Vu le film Mon Curé chez les Nudistes de Robert Thomas (1982) avec Paul Préboist Georges Descrières Jean Marc Thibault Katia Tchenko Brigitte Auber Philippe Nicaud Marc de Jonge Henri Tisot
Un curé de campagne est chargé par sa hiérarchie de remettre dans le droit chemin les vacanciers du camp naturiste du Veau d'or.
Il faut parfois aller au bout de l’absurde pour mesurer jusqu’où peut tomber une certaine comédie française des années 80, et Mon Curé chez les Nudistes en est l’un des sommets — ou plutôt l’un des abîmes. Sous un titre racoleur promettant un cocktail subversif entre satire religieuse et farce érotique, on ne trouve en vérité qu’un enchaînement poussif de scènes mollassonnes, filmées sans grâce, et surtout plombées par une absence criante d’audace ou de véritable regard comique. Robert Thomas, connu pour ses pièces de boulevard parfois efficaces (Huit Femmes), semble ici filmer par dépit ou par obligation, tant la mise en scène est apathique.
Mais le plus désolant, c’est le naufrage d’acteurs de grand talent. Georges Descrières, ancien sociétaire de la Comédie-Française, réduit à jouer les ecclésiastiques ahuris face à des nudistes en pagne (!), semble errer dans un cauchemar. Jean-Marc Thibault n’a pas une scène pour exister. Quant à Paul Préboist, dont l’énergie burlesque aurait pu sauver quelques séquences, il est terriblement sous-exploité : ni libre, ni drôle, ni même franchement loufoque. Un vrai gâchis.
Et que dire de ce pseudo-naturisme, qui n’ose jamais aller au bout de sa promesse ? Si les affiches suggèrent un érotisme rigolard, le film, en réalité, se révèle aussi prude qu’un pensionnat religieux : messieurs en short, dames en paréo, sauf bien sûr les jeunes femmes seins nus, parce qu’il fallait quand même "attirer le chaland". Ce déséquilibre, typique du machisme ambiant de l’époque, trahit une hypocrisie criante. Le corps n’est pas célébré mais utilisé comme appât sexiste et paresseux.
Tourné à moindre frais dans un camp naturiste du Var, le film n’a même pas l’excuse du décor ou de l’exotisme. Anecdote révélatrice : la production aurait promis "plus de nudité" dans le montage final, avant de tout censurer pour éviter les interdictions, trahissant ainsi son propre public. Résultat : un film ni subversif, ni coquin, ni drôle, ni touchant. Juste embarrassant. Un supplice cinéphile.
Du pseudo-érotisme à base de clichés sexistes, du comique de situation qui tourne à vide, et toujours ce prurit voyeuriste maquillé en comédie de mœurs.
NOTE : 4.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Robert Thomas, assisté d'Alain Nauroy
- Scénario : Robert Thomas
- Directeur de la photographie : Claude Becognée
- Costumière : Sylviane Combes
- Chef décorateur : Jean-Benoît Patris
- Chef monteur : Jacqueline Thiédot
- Musique : Romuald
- Directeur de production : Victor Béniard
- Date de sortie :
- Paul Préboist : Le curé Daniel
- Georges Descrières : L'évêque
- Katia Tchenko : Gladys du Figaro
- Henri Génès : Le curé Truffard
- Philippe Nicaud : Léon
- Jean-Marc Thibault : Antoine
- Cathy Esposito : Jeannette, la fille de Léon
- Brigitte Auber : Charlotte, la femme d'Antoine
- Sophie Boudet : Miquette la barmaid
- Marc de Jonge : Oscar, le coiffeur
- Max Élisée : Banania, le barman
- Pétronille Moss : Sophie
- Ramiro Olivera : Alex
- Françoise Engel : La comtesse Olga
- Laurent Devergne : Lolosteo le menteur

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