Vu le film (découverte) Le Pigeon de Mario Monicelli (1958) avec Marcello Mastroianni Vittorio Gassman Toto Renato Salvatori Claudia Cardinale Tiberio Murgia Carlo Pisacane Memmo Carotenuto Rossana Rire Gina Rovere Carla Gravina Renato Terra
Rome, milieu des années 1950. Cosimo (Memmo
Carotenuto) est arrêté par la police alors qu'il tente de voler
une Fiat
1400. Pour que Cosimo soit libéré, ses amis malfrats recherchent un
pigeon (en italien pecora, c'est-à-dire un mouton) qui, pour
150 000 lires, s'accusera du délit (le vol de la voiture) et
effectuera la peine à la place du coupable, sachant qu'avec un casier
judiciaire vierge ce ne devrait être que 6 mois de prison avec sursis. Mais tous
les candidats, étant récidivistes, risquent des peines de prison ferme. Peppe
le boxeur (Vittorio Gassman), au casier judiciaire
vierge, croulant sous les dettes, finit par accepter et se présente au juge
pour clamer sa culpabilité. Mais le juge n'est pas dupe et l'enferme avec
Cosimo. Après son jugement, Peppe est désemparé, indiquant avoir pris trois ans
de prison ferme. Cosimo, pris de remords, révèle à Peppe le plan (infaillible)
de son prochain coup. Peppe le remercie mais précise qu'il est en fait libre et
sort de prison sous la fureur de Cosimo. Peppe organise alors méticuleusement
le casse avec les complices de Cosimo.
"Le Pigeon" (I soliti ignoti,
1958) de Mario Monicelli est souvent considéré comme un chef-d'œuvre de la
comédie italienne, incarnant à la perfection ce mélange unique de satire
sociale et de burlesque typique de l'époque. Monicelli, à travers ce film,
s’attaque aux réalités des classes populaires italiennes, mais avec une
tendresse palpable, transformant leurs mésaventures en un reflet critique et
hilarant de la société.
L’histoire repose sur un groupe de marginaux, des « bras
cassés », qui tentent d’accomplir un cambriolage supposé facile. Au cœur du
film, le personnage de Peppe, boxeur raté, est contraint de prendre la place du
petit escroc Cosimo, arrêté par la police, dans un plan censé sauver l’honneur
de ce dernier. Cependant, ce vol, qui aurait dû être une formalité, se
transforme en une série de catastrophes comiques, révélant à quel point même la
police italienne n’est pas beaucoup plus habile que ces truands maladroits.
Ce qui fait la force du film, au-delà du scénario
rocambolesque, c’est la galerie de personnages savoureusement interprétés par
les géants du cinéma italien de l’époque. Vittorio Gassman, dans le rôle du
vaniteux mais malchanceux Peppe, brille par son talent comique. Marcello
Mastroianni, qui joue Tiberio, un photographe malheureux, apporte une touche de
subtilité et de mélancolie à son personnage. Totò, icône de la comédie, est
éblouissant dans son rôle de Dante Cruciani, un vieil expert en cambriolage aussi
excentrique qu’inutile. Renzo Salvatori et Carlo Pisacane viennent compléter
cette équipe de malfrats touchants par leur maladresse. Claudia Cardinale, dans
un de ses premiers grands rôles, incarne une beauté rayonnante qui illumine
littéralement l’écran.
Monicelli s’appuie sur une mise en scène impeccable,
combinant l’énergie des dialogues avec un sens du rythme propre à la commedia
dell'arte. Les gags visuels, souvent hérités du slapstick, et les
rebondissements invraisemblables renforcent le côté tragiquement absurde des
tentatives des personnages pour réussir leur coup. Chaque scène est un délice,
jouant sur l’excès, les stéréotypes italiens et l’humour de situation.
Mais sous cette apparente légèreté, Le Pigeon est
aussi une critique sociale acerbe, montrant l’Italie d’après-guerre en proie à
la pauvreté et aux inégalités. Les personnages, malgré leur comique, sont des
perdants magnifiques, symboles d’une classe populaire cherchant désespérément à
échapper à leur condition, souvent avec des moyens dérisoires.
La fin du film, où le vol échoue de façon spectaculaire,
incarne toute la beauté tragique du cinéma de Monicelli : même dans la défaite,
ces personnages continuent à susciter l’affection du spectateur. Cette
humanité, cette chaleur qui se dégage du film, font de Le Pigeon bien
plus qu’une simple comédie : c’est un tableau sincère et vibrant de la vie
italienne des années 50-60.
Le Pigeon est une œuvre intemporelle qui, sous
couvert de farce, réussit à capturer la condition humaine avec une justesse et une
drôlerie inégalée. La réunion des plus grands acteurs italiens de l’époque,
dirigés par un Monicelli au sommet de son art, fait de ce film un véritable
joyau du cinéma.
NOTE : 16.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Mario Monicelli
- Scénario : Mario Monicelli, Agenore Incrocci, Furio Scarpelli et Suso Cecchi D'Amico
- Production : Franco Cristaldi
- Musique : Piero Umiliani
- Photographie : Gianni Di Venanzo
- Montage : Adriana Novelli
- Décors : Vito Anzalone
- Costumes : Piero Gherardi
- Pays d'origine : Italie
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