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jeudi 24 avril 2025

15.10 - MON AVIS SUR LE FILM PANIC ROOM DE DAVID FINCHER (2002)


 Vu le film Panic Room de David Fincher (2002) avec Jodie Foster Kirsten Stewart Forrest Whitaker Jared Leto Patrick Bauchau Dwight Yoakam Ian Buchanan Ann Magnuson Nicole Kidman (voix) 

La nuit même de leur installation dans une grande demeure new-yorkaise, Meg Altman, femme divorcée, et Sarah, sa fille adolescente, sont victimes d'un cambriolage. Elles se réfugient dans une chambre forte de la maison pour échapper aux trois malfrats venus dévaliser un coffre scellé par l'ancien propriétaire dans le sol de la pièce elles viennent précisément de se retrancher. 

David Fincher, maître du thriller moderne, prouve avec Panic Room qu’il peut nous maintenir en apnée pendant deux heures sans avoir besoin d’un tueur en série ou d’un mystère retors. Ici, le dispositif est minimal, presque théâtral : un huis clos vertical dans une maison new-yorkaise, un scénario épuré à l’os, et une mise en scène qui se déploie comme une mécanique d’horloger. Et pourtant, malgré ce minimalisme apparent, le film est un modèle de tension, de rythme et de pure efficacité cinématographique. 

L’histoire ? Meg Altman (formidable Jodie Foster), fraîchement divorcée, emménage avec sa fille Sarah (une toute jeune Kristen Stewart, 12 ans à l’époque, déjà magnétique) dans une vaste maison équipée d’une pièce de sécurité high-tech : la fameuse Panic Room. Dès la première nuit, trois cambrioleurs font irruption, cherchant un trésor bien caché dans ladite pièce. Les deux femmes s’y réfugient, ignorant que ce que les intrus cherchent... est déjà avec elles, derrière la porte blindée. 

Le film devient alors un jeu d’échecs en temps réel. Qui va gagner ? Ceux à l’intérieur, ou ceux qui veulent forcer l’entrée ? Fincher orchestre cette guerre psychologique avec une virtuosité technique impressionnante. Les mouvements de caméra sont d’une fluidité presque irréelle – on se souvient de ce travelling numérique impossible qui traverse les serrures, les tuyaux, les étages, nous immergeant littéralement dans la maison comme dans un labyrinthe mental. 

Le trio de cambrioleurs est savoureux : Forrest Whitaker, en voleur au cœur presque tendre, apporte une épaisseur inattendue à son personnage ; Jared Leto, look improbable et tempérament explosif, incarne le déséquilibré avec brio ; Dwight Yoakam, inquiétant à souhait, glacial, presque animal. À eux trois, ils forment une cellule antagoniste instable, menaçante, et parfaitement calibrée face au duo mère-fille. 

La performance de Jodie Foster est remarquable : elle passe de la panique à la résilience avec une intensité silencieuse. Kristen Stewart, dans l’un de ses premiers rôles marquants, incarne déjà ce mélange de fragilité et de détermination qui deviendra sa signature. Leur relation – tendue, protectrice, intuitive – est le vrai cœur du film. 

Fincher joue ici avec la claustrophobie, mais aussi avec l’espace : chaque recoin devient un enjeu. Le film est un ballet d’ingéniosité, chaque action des assiégeants appelle une réponse des assiégées. Et même si la fin paraît un peu plus conventionnelle que d’autres dénouements finchériens (Seven, Fight Club, Gone Girl), elle fonctionne comme une libération après deux heures de tension constante. On respire enfin, avec elles. 

  • Le rôle principal devait initialement être joué par Nicole Kidman, mais une blessure au genou survenue pendant le tournage de Moulin Rouge l’a contrainte à abandonner. C’est Jodie Foster, appelée à la rescousse, qui reprit le rôle – enceinte à l’époque du tournage, ce qui nécessita quelques ajustements de mise en scène. 

Le tournage a été un défi technique : la maison a été construite intégralement en studio pour permettre les mouvements de caméra complexes voulus par Fincher, notamment les fameux travellings numériques qui traversent murs et planchers. 

David Koepp, scénariste du film, a conçu l’histoire comme une variation sur le thème de l’intrusion domestique, très ancrée dans l’angoisse post-11 septembre, même si le film a été écrit avant ces événements. 

Le budget du film était conséquent (environ 48 millions de dollars), ce qui est inhabituel pour un huis clos, mais s’explique par la technologie mise en œuvre et les effets visuels invisibles mais omniprésents. 

Panic Room est donc un thriller sans fioritures, mais redoutablement calibré. Un exercice de style tendu comme un câble, le suspense tient non pas à ce qu’il se passe, mais à comment cela se passe. Une démonstration de mise en scène au scalpel, comme seul Fincher en a le secret. Un thriller de siège qui nous enferme, nous broie et finit par nous libérerexténué

NOTE : 15.10

FICHE TECHNIQUE


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