Vu le film Mission Alarum de Michael Polish (2025) avec Scott Eastwood Sylvester Stallone Willa Fitzgerald Mike Colter Isis Valverde D.W Moffett Joel Cohen
Joe et Laura, deux espions, deviennent des renégats pour pouvoir se marier et vivre tranquilles. Cependant, leur cabane isolée est attaquée par diverses agences de renseignement, dont la CIA en la personne de l'agent Chester. Tous sont à la recherche d'une clef USB volée par le couple dans les débris d'un avion[
Mission Alarum : ou comment faire exploser le budget, le bon sens et la dignité d’un genre déjà mal en point. Le film, qui semble avoir été conçu lors d’une pause clope entre deux réunions de producteurs avides, s’illustre d’abord par sa vacuité narrative. Le scénario ? Un prétexte fumeux sur fond de complot militaire, d’armes biologiques et de traîtres infiltrés dans les hautes sphères, autant dire un gloubi-boulga de clichés déjà périmés en 1997. Une intrigue embrouillée, noyée sous des effets de style épuisants et des dialogues d'une platitude à faire frémir un téléfilm de l’après-midi.
Le casting n’arrange rien. Stallone, qu’on aurait préféré revoir dans un drame intimiste ou simplement à la retraite, donne ici une performance spectrale. Visiblement fatigué, presque absent, il traverse les scènes comme un hologramme échappé d’un autre temps. Ce n’est plus Rambo, c’est rampe-bô, tant il semble peiner à se mouvoir entre deux explosions. Il encaisse 200 balles, ne flanche pas, et continue à viser juste sans même prendre la peine de cligner des yeux. On n’est plus dans l’action, on est dans la parodie involontaire. À côté de lui, Scott Eastwood, qu’on annonçait comme la relève virile, peine à dépasser le stade de figurant de luxe. Beau gosse, certes, mais avec le charisme d’un mannequin de vitrine. On est très loin de papa Clint et de ses regards qui tuaient sans dire un mot.
Les scènes d’action ? Un festival d’absurde. On pense à ces moments où Stallone, seul contre tous, affronte une horde de mercenaires armés jusqu’aux dents. Bilan : pas une égratignure. On dirait que les balles le respectent. Lui, en revanche, élimine ses ennemis avec une précision divine. Une balle, un mort, un soupir, et on passe au ralenti suivant. Même les Expendables paraissent sobres à côté.
La réalisation ? Frénétique et clinquante, elle semble penser que "plus vite" et "plus fort" équivaut à "meilleur". Faux. Les mouvements de caméra hystériques et le montage épileptique donnent la nausée plus que de l’adrénaline. On sent que le réalisateur – un ancien cadreur de clips de rap reconverti dans le cinoche de bourrin – a vu beaucoup de John Wick, mais en a retenu seulement les néons et la baston, sans comprendre la chorégraphie ni l’élégance.
Le summum est atteint dans le final : un pseudo cliffhanger grotesque qui annonce une suite, comme si on avait envie de replonger dans ce désastre. L’effet est plutôt inverse : un appel à l’abstinence cinématographique. Même la musique, envahissante et sans âme, semble s’excuser d’être là.
Ce qui est triste, c’est qu’un film comme Mission Alarum est symptomatique d’un cinéma d’action malade, qui recycle ses anciennes gloires jusqu’à l’épuisement, et n’a plus rien à dire sinon "boum". Stallone mérite mieux. Scott Eastwood, lui, devra attendre son grand rôle, s’il arrive un jour. Et nous ? On attend juste un bon film.
Une anecdote pour la route : sur le tournage, il paraît que Stallone, confronté à une cascade trop physique, aurait simplement déclaré : « Faites-la faire par un double numérique, je ne suis pas venu ici pour souffrir, OK ? » Même les effets spéciaux auraient soupiré.
Mission Alarum, ou l’alerte rouge du cinéma d’action qui tire à blanc.
NOTE : 5.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Michael Polish
- Scénario : Alexander Vesha
- Musique : Yagmur Kaplan
- Décors : Travis Zariwny
- Costumes : Zachary Sheets
- Photographie : Jayson Crothers
- Montage : Paul Buhl
- Production : Joel Cohen, Randall Emmett et Gwen Osborne
- Producteurs délégués : Matthew Helderman, Brooks Kephart, Justin Routt, Steven Small et Luke Taylor
- Sociétés de production : Convergence Entertainment Group et BondIt Media Capital
- Sociétés de distribution : Lionsgate (États-Unis), Prime Video (France)
- Sylvester Stallone (VF : Michel Vigné) : Chester
- Scott Eastwood (VFB : Nicolas Matthys) : Joe Travers/Archibald
- Willa Fitzgerald (VFB : Séverine Cayron) : Lara Travers
- Mike Colter (VFB : Claudio Dos Santos) : Orlin
- Ísis Valverde (VFB : Sophie Landresse) : Bridgette Rousseau
- D. W. Moffett (VFB : Jean-François Rossion) : Ronald Burbridge, le directeur
- Joel Cohen : Roland Rousseau

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire