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lundi 2 septembre 2024

12.10 - MON AVIS SUR LE FILM VIE PRIVEE DE LOUIS MALLE (1962)


Vu le film (découverte sur Arte) Vie Privée de Louis Malle (1962) avec Brigitte Bardot Marcello Mastroianni Dirk Sanders Jacqueline Doyen Gregor Von Rozzi Gloria France Nicolas Bataille Ursula vian Kluber Gilles Quéant Paul Sorèze

Jill (Brigitte Bardot), jolie jeune femme de la bourgeoisie genevoise, travaille la danse et tombe secrètement amoureuse de Fabio (Marcello Mastroianni), le mari de sa meilleure amie, Carla (Ursula Kubler). Fabio est éditeur, homme de lettres et de théâtre. Pour fuir cet amour impossible, Jill se rend à Paris où de danseuse elle devient top model puis actrice et sex symbol. Harcelée par les paparazzi et le public, adorée puis honnie, elle n'a plus de vie privée. En dépression, elle se réfugie à Genève où elle retrouve Fabio, il tombe amoureux de Jill, ils partagent alors des moments heureux. Fabio monte une pièce au festival de Spolète où elle le rejoint, attirant à nouveau la foule et les journalistes. Traquée, elle ne quitte plus sa chambre. Le soir de la première, elle monte sur le toit du palais pour voir la pièce, un photographe la repère, le flash aveugle Jill qui glisse et tombe du toit. Dans sa chute les traits de son visage apparaissent détendus et presque heureux.

Vie Privée (1962) de Louis Malle est un film emblématique qui traite avec une acuité remarquable du poids de la célébrité et des tourments qu'elle entraîne, un sujet profondément pertinent pour son époque et encore plus pour notre société actuelle. Le film suit le personnage de Jill, incarnée par Brigitte Bardot, une jeune femme qui devient une star malgré elle et découvre rapidement que la gloire peut devenir un piège. Ce récit résonne directement avec l'expérience personnelle de Bardot, elle-même traquée par les paparazzis et constamment exposée aux jugements médiatiques. Il est indéniable que ce rôle a une dimension autobiographique pour Bardot, qui retrouve ici un exutoire à sa propre détresse face à l'envahissement de sa vie privée.

Malle se concentre sur les aspects sombres et désillusionnant de la célébrité, loin du glamour souvent associé au statut de star. Le film révèle l'inconfort psychologique et la solitude ressentie par Jill, harcelée sans répit par les médias et les admirateurs. Le réalisateur explore subtilement les frontières entre l'image publique et l'identité personnelle, mettant en lumière le décalage cruel entre l'image fantasmée et la réalité aliénante de la vie de star. Ce thème universel du conflit entre la perception publique et la vie privée fait de Vie Privée une œuvre plus profonde qu'il n'y paraît à première vue.

Cependant, Vie Privée est avant tout un film qui vaut pour la présence magnétique de Brigitte Bardot. Sa performance y est centrale et essentielle, car elle incarne une vulnérabilité poignante sous ses airs de femme fatale. Sa beauté et son aura sont omniprésentes, mais derrière cette façade se cache une femme brisée par la machine médiatique. La caméra de Malle capture cette dualité avec finesse, exploitant chaque instant de l'actrice pour révéler son isolement émotionnel et sa lutte contre l'exploitation de son image. Bardot ne joue pas seulement Jill ; elle exprime à travers elle ses propres angoisses et frustrations, offrant une performance aussi sincère que bouleversante.

Quant à Marcello Mastroianni, pourtant grande star du cinéma italien, il semble ici relégué au rôle de faire-valoir. Son personnage de Fabio, un homme qui tente de comprendre et d'aider Jill, manque de profondeur et ne parvient jamais vraiment à exister pleinement en dehors de la relation qu'il entretient avec l'héroïne. On aurait pu espérer plus de sa part, mais la mise en scène de Malle semble l'utiliser avant tout comme un miroir pour refléter les failles émotionnelles de Jill. Le film reste donc très centré sur Bardot, et Mastroianni semble sous-utilisé en comparaison.

La comparaison avec le cinéma de Jean-Luc Godard est intéressante, notamment par la manière dont Vie Privée partage certains de ses thèmes avec des films comme Le Mépris (1963), également avec Bardot. Tous deux montrent une critique acerbe de la célébrité et de l'industrie du cinéma, mais alors que Godard adopte un style plus expérimental et théorique, Malle opte pour une approche plus narrative et introspective. Vie Privée est moins formellement audacieux que du Godard, mais il gagne en émotion et en accessibilité.

NOTE : 12.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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