Dans le Cadre des Mille Films de ma Vie , je vous propose le film Le Faux Coupable de Alfred Hitchcock (1957) avec Henry Fonda Vera Miles Lola d’Annunzio Robert Essen Kippy Campbell John Heldabrant Esther Minciotti Anthony Quayle Charles Cooper Doreen Lang
Christopher Balestrero (Henry
Fonda), surnommé « Manny », joue de la contrebasse dans
une formation de jazz-latino qui se produit au Stork Club à New York.
Travaillant de nuit, il semble heureux avec Rose (Vera Miles),
son épouse, et leurs deux fils, âgés de 8 et 5 ans. Cependant, il se débat
entre ses factures à payer, quelques dettes à rembourser (moins de 50
dollars) : le couple n'a pas d'argent de côté et doit continuellement
emprunter.
Alors qu'il se rend au siège de sa compagnie d'assurances
afin de demander un prêt de 300 dollars pour offrir des soins dentaires à
Rose, la guichetière le reconnaît formellement comme étant l'homme qui y a
commis un hold-up il y a peu. Arrêté, Manny est alors traîné par la police dans
plusieurs autres commerces qu'il aurait également braqué et, à chaque fois, est
reconnu par les propriétaires. Manny croit à un malentendu sans conséquences,
mais il finit par être confondu car son écriture s'avère être la même que celle
de la personne recherchée. Il est donc emprisonné pour agression et vol à main
armée. Il est cependant libéré sous caution, contre 7 500
dollars payés par son beau-frère, puis, avec l'aide d'un avocat, Frank D. O'Connor
Le Faux Coupable (1956) est un film d'une rare
intensité, où Alfred Hitchcock abandonne le spectaculaire au profit d'une
sobriété glaçante pour dépeindre la mécanique implacable de la justice
américaine. Ce film, basé sur une histoire vraie, est une œuvre qui se distingue
dans la filmographie de Hitchcock par son réalisme cru et sa capacité à
capturer l'angoisse d'un homme pris dans l'engrenage judiciaire.
Henry Fonda incarne avec une justesse déconcertante Manny
Balestrero, un père de famille ordinaire dont la vie bascule lorsqu'il est
accusé à tort de vol à main armée. Fonda, avec son allure calme et son charisme
naturel, dépeint parfaitement ce personnage, un homme de bien soudainement
confronté à l'injustice. Sa prestation est d'autant plus poignante qu'il fait
passer, par de simples regards et attitudes, toute la détresse d'un individu
voyant le monde s'effondrer autour de lui. Sa lente transformation, de père
serein à homme brisé par la machine judiciaire, est captivante.
Hitchcock, en maître du suspense, parvient à créer une
tension palpable tout au long du film, sans avoir recours aux artifices
habituels du genre. Ici, le noir et blanc est utilisé avec une maîtrise qui
donne le vertige, renforçant l'atmosphère oppressante et inéluctable qui
enveloppe le personnage principal. La photographie, signée Robert Burks,
magnifie les ombres et les contrastes, symbolisant à merveille le monde de plus
en plus sombre dans lequel s'enfonce Manny. Chaque plan est calculé pour accentuer
le sentiment d'injustice, d'emprisonnement psychologique, et d'une menace
constante qui pèse sur lui et sa famille.
L'un des aspects les plus remarquables du film est la
manière dont Hitchcock critique le système judiciaire américain. Le Faux
Coupable n'est pas seulement un drame judiciaire ; c'est aussi une
dénonciation de la manière dont un système peut broyer un innocent,
transformant un simple père de famille en un paria social. L'erreur judiciaire
est ici montrée non pas comme une exception, mais comme une conséquence presque
inévitable d'un système déshumanisé et bureaucratique.
L'impact de cette erreur ne se limite pas à Manny. La
détérioration mentale de sa femme, jouée par Vera Miles, est une autre facette
dévastatrice du film. Hitchcock montre avec une précision douloureuse comment
l'injustice qui frappe Manny déchire également le tissu de sa famille,
plongeant sa femme dans une spirale de dépression et de paranoïa. Ce n'est pas
seulement la vie de Manny qui est détruite, mais celle de tous ceux qui
l'entourent, soulignant l'effet dévastateur des erreurs judiciaires sur les individus
et leurs proches.
La fin du film, sans être ouvertement pessimiste, ne laisse
pas de doute sur l'ampleur des dégâts causés par cette expérience
traumatisante. Même si l'innocence de Manny est finalement reconnue, les
séquelles psychologiques et émotionnelles persistent, comme une ombre sur leur
vie. Hitchcock ne cherche pas à offrir une résolution simple ou réconfortante ;
il préfère laisser le spectateur méditer sur l'horreur de ce qui vient de se
dérouler.
NOTE : 15.90
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Alfred Hitchcock
- Scénario : d'après The True Story of Christopher Emmanuel Balestrero de Maxwell Anderson, remanié par Angus MacPhail
- Photographie : Robert Burks
- Montage : George Tomasini
- Musique : Bernard Herrmann
- Direction artistique : Paul Sylbert
- Décors : William L. Kuehl
- Producteurs : Herbert Coleman producteur associé et Alfred Hitchcock (non crédité)
- Société de production : Warner Bros. Pictures
- Pays d'origine : États-Unis
- Budget : 1 200 000 $
- Henry Fonda (VF : René Arrieu) : Christopher Emmanuel Manny Balestrero
- Vera Miles (VF : Nelly Benedetti) : Rose Balestrero
- Anthony Quayle (VF : Claude Bertrand) : l'avocat Frank O’Connor
- Harold J. Stone (VF : Pierre Leproux) : Detective lieutenant Bowers
- Charles Cooper (VF : Jacques Thébault) : Detective Matthews
- John Heldabrand (VF : Roger Rudel) : le procureur Tomasini
- Esther Minciotti (VF : Marie Francey) : la mère de Manny Balestrero
- Doreen Lang (VF : Lita Recio) : Ann James, témoin
- Laurinda Barrett (VF : Jacqueline Ferrière) : Constance Willis, témoin
- Norma Connolly (VF : Nadine Alari) : Betty Todd, témoin
- Nehemiah Persoff (VF : Michel Gudin) : Gene Conforti, le beau-frère de Manny
- Lola D'Annunzio : Olga Conforti, la sœur de Manny
- Werner Klemperer : Docteur Bannay, psychiatre
- Kippy Campbell (VF : Linette Lemercier) : Robert Balestrero (fils)
- Robert Essen : Gregory Balestrero (fils)
- Richard Robbins (VF : William Sabatier) : Daniel, le vrai coupable
- Dayton Lummis (VF : Gérard Férat) : le juge Groat
- Peggy Webber : Miss Dennerly, la guichetière du bureau des assurances
- Actrices non créditées
- Claudia Bryar : une cliente du bureau des assurances
- Penny Santon : la voisine espagnole
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