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mercredi 23 avril 2025

11.80 - MON AVIS SUR LE FILM LE COEUR DES HOMMES DE MARC ESPOSITO (2003)


 Vu le film le Coeur des Hommes de Marc Esposito (2003) avec Bernard Campan Jean Pierre Darroussin Gérard Darmon Marc Lavoine Ludmila Mickael Fabienne Babe Zoé Félix Florence Thomassin Anna Gaylor Alice Taglioni 

Alex, Antoine, Jeff et Manu, la cinquantaine proche ou sonnée, ont quelques années de vie commune. Amis depuis l'époque où ils jouaient dans la même équipe de foot, ils se voient régulièrement pour se raconter leurs vies, refaire le monde, rire, s'engueuler. 

Le Cœur des Hommes (2003), premier film de Marc Esposito, critique et fondateur du Journal Studio fut à sa sortie une chronique douce-amère sur l’amitié masculine, un "buddy movie" à la française, bien dans l’air du temps. Quatre copains quinquagénaires, joués par Marc Lavoine, Bernard Campan, Gérard Darmon et Jean-Pierre Darroussin, se retrouvent autour de leurs petits bobos d’hommes mûrs : boulot, famille, amour… et surtout, femmes, femmes, femmes. Si en 2003, le film respirait une certaine tendresse, teintée de nostalgie douce et de blagues de vestiaire, il accuse aujourd’hui le poids des années — non dans sa mise en scène ou sa forme (classique, voire élégante) mais bien dans son fond, désormais daté. 

Revu avec les yeux de 2025, Le Cœur des Hommes révèle une vision des rapports hommes-femmes qui fleure bon le vestiaire de foot du siècle dernier. Le personnage de Marc Lavoine en particulier — sorte de beau parleur romantique à la libido inépuisable — enchaîne les répliques crues et les jugements sans filtre sur les femmes avec une désinvolture qui frisait déjà l’outrance à l’époque, mais qui aujourd’hui tape franchement à côté. Là où certains voyaient une forme de sincérité, on entend désormais une logorrhée d’obsession sexuelle, plus proche du harcèlement que de la galanterie. Il y a quelque chose d’un peu gênant dans cette façon de réduire les femmes à des fonctions : amante, épouse, mère… rarement égale, jamais protagoniste. 

Le film s’en sort un peu mieux lorsqu’il explore les failles affectives de ses héros. Bernard Campan, en mari trompé, y trouve une gravité contenue, une pudeur qui tranche avec la vulgarité ambiante. Jean-Pierre Darroussin, en homme qui doute, a ses moments d’émotion discrète. Darmon fait du Darmon : charmeur, cabotin, mais sympathique. C’est surtout l’alchimie entre les quatre comédiens qui sauve souvent le film du naufrage macho : on sent une vraie complicité entre eux, et certains dialogues, malgré tout, sonnent juste. Mais ça ne suffit plus. 

Marc Esposito, qui n’avait jamais réalisé auparavant, a monté ce film presque comme on monte un article. Ayant longtemps dirigé des magazines de cinéma, il a voulu faire un film "pour les hommes", à l’image de ce qu’il écrivait : des portraits d’hommes modernes, sensibles, mais virils. Un cinéma de confession entre potes, inspiré par ses propres discussions de bistrot. Il avait d’ailleurs d’abord proposé le rôle de Jeff (finalement joué par Darroussin) à Daniel Auteuil, qui a décliné en jugeant le scénario "trop bavard". 

Le Cœur des Hommes n’est pas sans charme, mais c’est un charme passé. À l’image de ces copains de lycée qu’on revoit vingt ans plus tard : on est contents cinq minutes, puis on se demande comment on faisait pour les trouver drôles. 

NOTE ; 11.80

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