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mardi 8 avril 2025

5.40 - MON AVIS SUR LE FILM BANGER DE SO ME (2025)


 Vu le film Banger de So Me (2025) avec Vincent Cassel Laura Felpin Panayotis Pascot Paul Mirabel Mister V Alexis Manenti Nina Zem Nicolas Maury Déborah Lukumuena  Philippe Katherine Kaminski Manu Payet Romain Gavras 

 Scorpex, ancien DJ célèbre, est recruté par la DGSI pour faire tomber Vestax, son jeune rival en pleine ascension. 

Dans la longue série des films français estampillés Netflix qui peinent à convaincre, Banger de So Me s’inscrit malheureusement avec une constance déconcertante. À la base, pourtant, le pitch pouvait faire illusion : un thriller dans l’univers du milieu électro/DJ, avec en tête d’affiche Vincent Cassel, censé incarner un producteur de musique déchu, mentor d’un jeune talent prometteur. Un film censé pulser à 140 BPM, nous immerger dans la nuit, les raves, les coulisses d’un monde où ego, création et argent s’entrechoquent. Mais à l’arrivée, rien ne vibre. Rien ne vit. On reste figé devant une sorte de coquille vide stylisée à l’excès. 

L’histoire ? Un jeune beatmaker (incarné par un rappeur non-professionnel) rêve de percer dans le milieu hyper-compétitif de la techno underground. Il croise la route d’un producteur mystérieux (Cassel), figure de l’ancienne école, qui décide de le prendre sous son aile. Mais très vite, le passé trouble de ce mentor refait surface, et un vieux conflit ressurgit, donnant une tournure pseudo-thriller à l’ensemble. Meurtres, jalousie, magouilles : des éléments qui auraient pu tenir en haleine s’ils n’étaient traités avec autant de mollesse. 

Ce qui frappe en premier, c’est la réalisation ultra-clippée, un enchaînement de plans stylisés pour stylisés, parfois beaux isolément, mais qui ensemble donnent l’impression d’un clip musical de 90 minutes. Le réalisateur So Me, connu pour ses clips pour Justice ou Kanye West, peine à adapter son esthétique à une narration de long-métrage. Tout semble factice, posé, fabriqué. Les dialogues, souvent couverts par des effets sonores ou une musique mal mixée, sont à moitié inaudibles. On sent un désir d’ambiance, mais sans que cela serve un récit solide. 

Et parlons du scénario, justement. Un thriller ? À peine. Une tension ? Introuvable. Un mystère ? Plutôt un brouillard de scènes anecdotiques, d’échanges sans enjeu, et de rebondissements mous. Les personnages ne sont jamais incarnés : on ne croit pas à leurs motivations, ni à leurs conflits. Tout semble plaqué. 

Au milieu de ce naufrage, Vincent Cassel fait ce qu’il peut. Il garde une présence, une intensité, un regard. Mais il est esseulé. Autour de lui, le casting laisse songeur. Que viennent faire ici Laura Felpin, Paul Mirabel, et dans une moindre mesure Panayotis Pascot ? Sans leur retirer leur talent comique ou scénique, ils semblent ici totalement hors de propos, mal dirigés, à la fois trop sages et trop visibles. Une erreur de casting flagrante, symptomatique de cette manie française de vouloir “jeuniser” à tout prix avec des noms de stand-up, même quand le rôle ne s’y prête absolument pas. 

Et la musique ? Le cœur supposé du film ? Eh bien... c’est le grand vide. À part quelques beats anecdotiques et une ou deux séquences vaguement rythmées, le film ne dégage aucune énergie sonore. On aurait pu espérer une bande-son qui claque, qui pulse, qui réveille — mais rien ne vient. Pire : le son est parfois si mal géré que même les rares dialogues intéressants sont perdus dans le mix. 

Banger est une fausse promesse. On attendait un film nerveux, sensuel, électrique — on a un objet froid, poseur, confus, qui rate tout ce qu’il entreprend. Thriller plat, ambiance creuse, casting improbable, et direction artistique qui étouffe au lieu d’immerger. À force de vouloir faire stylé, le film oublie d’être vivant. Et surtout, il oublie d’être bon. 


NOTE : 5.40

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation et scénario : So Me
  • Musique : 2manydjs
  • Décors : Julia Lemaire
  • Costumes : Elise Bouquet et Reem Kuzayli
  • Photographie : Mathieu Plainfossé
  • Montage : Cyril Nakache et Yann Malcor
  • Production : Elias Belkeddar
  • Société de production : Iconoclast
  • Société de distribution : Netflix

DISTRIBUTION

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