier Barthelemy
Le 15 octobre 1958, six ingénieurs du Centre de
recherche nucléaire Vinca en Yougoslavie, sont victimes d’un accident de
réacteur. Transportés à Paris, ils sont pris en charge à l'institut Curie par
le jeune médecin-chercheur Georges Mathé,
qui tentera sur quatre d'entre eux la première greffe de moelle entre êtres
humains non apparentés, le 11 novembre 1958. Les quatre ingénieurs seront
sauvés et cette technique révolutionnaire, par la suite appliquée au cancer,
permettra de guérir des milliers de patients3.
L’Affaire Vinca Curie
est un film triplement local, impliquant une collaboration entre la Slovénie,
la Serbie et la Macédoine, ce qui en fait une œuvre profondément ancrée dans
les Balkans, tant par son histoire que par son ambiance. Inspiré d’une histoire
vraie autour des premières découvertes sur la radioactivité, il plonge dans un
sujet captivant, celui de la science, des percées scientifiques et de l’éthique
qui entoure la recherche. Malheureusement, malgré ce potentiel immense, le film
souffre de plusieurs défauts qui empêchent véritablement d’adhérer à son récit.
L’un des problèmes majeurs de L’Affaire Vinca
Curie est son ton excessivement didactique. Plutôt que de nous emporter
dans une aventure humaine où les enjeux scientifiques deviennent
émotionnellement engageants, le film s’embourbe dans une présentation quasi
académique des découvertes sur la radioactivité. Il y a quelque chose de froid
et de distant dans la manière dont l'histoire est racontée, comme si le
réalisateur avait privilégié une approche pédagogique au détriment de la
chaleur humaine et des dilemmes personnels qui auraient pu rendre l'histoire
plus poignante. Chaque scène ressemble à une leçon de physique, où l’on
s’attend presque à voir les équations écrites au tableau noir. Cette rigidité
dans la narration finit par étouffer toute forme d’émotion ou de suspense.
Malgré cela, il faut reconnaître que L’Affaire
Vinca Curie bénéficie d’une solide interprétation de la part de son acteur
principal, Alex Manenti. Son jeu est précis, subtil, et il réussit à apporter
une certaine intensité à un personnage qui, autrement, aurait pu sembler
monotone. Manenti incarne un scientifique déchiré entre son ambition
personnelle et les conséquences morales de ses découvertes. Cependant, même son
talent ne parvient pas à sauver le film de l'ennui généralisé qui s'installe
rapidement. Le rythme est lent, les dialogues sont lourds, et il manque une
réelle dynamique dans les interactions entre les personnages.
La froideur du film est aussi amplifiée par une mise
en scène trop clinique. Les décors, bien que soignés, semblent dépouillés de
toute vie, tout comme les relations entre les personnages, qui manquent
cruellement d’humanité. Le film semble plus intéressé à illustrer des faits
historiques qu’à explorer les complexités des relations humaines et des
dilemmes moraux. Il n’y a pas cette chaleur ou cette intensité dramatique que
l’on pourrait attendre d’un récit aussi potentiellement bouleversant.
De plus, l'absence d'une véritable montée en tension
ou de moments de suspense fait que le spectateur peut rapidement décrocher. Les
enjeux scientifiques, bien qu’intéressants, sont mal intégrés dans la trame
narrative. L’histoire semble avancer sans véritable direction, avec des scènes
qui s’enchaînent de manière mécanique, comme si le film suivait une feuille de
route établie sans chercher à surprendre ou émouvoir.
En termes de direction artistique, le film possède
néanmoins quelques qualités. Les prises de vues, en particulier, sont belles,
et l’on sent une volonté de capter l’atmosphère froide et austère des
laboratoires et des paysages des Balkans. Mais même cette beauté visuelle ne
suffit pas à compenser le manque d’émotion dans le récit.
NOTE : 11.30
FICHE TECHNIQE
- Réalisation : Dragan Bjelogrlić
- Scénario : Dragan Bjelogrlić, Ognjen Svilicic et Vuk Ršumović, basé sur l'œuvre de Goran Milasinovic
- Musique : Aleksandar Randjelovic
- Décors : Jovana Grahovac, Anita Lilic et Jelena Odavic
- Costumes : Marina Vukasovic-Medenica
- Photographie : Ivan Kostic
- Son : Ivan Neskov
- Montage : Milena Predic
- Production : Dragan Bjelogrlić et Dragan Solak
- Production associée : David Atrakchi, Gaël Cabouat, Boris Mendza, Branko Neskov, Nuno Noivo et Pedro Ribeiro
- Production exécutive : Goran Bjelogrlić, Nena Jankovic et Branislav Milatovic
- Production coexécutive : Jadranka Drinic
- Coproducteur : Miroslav Mogorovic, Alex Pavlin, Tomi Salkovski, Andrej Stritof et Djordje Vojvodic
- Production déléguée : Natasa Visic
- Dragan Bjelogrlić : Leka Rankovic
- Miki Manojlović : Pavle Savic
- Alexis Manenti : Georges Mathé
- Rasha Bukvic : Dragoslav Popovic
- Jérémie Laheurte : Schwarzenberg
- Jean-Louis Coulloc'h : Rejmon
- Aranud Humbert : un médecin
- Olivier Barthélémy : Derval
- Lionel Abelanski : Dr Jame
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