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vendredi 20 septembre 2024

16.30 - MILLE FILMS DE MA VIE - CRUISING (LA CHASSE) DE WILLIAM FRIEDKIN (1980)


 Dans le cadre des Mille Films de ma Vie , je propose le film Cruising (La Chasse) de William Friedkin (1980) avec Al Pacino Paul Sorvino Karen Allen Richard Cox Don Scardino Jay Acovone Randy Jurgensen Gene Davis Joe Spinell Mike Starr James Remar Power Boothe Sonny Grosso

À New York, deux homosexuels sont sauvagement assassinés. Convaincu d'avoir affaire à un tueur en série, le capitaine Edelson demande à Steve Burns — jeune policier au physique proche des victimes — d'infiltrer le milieu SM gay de Meatpacking District. Chargé de découvrir le coupable, Steve ne part pas sans appréhension. Alors que Nancy, sa petite-amie, le questionne sur ses derniers changements, il garde le mutisme qui est de règle. Installé dans un appartement sous l'identité de John Forbes, le policier sympathise avec son nouveau voisin, Ted Bailey, et traîne la nuit dans les boîtes homosexuelles à la recherche de quelques indices

Cruising (1980) de William Friedkin est un thriller psychologique qui a suscité une vive controverse, notamment au sein de la communauté LGBT+ aux États-Unis, pour sa représentation des milieux gay underground et pour la manière dont il aborde la sexualité homosexuelle. Le film, qui plonge dans les clubs SM de New York des années 70, a été accusé de véhiculer une image stéréotypée et dangereuse de l’homosexualité, en liant la violence, la marginalité et la sexualité. Friedkin ne prend aucune précaution pour éviter la provocation, ce qui a provoqué de vives réactions à sa sortie.

Contrairement à Les Garçons de la bande (1970), autre œuvre de Friedkin, qui propose une vision plus intimiste et humaine des relations entre hommes gays, Cruising adopte un ton sombre, dérangeant et parfois choquant. Le réalisateur semble volontairement appuyer sur le côté trash et transgressif de ces milieux pour marquer et troubler le spectateur. L’univers qu’il dépeint est oppressant, et son ambiance glauque participe à l’effet de malaise ressenti tout au long du film. Ce n’est pas une critique sociétale, mais plutôt un thriller tortueux qui cherche à déstabiliser.

Le personnage principal, Steve Burns, joué par Al Pacino, est un policier infiltré dans la communauté gay pour enquêter sur une série de meurtres. Pacino, hétérosexuel dans le film, est peu à peu troublé par ce qu’il voit et vit au sein de cette culture underground. L’un des grands mystères du film est de savoir jusqu’où Steve s’est laissé entraîner. A-t-il pris goût à cette plongée dans le monde SM ? A-t-il franchi des limites personnelles ? Friedkin laisse volontairement ces questions en suspens, nourrissant l’ambiguïté du personnage principal.

La relation de Steve avec son voisin, interprétée de manière subtile mais lourde de sous-entendus, ajoute une autre couche de complexité. À la fin du film, on ne sait pas vraiment si Steve est devenu un autre homme après cette mission ou s’il a simplement basculé dans quelque chose d’inavoué. L’une des questions les plus dérangeantes reste : a-t-il tué l’amant de son voisin ? Friedkin joue ici avec les limites de la morale et du désir, et ne donne pas de réponses claires.

L’autre grande ambiguïté du film repose sur le tueur en série lui-même. Avons-nous réellement attrapé le coupable ? Ou s’agit-il d’un simple copycat ? La fin du film est volontairement floue et ouverte, renforçant le sentiment de confusion. Friedkin manipule son public, jouant avec les attentes et les certitudes pour laisser place au doute, une technique typique de son cinéma, qui privilégie les questions ouvertes plutôt que les conclusions fermées.

Cruising est sans aucun doute un film brillant dans sa construction, mais aussi tortueux et provocateur. Friedkin utilise des codes propres au thriller et au film noir pour plonger son spectateur dans un univers oppressant, le forçant à remettre en question ses propres perceptions de la moralité et de la sexualité. Si le film a été critiqué pour son traitement controversé de la communauté gay, il reste une œuvre marquante du cinéma des années 80, aussi fascinante que dérangeante, signée d'un Friedkin au sommet de son art, qui n’hésite pas à explorer les zones d’ombre de l’âme humaine.

NOTE : 16.30

FICHE TECHNIQUE


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