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dimanche 27 avril 2025

12.80 MON AVIS SUR LE FILM RENDEZ-VOUS DE JUILLET DE JACQUES BECKER (1949)

 


Vu le film Rendez-vous de Juillet de Jacques Becker (1949) avec Daniel Gélin Brigitte Auber Nicole Courcel Maurice Ronet Pierre Trabaud Gaston Modot Capucine Philippe Mareuil Jacques Fabbri Louis Seigner Paul Barge 

Les problèmes amoureux et les aspirations professionnelles d'une bande de jeunes dans le Paris de l'après-guerre, entre la préparation d'une expédition africaine, les répétitions théâtrales et les soirées dans les cabarets de jazz. 

 Après avoir plongé dans le quotidien des prolétaires parisiens dans Antoine et Antoinette (1947), Jacques Becker choisit en 1949 de brosser le portrait d’une autre frange de la population française : celle d'une jeunesse intellectuelle, curieuse, parfois insouciante mais aussi profondément idéaliste. Rendez-vous de juillet se veut une chronique douce-amère, entre aspirations professionnelles, désirs d'évasion, amours naissantes et passions artistiques. 

De la cave à jazz, où résonnent les notes enivrantes de Claude Luter, Mezz Mezzrow ou encore Rex Stewart, au projet fou d’une expédition anthropologique au Congo, en passant par l'univers du théâtre amateur, Becker brosse une fresque légère et tendre d’une génération rêvée, entre tradition et modernité. Il capte les enthousiasmes, les maladresses, les rêves et les désillusions avec une précision documentaire qui nourrit son cinéma de vérité, tout en flirtant parfois avec l’idéalisme. 

Cependant, sous ses dehors de chronique joyeuse, le film n’est pas naïf : Becker y glisse avec subtilité les préoccupations de l'époque — la difficulté à trouver un emploi, l'impasse d'une production cinématographique française en crise — autant d'échos sociaux qui donnent à l’ensemble une profondeur inattendue. Ce cinéma, que certains perçurent à l'époque comme un manifeste de la jeunesse, mêle habilement insouciance et gravité naissante. 

Techniquement, Rendez-vous de Juillet bénéficie de talents précieux : la photographie de Claude Renoir est magnifique. Paris y est saisi dans un noir et blanc scintillant, presque palpable, oscillant entre réalisme et poésie. Les scènes de rue sont particulièrement vivantes, rendant hommage à une capitale pleine de charme et d'énergie. Le montage de Marguerite Renoir est également d’une grande justesse, fluide sans être appuyé, renforçant la spontanéité apparente de l'ensemble. 

Néanmoins, malgré ses nombreuses qualités, le film révèle aussi ses limites. Certaines séquences tombent dans une lourdeur pesante, freinant l'élan général. C’est le cas notamment de la scène du spectacle où Christine (interprétée par Nicole Courcel) se ridiculise sur scène. Cette scène, censée illustrer l’écart entre ambition et réalité, s’avère plus embarrassante que véritablement instructive. On sent là une certaine pesanteur didactique, loin de la grâce naturelle que Becker atteint par ailleurs. 

Becker, s’il a le talent d’un grand observateur du quotidien, n'a pas la fougue d'un futur Truffaut, ni la flamboyance stylisée d’un Vincente Minnelli. Rendez-vous de Juillet reste ainsi dans une forme modeste, plus descriptive que véritablement romanesque ou flamboyante. Ce n’est pas un film révolutionnaire, mais un témoignage sincère et souvent attachant sur une époque, un état d’esprit, une jeunesse entre tradition et modernité. 

On y passe un agréable moment, charmé par la fraîcheur des comédiens, par l’authenticité des dialogues et par l’élan de vie qui anime malgré tout ce petit monde. Une œuvre mineure peut-être, mais précieuse par ce qu’elle saisit d’un Paris disparu et d’une jeunesse que Becker filme avec tendresse, sans nostalgie forcée. µ

NOTE : 12.80

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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