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dimanche 15 septembre 2024

12.90 - MON AVIS SUR LE FILM LA TETE CONTRE LES MURS DE GEORGES FRANJU


Vu le film (redécouverte) La Tête contre les Murs de Georges Franju (1959) avec Jean Pierre Mocky Pierre Brasseur Anouk Aimée Charles Aznavour Jean Galland Paul Meurisse Roger Legris Edith Scob Henri Poirier Jacques Seiler

Fils désœuvré d'un ténor du barreau, François Gérane tente, pour rembourser des dettes, de voler son père qui décide de le faire interner dans un asile à la campagne, où prévalent des méthodes hors d’âge. Seulement visité par Stéphanie, qu’il venait de rencontrer, François partage ses projets d’évasion avec Heurtevent. Une crise d’épilepsie de celui-ci met fin à leur tentative commune, mais son suicide donne à François l’occasion de s’évader au cours de l’enterrement. Bien qu’ayant trouvé un travail et une possibilité de logement à Paris, il se rend chez Stéphanie avec qui il passe la nuit, avant d’y être retrouvé par les infirmiers qui le ramènent à l’asile.

La tête contre les murs (1959), réalisé par Georges Franju, est une œuvre captivante qui plonge dans l'univers sombre de la folie et des institutions psychiatriques. Le film se distingue non seulement par sa mise en scène inquiétante, mais aussi par la force de ses personnages, magistralement incarnés par un casting de choix, dont Jean-Pierre Mocky, qui a également coécrit le scénario.

Mocky, dans le rôle de François, jeune homme révolté contre l'autorité paternelle, est un anti-héros complexe. Il se retrouve interné dans un asile psychiatrique après avoir défié son père, un homme rigide et conformiste. Ce lieu d'enfermement devient alors le théâtre d'une exploration fascinante de la folie, où la question de savoir qui est réellement fou — les pensionnaires ou ceux qui dirigent l'institution — est constamment posée. Franju joue subtilement avec cette ambiguïté, dépeignant les administrateurs et les médecins comme des figures inquiétantes, parfois plus dérangées que les patients qu'ils sont censés soigner.

Visuellement, La tête contre les murs est marqué par l’esthétique singulière de Franju, mélange de réalisme brut et de stylisation onirique. Les décors de l'asile, austères et oppressants, renforcent l'atmosphère de tension constante. On retrouve cette veine poétique et macabre qui traversait déjà ses œuvres précédentes comme Le Sang des bêtes (1949), où il dépeignait l'inhumanité dans des lieux clos. Ici, la folie est traitée avec une certaine distance, presque clinique, mais sans jamais perdre de vue l'humanité des personnages.

Le casting est irréprochable. Mocky, à la fois touchant et imprévisible, est soutenu par de grands noms du cinéma français. Charles Aznavour, dans le rôle d'un camarade interné, apporte une sensibilité délicate à son personnage, tandis que Anouk Aimée incarne une figure féminine énigmatique, accentuant la dimension poétique du film. Leurs performances apportent une intensité rare, brisant le confort habituel de ces acteurs et dévoilant une part plus brute de leur talent.

Franju parvient à instaurer une tension palpable tout au long du film, notamment grâce à sa mise en scène précise et ses cadrages soignés. L’asile devient presque un personnage à part entière, enfermant les protagonistes dans une prison mentale dont il semble impossible de s’échapper.

Le film soulève également des questions profondes sur la normalité, le libre arbitre et l'exercice du pouvoir. Qui a le droit de juger de la santé mentale d'un individu ? Cette interrogation résonne avec force tout au long du film, où les pensionnaires semblent parfois plus lucides que les médecins eux-mêmes.

La tête contre les murs est une œuvre essentielle du cinéma français des années 50. C'est un film qui interroge et bouscule, à travers une esthétique unique et des performances d’acteurs inoubliables. Franju, en mettant en lumière l'absurdité des systèmes institutionnels, signe ici un film à la fois profond, oppressant et terriblement humain. Un chef-d’œuvre qui continue de marquer les esprits.

NOTE : 12.90

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