Vu le film Novocaine de Dan Berk et Robert Olsen (2025) avec Jack Quaid Amber MidHunter Ray Nicholson Jacob Batalon Betty Gabriel Evan Hengst Matt Walsh Conrad Kemp
Quand la femme de ses rêves est kidnappée, Nate, un homme ordinaire, réussit à mettre à profit sa capacité à ne pas ressentir la douleur. Une force imprévue qui l'aidera dans sa lutte pour la récupérer.
Quand la femme de ses rêves est kidnappée, Nate, un homme ordinaire, réussit à mettre à profit sa capacité à ne pas ressentir la douleur. Une force imprévue qui l'aidera dans sa lutte pour la récupérer.
Il y a des films dont le titre semble prophétique. Novocaine, signé par Dan Berk et Robert Olsen, est de ceux-là : un effet anesthésiant garanti, mais sans la moindre sensation préalable. Porté par Jack Quaid, le fils de Dennis (qu’on a connu plus inspirer et surtout plus incarné), ce pseudo-thriller d’action tente de faire monter l’adrénaline... mais oublie l’essentiel : créer du cinéma.
Le pitch, pourtant, ne manquait pas d’intérêt. Dans un futur proche ou un présent flou, Quaid incarne un homme ordinaire plongé malgré lui dans un engrenage de violence et de faux-semblants, sur fond de vengeance et de complot pharmaceutique (ou gouvernemental ? ou personnel ?… On ne sait plus très bien). Mais très vite, l’histoire s’effondre sous le poids de sa propre paresse : aucun enjeu n’émerge, aucun mystère ne prend racine, et la mise en scène se contente de reproduire les codes usés d’un actionner de série B des années 2000.
Jack Quaid, qu’on a pu apprécier dans des rôles plus nuancés (The Boys notamment), semble ici livré à lui-même. Expression neutre, regard perdu, déplacements mécaniques : difficile de ne pas penser à un Jason Statham du pauvre, sans le charisme brut ni le second degré parfois salvateur. Il ne joue pas : il passe. Et on passe avec lui, à côté de tout.
L’action, censée compenser l’indigence narrative, n’est guère plus inspirée. Fusillades génériques, courses-poursuites vues mille fois, bastons mal chorégraphiées… Le tout est filmé sans idée, sans souffle, dans une esthétique grise et désaturée qui évoque plus le téléfilm post-apocalyptique que le thriller de cinéma. On en vient à se demander si les réalisateurs n’ont pas eux-mêmes perdu foi en leur projet en cours de tournage, tant l’ensemble semble tourné au ralenti, sans énergie ni désir.
Il faut aussi évoquer l'écriture : les dialogues sont d’une platitude confondante, l'humour tombe systématiquement à plat, et les tentatives de caractérisation virent au cliché pur. L’anti-héros est "fatigué", "traqué", "blessé", mais surtout ennuyeux. Les personnages secondaires ? D’un vide sidérant. Pas une figure ne se détache, pas une scène ne reste.
Le plus étonnant, c’est que Dan Berk et Robert Olsen avaient montré, avec Villains ou Significant Other, une certaine capacité à jouer avec les genres, à détourner les codes, à bousculer les attentes. Ici, rien de tout cela : Novocaine est une ligne droite sans secousse, un produit jetable qui donne l’impression désagréable d’avoir été fabriqué pour combler un créneau de plateforme un soir de disette.
Et c’est sans doute là le cœur du problème : ce film ne mérite ni la salle, ni vraiment le streaming. Il illustre à lui seul cette ère de surplus, où l’on sent les distributeurs désespérés écouler leurs stocks comme on vide une cave après une inondation. On aurait presque de la peine pour lui s’il ne nous fatiguait pas tant. On ressort de Novocaine comme d’un mauvais rêve, engourdi, vidé, mais surtout agacé d’avoir cru, même un instant, qu’il pouvait se passer quelque chose.
À ce stade, on ne demande même plus l’originalité — juste un peu de sincérité, ou à défaut, un minimum de nerf. Mais quand même l’anesthésie ne fonctionne plus, c’est peut-être le signe qu’il faut fermer boutique.
Et pour Jack Quaid ? Souhaitons-lui une prochaine fois un rôle avec un cœur, une voix, une direction. Et un film, surtout.
NOTE : 6.50
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Dan Berk et Robert Olsen
- Scénario : Lars Jacobson
- Décors : Kara Lindstrom
- Photographie : Jacques Jouffret
- Montage : Christian Wagner
- Musique : Lorne Balfe et Andrew Kawczynski
- Production : Joby Harold, Tory Tunnell, Drew Simon, Julian Rosenberg et Matt Schwartz
- Production exécutive : Josh Adler, Paul Barbeau, Lars Jacobson, Matt Schwartz et Sam Speiser
- Sociétés de production : Infrared Pictures, Safehouse Pictures, Circle of Confusion et Domain Entertainment
- Société de distribution : Paramount Pictures
- Budget : 18 000 000 $
- Jack Quaid (VF : Jim Redler) : Nathan « Novocaine » Caine
- Amber Midthunder (VF : Juliette Lamboley) : Sherry Margrave
- Ray Nicholson (VF : Kévin Garnichat) : Simon Greenly
- Jacob Batalon (VF : Anatole Yun) : Roscoe Dixon
- Betty Gabriel (VF : Déborah Claude) : Mincy Langston
- Matt Walsh (VF : Éric Peter) : Coltraine Duffy
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