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mercredi 16 avril 2025

8.90 - MON AVIS SUR LE FILM G20 DE PATRICIA RIGGEN (2025)


 Vu le film G20 de Patricia Riggen (sur Prime Vidéo) avec Viola Davis Anthony Anderson Marsai Martin Ramon Rodriguez Antony Starr Douglas Hodge Elizabeth Marvel Christopher Farrar Sabrina Impacciatore Colin Moss 

Lors du sommet du G20, la présidente des États-Unis Taylor Sutton apprend qu'une attaque terroriste est imminente. Sutton doit faire appel à son expérience diplomatique et militaire pour sauver sa famille, ses collègues leaders et la liberté. 

Dans la longue tradition des films d’action globalisés où une poignée d’assaillants hyper-entraînés s’en prend aux institutions les mieux gardées du monde, G20 s’installe sans faire de vagues. Patricia Riggen (The 33, Under the Same Moon) orchestre ici un thriller politico-militaire dans un décor high-tech et aseptisé : un sommet du G20 tenu en Afrique du Sud, avec à la clé la prise d’otage de l’ensemble des dirigeants de la planète, par un commando d’ex-forces spéciales mené par un méchant aussi cliché qu’une réplique de Die Hard. 

Viola Davis y incarne la Présidente des États-Unis, nommée Taylor Sutton. Elle est là pour parler climat et croissance verte, mais l’agenda va vite dérailler. Les preneurs d’otages veulent... quoi, déjà ? Une rançon en cryptomonnaie ? Faire tomber l’ordre mondial ? Peu importe, car comme toujours dans ce genre de scénario, c’est le spectacle qui compte, pas la logique. 

Alors qu’on nous promet un huis clos tendu dans le lieu le plus sécurisé du globe, on retombe dans les ficelles usées de Roland Emmerich ou Michael Bay : tunnels secrets, armes planquées, répliques badass avant de presser la détente, et combats rapprochés filmés caméra à l’épaule. Manquent juste les hélicoptères explosant en plein ciel au ralenti, et une pluie de billets de banque numériques. 

Mais G20, malgré ses gros sabots, parvient à se hisser un cran au-dessus du téléfilm grâce à un atout indéniable : Viola Davis. Présidente badass, elle fait ce qu’elle peut dans un rôle qui hésite entre la mère protectrice, la cheffe d’État intransigeante, et l’héroïne de jeu vidéo. Le script ne lui rend pas service, la réduisant parfois à des punchlines dignes d’un script écrit à la va-vite par une IA sous Red Bull, mais Davis apporte un poids dramatique réel dans certaines scènes, notamment lorsqu’elle tente de négocier avec les terroristes ou de sauver sa fille. 

Le pitch de G20 évoque White House Down (2013), Olympus Has Fallen (2013) ou encore le plus récent The 355 (2022). Le fantasme de l’homme ou de la femme providentiel(le) qui, seul(e), déjoue une menace terroriste planétaire dans un lieu sur-sécurisé, est un archétype du cinéma d’action américain post-11 septembre. Il n'est donc pas étonnant que ce film se plie aux exigences du genre : patriotisme en mode turbo, gros plans sur les drapeaux, et menace internationale floue (ici vaguement est-européenne, histoire de ne pas froisser les marchés asiatiques...). 

Le film a été conçu initialement pour une sortie en salles, mais Amazon l’a récupéré, en misant sur le nom de Viola Davis pour booster l'audience Prime Video. À l’origine, le scénario prévoyait un décor enneigé, censé se dérouler à Davos, mais pour des raisons budgétaires et logistiques (et probablement pour éviter la comparaison directe avec White House Down et ses décors de la Maison-Blanche), l'action a été déplacée en Afrique du Sud. 

Viola Davis, productrice du film via sa société JuVee Productions, a beaucoup insisté pour que son personnage ne soit pas une simple caricature d’action-hero, mais le résultat à l’écran reste limité par la pauvreté du script. Elle a d'ailleurs déclaré en interview qu'elle souhaitait « montrer une Présidente noire forte dans un monde post-Trump », mais avouons-le : entre deux coups de feu et une pirouette en talons, le propos politique reste aussi discret qu’une déclaration de guerre murmurée. 

G20 ne révolutionne rien, n’excite guère, mais se laisse regarder pour ce qu’il est : un divertissement du samedi soir, vite vu, vite oublié. On aurait aimé plus de tension, plus d’ironie, ou à l’inverse un vrai regard critique sur le pouvoir, la diplomatie, ou les inégalités mondiales. Au lieu de ça, on a un film d’action générique où la Présidente botte des fesses tout en défendant ses clés USB de cryptomonnaie familiale. 

Viola Davis mérite clairement mieux que ça — elle devrait jouer des Shakespeare modernes, pas des John McClane au féminin dans des fictions géopolitiques d'aéroport. Mais après tout, il faut bien payer les factures. 

NOTE : 8.90

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