Vu le film Le Président de Henri Verneuil (1962) avec Jean Gabin Bernard Blier Renée Faure Alfred Adam Henri Crémieux Robert Vattier Louis Seigner Françoise Deldick Hélène Dieudonné Noel Roquevert Jacques Marin Louis Arbussier Charles Culum Raoul Marco Héléna Manson Antoine Balpêtré
Ancien président du Conseil,
Émile Beaufort consacre une large partie de son temps à l'écriture de ses
mémoires, qu'il dicte à sa dévouée secrétaire, Mlle Milleran,
à La Verdière, sa propriété provinciale dans l'Eure. Retiré des affaires publiques, il ne garde
pas moins un regard attentif sur l'actualité politique nationale.
Tandis qu'il écoute la radio pour suivre l'évolution d'une
crise ministérielle en cours, Beaufort apprend que le député Philippe
Chalamont, président du groupe des Indépendants républicains à la Chambre, est pressenti
par le chef de l'État pour former le prochain gouvernement. La nouvelle
perturbe Beaufort au point qu'il cesse quelques instants de dicter le contenu
de ses mémoires à sa secrétaire, le temps de songer à l'époque où, président du
Conseil, il dut travailler avec Chalamont, qui n'était autre que son directeur
de cabinet.
Le Président de Henri Verneuil, sorti en 1961, est
une véritable fresque politique où le talent de Jean Gabin et Bernard Blier
s'exprime pleinement dans une confrontation mémorable. Adapté d'un roman de
Georges Simenon, le film met en scène les intrigues politiques des IIIe et IVe
Républiques, révélant l’instabilité chronique et l'opportunisme qui régnaient
dans les couloirs du pouvoir à cette époque.
Jean Gabin incarne Émile Beaufort, un ancien président du
Conseil, vieillissant mais toujours affûté intellectuellement, qui se retrouve
face à Philippe Chalamont, interprété par Bernard Blier, un ambitieux homme
politique prêt à tout pour arriver au sommet. Ce face-à-face entre deux titans
du cinéma français est magnifiquement orchestré, et le duel verbal qu'ils se
livrent est captivant. Gabin, dans son rôle de vieux lion politique, irradie de
son charisme et de son expérience. Il incarne un homme à la fois désillusionné
par la politique mais encore attaché à certaines valeurs. Blier, quant à lui,
est parfait dans le rôle du politicien cynique, prêt à trahir ses alliances au
gré des opportunités.
Ce film est aussi une brillante analyse de la politique
française, où les changements de camp et les alliances contre nature sont
légion. Verneuil et Audiard ne se contentent pas de montrer des personnages,
ils nous plongent au cœur d'un système où la moralité est souvent reléguée au
second plan. Les dialogues ciselés de Michel Audiard sont l’un des points forts
du film, mêlant ironie mordante, intelligence et gravité. Chaque réplique
résonne avec justesse, surtout dans la bouche de Gabin, dont la voix profonde
donne du poids aux mots.
La photographie des institutions politiques, de l’Assemblée
Nationale aux couloirs de Matignon, est particulièrement soignée. Verneuil
parvient à capturer l'atmosphère feutrée et parfois oppressante des
négociations politiques, loin des regards du grand public. Le film met en
lumière les mécanismes de la République parlementaire, les tractations en
coulisse, les discussions secrètes et les jeux de pouvoir qui se déroulent à
huis clos.
Outre Gabin et Blier, tous les seconds rôles sont
impeccables, contribuant à donner une grande crédibilité à l'univers du film.
Chaque personnage, du secrétaire loyal au politicien rusé, enrichit l’intrigue
et ajoute des couches de complexité au récit. Ces personnages secondaires, bien
qu’étant parfois de simples pions dans un échiquier politique, sont essentiels
pour illustrer la diversité des motivations et des comportements humains face
au pouvoir.
Ce qui rend Le Président intemporel, c'est sa
capacité à parler de la politique d'hier tout en restant incroyablement
pertinent pour aujourd'hui. Les thématiques abordées – corruption, compromis,
ambition – sont universelles, et le film résonne encore dans le contexte
politique contemporain. Il offre une réflexion sur la nature du pouvoir, sur la
manière dont les hommes politiques jonglent entre convictions et pragmatisme,
entre fidélité et trahison. Verneuil, avec sa mise en scène sobre mais
efficace, Audiard avec ses dialogues ciselés, et Simenon avec son histoire,
offrent un film à la fois divertissant et stimulant, qui pousse à réfléchir sur
les coulisses de la politique.
La scène du discours de Emile Beaufort à l’Assemblée
Nationale et est un des grands moments du cinéma
NOTE : 15.30
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Henri Verneuil
- Assistants réalisateurs : Michel Wyn, Robert Valin
- Scénario : D'après le roman homonyme de Georges Simenon
- Adaptation : Henri Verneuil, Michel Audiard
- Dialogue : Michel Audiard
- Musique : Maurice Jarre
- Ouverture du Vaisseau fantôme de Richard Wagner dirigée par Richard Blareau
- Photographie : Louis Page
- Opérateur : André Dumaître
- Son : Jean Rieul - Mono (Piste optique)
- Décors : Jacques Colombier
- Montage : Jacques Desagneaux
- Affiche : Clément Hurel
- Production : Jacques Bar, Raymond Froment et Ernest Rupp
- Direction de production : Paul Joly
- Sociétés de production : Cité Films - Terra Films - Fidès (Paris), Gesi Cinematografica (Rome)
- Société de distribution : U.F.A-Comacico
- Jean Gabin : Émile Beaufort, ancien président du Conseil
- Bernard Blier : Philippe Chalamont, député, ancien directeur de cabinet de Beaufort
- Renée Faure : Mlle Milleran, secrétaire et gouvernante de Beaufort
- Alfred Adam : François, chauffeur de Beaufort
- Henri Crémieux : Antoine Monteil, ministre des Finances
- Louis Seigner : Henri Lauzet-Duchet, gouverneur de la Banque de France
- Robert Vattier : le docteur Fumet, médecin personnel de Beaufort
- Françoise Deldick : Huguette, la bonne
- Hélène Dieudonné : Gabrielle, cuisinière de Beaufort
- Pierre Larquey : Augustin, vieil agriculteur et ami de Beaufort
- Jacques Marin : Gaston, chauffeur de car et « escroc » pour touristes
- Louis Arbessier : Jussieu, un parlementaire
- Charles Cullum (en) : Sir Merryl Lloyd, Premier ministre britannique
- Raoul Marco : Xavier Taupin, ancien conseiller général
- Héléna Manson : Mme Taupin, femme de Xavier
Ministres et parlementaires :
- Jean Ozenne : un ministre
- Antoine Balpêtré : un ministre
- Jean Martinelli : un ministre
- Henri Nassiet : un ministre
- Georges Adet : un ministre
- Charles Bayard : François Aubert, un parlementaire
- Michel Nastorg : un parlementaire
- Pierre Maguelon : un parlementaire
- René Berthier : un parlementaire
- Pierre Moncorbier : un parlementaire
- Andrès : un parlementaire
- Roger Lécuyer : un parlementaire
Gendarmes :
- Albert Michel : le garde de la villa de Beaufort
- André Dalibert : un gendarme en faction
- Gabriel Gobin : un gendarme en faction
- Charles Bouillaud : un gendarme en faction
Journalistes :
- Claude Darget (dans son propre rôle) : le présentateur du journal télévisé
- Léon Zitrone (dans son propre rôle) : le journaliste interviewant Chalamont
- Jacques Monod : M. Mulstein, le directeur de Paris France
- Yves Arcanel : Gilbert, un journaliste
- Van Doude : le journaliste anglais
- Claude Vernier : le journaliste allemand
- Marcel Charvey : un journaliste au Parlement
- Robert Berri : un journaliste
- Aimé de March ou Philippe March : un journaliste
- Georges Fallec : un photographe
- Dominique Rozan : un journaliste
- Albert Daumergue : un journaliste
Autres :
- Émile Genevois : le livreur à vélo
- Bernard Musson : l'appariteur de Matignon
- Maurice Nasil : le curé
- Marcel Bernier : un homme au concert
- Marc Arian : un domestique de la chambre du conseil
- Hans Meyer : un motard
- Collin Mann
- Aram Stephan
- Maurice Dorléac
- Jean Degrave
- Jean Juillard : un homme au concert
- André Philip
- Albert Simono : un photographe
- Georges Hubert
- Jacques Berger
- Jean Michaud : un homme au concert
- Henri Cote
- Christiane Barry
- Micheline Gary
- Gisèle Préville : Odette Lauzet-Duchet
- Amy Collin
- Marie Mansart
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