Vu le film Dogville de Lars Von Trier (2003) avec Nicole Kidman James Caan Lauren Bacall Stellan Skarsgård Harriett Anderson Paul Bettany Jean Marc Barr Blair Brown Patricia Clarkson Jeremie Davis Ben Gazzara Philip Baker Gall Željko Ivanek John Hurt Chloée Sevigny Siobhan Fallon Hogan Udo Kier John Hurt
Dogville est un petit bourg américain d'une
vingtaine d'habitants, dont quinze adultes, située dans les montagnes Rocheuses avec comme
voie d'accès une unique route. Le film débute par un prologue dans lequel les
habitants sont présentés comme des gens chaleureux dont les petits défauts sont
faciles à pardonner.
La minuscule bourgade est présentée du point de vue de
Tom (Paul Bettany), un écrivain en herbe
qui tergiverse en essayant de réunir ses
concitoyens à des réunions périodiques. Il est évident que Tom veut succéder à
son père en tant que guide moral et spirituel de la ville.
Dogville (2003) de Lars von Trier est un film qui
déroute et divise, mais qui ne laisse personne indifférent. Situé dans une
petite ville américaine fictive, l’histoire se déroule dans un décor
minimaliste qui s’apparente presque à une pièce de théâtre filmée, avec des
lignes tracées à la craie pour délimiter les maisons et les rues, donnant
l’impression que le film se joue sur une scène nue. Ce choix audacieux de mise
en scène renforce l’idée que l’essentiel de Dogville ne réside pas dans
l’esthétique, mais dans les dynamiques sociales et les tensions humaines qui
animent le récit.
Le film suit Grace (incarnée par Nicole Kidman), une
jeune femme en fuite qui cherche refuge dans la petite communauté isolée de
Dogville. Elle se trouve vite confrontée à l’hypocrisie, l’oppression et la
cruauté des habitants qui, sous couvert de bienveillance, abusent d’elle de
manière progressive et brutale. Ce crescendo d’exploitation culminant dans le
viol et la servitude fait écho à des thématiques sombres et universelles :
l’abus de pouvoir, la soumission et la vengeance.
Ce qui rend Dogville particulièrement troublant,
c’est la façon dont von Trier explore la nature humaine dans toute sa
complexité et sa laideur. Les chapitres du film, qui fragmentent la narration
en neuf parties, apportent une structure quasi-littéraire, presque froide, à un
récit qui devient de plus en plus oppressant. Les spectateurs sont entraînés
dans une spirale où l'injustice devient intolérable, ce qui contribue à un
sentiment de malaise croissant tout au long du film.
Lars von Trier est un cinéaste controversé, connu pour
ses déclarations polémiques et son comportement souvent déroutant. Cependant,
son style provocateur se retrouve pleinement dans Dogville. Il évite les
conventions cinématographiques traditionnelles, se servant de l’absence de
décor comme d’une manière de révéler la brutalité de la situation humaine sans
les distractions du superflu. Cette épuration visuelle rappelle le "Dogme
95", un mouvement dont il est cofondateur, et qui prône un cinéma
dépouillé d’artifices.
Nicole Kidman, dans le rôle principal, livre une
performance magistrale, tout en retenue et en douleur, symbolisant l’innocence
sacrifiée et la femme en quête de justice. Sa présence lumineuse contraste
violemment avec la noirceur des événements qu’elle endure. Le casting
secondaire, notamment Paul Bettany, Stellan Skarsgård et Lauren Bacall, est
tout aussi impressionnant, chaque personnage reflétant un aspect de
l’oppression collective.
Il est difficile de ne pas envisager ce film sous le
prisme des mouvements sociaux actuels, tels que #MeToo. Les abus subis par
Grace, et la complicité passive de la communauté, résonnent avec les récits
d’oppression et de silence forcé qui ont été révélés ces dernières années. Bien
que Dogville ait été réalisé bien avant la montée de ce mouvement, il
met en lumière des dynamiques de pouvoir et de soumission qui restent
tristement d’actualité.
NOTE : 12.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Lars von Trier
- Scénario : Lars von Trier
- Musique : Antonio Vivaldi
- Photographie : Anthony Dod Mantle
- Production : Vibeke Windeløv
- Budget : 10 000 000 $
- Pays de production : Danemark
- Nicole Kidman (V. F. : Danièle Douet) : Grace Margaret Mulligan
- Stellan Skarsgård (V. F. : Jean-Yves Chatelais) : Chuck
- Harriet Andersson (V. F. : Nita Klein) : Gloria
- Lauren Bacall (V. F. : Nathalie Nerval) : Ma Ginger
- Jean-Marc Barr : le monsieur au grand chapeau
- Paul Bettany (V. F. : Dimitri Rataud) : Tom Edison
- Blair Brown : Mme Henson
- James Caan : le grand monsieur, Mr Mulligan
- Patricia Clarkson (V. F. : Fabienne Luchetti) : Vera
- Jeremy Davies (V. F. : Charles Millet) : Bill Henson
- Ben Gazzara (V. F. : Philippe Laudenbach) : Jack McKay
- Philip Baker Hall (V. F. : Dominique Rozan) : Tom Edison père
- Željko Ivanek (V. F. : Jean-Michel Fête) : Ben
- John Hurt (V. F. : François Marthouret) : le narrateur
- Chloë Sevigny (V. F. : Marie Donnio) : Lise
- Siobhan Fallon Hogan : Martha
- Udo Kier : le monsieur au manteau
- Cleo King : Olivia
- Miles Purinton : Jason
- Bill Raymond : M. Henson
- Shauna Shim : June
- Thom Hoffman : un gangster
- John Randolph Jones : un gangster
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