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lundi 21 avril 2025

10.30 - MON AVIS SUR LE FILM I HOSTAGE DE BOBBY BOERMANS (2025)


 Vu le film I Hostages de Bobby Boermans (2025) avec Soufiane Moussouli Marcel Hensema Loes Kaverkort Louis Talpe Emmanuelle Ohene Boafo 

Imaginez : vous êtes tranquillement en train de comparer les nouveaux modèles d’iPhone dans un Apple Store ultra moderne d’Amsterdam, baigné de lumière blanche, tout est calme… jusqu’à ce qu’un homme armé et équipé d’un gilet explosif fasse irruption et bouleverse la scène. C’est là que commence I, Hostage, un thriller nerveux, tendu, et en grande partie basé sur un fait divers réel survenu en 2022. 

Le réalisateur néerlandais Bobby Boermans ne cherche pas à révolutionner le genre, mais à livrer une immersion brute, presque en temps réel, dans une situation de crise. Le film se déroule quasiment à huis clos, entre les murs transparents et épurés du magasin high-tech, où un seul client est pris en otage tandis que les autres employés et visiteurs ont pu fuir ou se réfugier en étage. Dès les premières minutes, l’ambiance est posée : c’est sec, tendu, sans esbroufe. La tension ne fait que grimper. 

Boermans adopte une mise en scène sobre mais efficace : caméra à l’épaule par moments, plans fixes suffocants à d’autres, il alterne les points de vue entre le preneur d’otage, la victime, les policiers en poste dehors et surtout, le médiateur appelé à entrer en contact avec le forcené. Ce dernier personnage, bien que peu développé, devient un fil fragile entre l’explosion imminente et l’éventuelle issue pacifique. 

Ce qui marque, c’est l’approche quasi-documentaire. On sent l’envie du cinéaste de coller au réel, de respecter la mécanique d’un assaut sans le surdramatiser. Cela donne au film une rigueur bienvenue, et surtout, un sentiment d’urgence crédible. Pas d’héroïsme hollywoodien ici, pas de dialogues trop écrits. L’otage est ordinaire, le terroriste aussi – et c’est justement ça qui trouble. 

On pourrait reprocher au film un manque de profondeur psychologique. Le scénario, s’il tient la route, reste assez classique : pas de grande surprise, pas de revirement inattendu. On devine assez tôt les lignes de force et le probable dénouement. De plus, le jeu des acteurs, bien que solide, n’atteint pas les sommets de tension émotionnelle que le sujet pourrait permettre. Ce ne sont pas des comédiens de l’Actor’s Studio, certes, mais ils tiennent leur rôle avec justesse, sans excès. 

Ce qui sauve I, Hostage de l’anonymat, c’est son efficacité formelle et sa sobriété. En 90 minutes, le film nous garde en alerte, nous enferme avec ses protagonistes, et délivre un suspense réaliste, tendu comme un câble. Le choix du lieu – un Apple Store, temple du consumérisme high-tech – n’est pas anodin. Ce contraste entre la froideur aseptisée du décor et la brutalité de la situation renforce l’impact. 

Le film s’inspire d’un événement réel survenu à Amsterdam en février 2022, lorsqu’un homme armé a effectivement pris un otage dans un Apple Store sur la place Leidseplein. Il avait exigé 200 millions d’euros en cryptomonnaie et la diffusion d’un message en direct. L’affaire s’était soldée par une intervention spectaculaire de la police et la mort du preneur d’otage. C’est cet épisode qui a nourri le scénario du film, réécrit avec quelques libertés pour intensifier la dramaturgie. 

I, Hostage est un bon thriller de confinement, tendu, modeste mais honnête. Il ne cherche pas à en mettre plein la vue mais joue sa partition avec sérieux. Il manque sans doute d’un souffle plus original et d’un approfondissement des personnages, mais pour une soirée tendue devant Netflix, c’est un film qui remplit son contrat : vous clouer dans le canapé jusqu’à la dernière minute. 

NOTE : 10.30


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