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samedi 12 avril 2025

10.40 - MON AVIS SUR LE FILM SUR UN ARBRE PERCHE DE SERGE KORBER (1971)


 Vu le film Sur un Arbre Perché de Serge Korber (1971) avec Louis de Funès Olivier de Funès Géraldine Chaplin Alice Sapritch Paul Preboist Franco Volpi Hans Meyer Jean Panisse Pierre Richard Fernand Sardou 

Roubier, un promoteur français, et Mazzini, un Italien, viennent de conclure un accord leur assurant la mainmise sur les autoroutes européennes. Une malheureuse embardée précipite la voiture d'Henri et ses occupants sur la cime d'un pin parasol accroché à la paroi d'une falaise. 

Voilà un de ces films que l’on revoit volontiers un dimanche après-midi, les pieds sur la table basse, en laissant glisser le temps. Sur un arbre perché n’est certes pas du grand De Funès, mais c’est du bon De Funès. Le genre de comédie mineure mais plaisante, où l’idée de départ – absurde et simple – fait tout le sel : un homme d’affaires pressé, sa voiture de luxe, deux auto-stoppeurs, un détour par la Riviera… et hop ! voilà tout ce petit monde suspendu au-dessus du vide, coincé sur une corniche, la voiture plantée là, défiant les lois de la gravité. 

Et dans cette situation improbable, c’est toute l’étendue du génie de Louis de Funès qui se déploie. Un huis clos en plein air, paradoxal mais efficace. De Funès joue ici sur l’hystérie, les tics, la panique, la mauvaise foi… dans un espace aussi réduit que périlleux. Et il faut bien le dire : c’est un numéro d’équilibriste au sens propre comme au figuré. 

À ses côtés, un duo inattendu : une jeune hippie incarnée par la délicieuse Géraldine Chaplin – un brin lunaire, un brin agaçant, toujours juste – et surtout Olivier de Funès. Le fils du maître. On l’avait déjà vu, ado, dans Fantômas, Hibernatus ou Le Grand Restaurant. Mais ici, papa lui offre un rôle plus consistant, une sorte de passage de flambeau symbolique. Olivier a 22 ans, une belle gueule, un torse qu’on voit durant trois quarts du film (merci la chaleur caniculaire de la Côte d’Azur), et surtout, une forme de naturel sympathique à l’écran. Il tient son rôle, sans trop en faire, comme s’il savait déjà que ce serait son dernier tour de piste cinématographique. Car après ce film, Olivier de Funès quitte le cinéma pour les cieux : il devient pilote de ligne, avec élégance et discrétion. 

Dans les seconds rôles, un autre fidèle surgit : Paul Préboist, génial pitre à la trogne inimitable, en présentateur radio, déchaîné, grotesque, hilarant. Ses interventions ponctuent le film de respirations absurdes, comme des sketchs radiophoniques à l’intérieur du film. On rit franchement, parfois malgré soi. 

Le tournage, lui, fut à la hauteur de l’incongruité du scénario. Une plateforme suspendue à flanc de falaise fut spécialement construite près de Monaco. Pas de fond vert ni d’effets numériques : l’équipe tournait réellement à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du vide. Le tournage fut éprouvant, entre vertige, chaleur, et difficultés techniques. De Funès, pourtant peu friand des cascades, accepta courageusement ce défi, porté par sa confiance en Korber avec qui il avait déjà tourné L’Homme-orchestre. 

Le film, à sa sortie en 1971, ne fit pas l’unanimité. Certains y voyaient une comédie mineure, trop farfelue, sans le rythme effréné des grandes collaborations avec Oury ou Girault. Mais avec le recul, il a gagné une place discrète mais tendre dans le cœur des amateurs. Car Sur un arbre perché reste un film à part : presque une fable absurde, une parenthèse suspendue dans la carrière de De Funès. 

On y voit un homme coincé, littéralement, mais aussi symboliquement. Un De Funès qui, sous ses grimaces, laisse transparaître une forme d’humanité : peur, doute, fatigue, solidarité inattendue. Une comédie qui ne prétend pas changer le monde, mais qui amuse gentiment, comme une blague que l’on raconterait au bord d’une falaise, en priant que la voiture ne glisse pas. 

Pas un sommet de sa filmographie, mais une petite cime agréable, entre ciel, mer et roc.

NOTE : 10.40

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

 

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