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mercredi 28 août 2024

14.20 - VU LE FILM PRISCILLA DE SOFIA COPPOLA (2023)


Vu le film Priscilla de Sofia Coppola (2024) avec Cailee Spaeny Jacob Elordi Dagmara Dominczyk  Deana Jarvis Luke Humphrey Jorja Cadence Emily Mitchell Tim Post Ari Cohen R Austin Ball

En 1959Priscilla Beaulieu, âgée de 14 ans, vient d'arriver à Bad Nauheim, en Allemagne. Son père y est affecté sur une base militaire américaine. Elle rencontre Elvis Presley, qui accomplit son service militaire, lors d'une soirée. Elvis s'intéresse tout de suite à l'adolescente, mais reste conscient de la différence d'âge. Les parents de celle-ci sont quant à eux très réticents à la voir fréquenter une star, alors qu'elle est encore très jeune. Lorsqu'Elvis rentre aux États-Unis, Priscilla reste sans nouvelles, et est vite convaincue qu'il l'a oubliée.

Le film Priscilla de Sofia Coppola est une œuvre délicate et mélancolique, qui s’intéresse à l'histoire d'amour complexe et tourmentée entre Priscilla Beaulieu et Elvis Presley. Contrairement à de nombreux biopics qui se concentrent principalement sur la carrière musicale et la vie publique d’Elvis, Sofia Coppola choisit ici de raconter l’histoire d’une jeune femme, projetée dans un monde de célébrité et de pression médiatique auquel elle n’était pas préparée. C’est un film sur l'intimité, la fragilité et l’isolement, où la caméra de Coppola capte avec sensibilité l’évolution intérieure de Priscilla, interprétée de façon remarquable par Cailee Spaeny.

Le film débute lorsque Priscilla, alors âgée de 14 ans, rencontre Elvis, déjà une superstar planétaire. La différence d'âge et de milieu social est frappante : elle, issue d'une famille aisée, bien éduquée, avec des principes ; lui, le roi du rock, dont chaque geste est scruté par une armée de paparazzis et dont les fans rêvent de prendre la place de Priscilla. Ce contraste crée une tension narrative subtile : comment une adolescente peut-elle évoluer dans cet univers écrasant sans perdre son identité ?

Sofia Coppola, fidèle à son style, livre un film qui respire la poésie visuelle et émotionnelle. La photographie est exceptionnelle, baignant les personnages dans une lumière douce et rêveuse qui capture à merveille l’intemporalité de l’amour et des désillusions. Les décors, les costumes, et l'atmosphère générale sont soignés à l'extrême, transportant le spectateur dans une époque à la fois glamour et étouffante. La réalisatrice maîtrise l’art de l’ellipse, laissant souvent les moments les plus intimes hors-champ, notamment ceux de la chambre à coucher, préservant ainsi une certaine pudeur et distance. Cette approche subtile est l’une des forces du film : elle laisse place à l’imagination et permet au spectateur de ressentir plutôt que de simplement voir.

Ce qui distingue également Priscilla des autres films sur Elvis, comme celui de Baz Luhrmann, c'est son point de vue résolument centré sur la jeune femme, faisant de son expérience le cœur émotionnel du film. Là où Luhrmann plongeait dans l'extravagance et l'énergie frénétique de la carrière d'Elvis, Coppola préfère s'attarder sur les moments d'intimité et de solitude, dessinant avec précision le portrait d'une femme cherchant à se définir en dehors de l’ombre de son compagnon célèbre. La bande-son, sublime, accompagne à la perfection cette ambiance, mêlant morceaux iconiques de l’époque à des compositions plus mélancoliques, renforçant ainsi l'émotion douce-amère qui traverse le film.

Cailee Spaeny est impeccable dans le rôle de Priscilla, incarnant à la fois l’innocence, la confusion et la force intérieure de son personnage. Elle parvient à rendre crédible l’évolution de cette jeune fille vers la femme qu'elle deviendra, tout en capturant la souffrance silencieuse d’une personne qui cherche sa place dans un monde où tout tourne autour de son partenaire. Cependant, la véritable révélation du film est Jacob Elordi dans le rôle d’Elvis Presley. Loin de l’exubérance à laquelle on pourrait s’attendre, Elordi propose une interprétation tout en subtilité, où l'homme derrière la star transparaît avec vulnérabilité. Il n’essaie pas de copier l’Elvis iconique, mais d’en montrer les failles, les doutes et les contradictions. Ce choix d’incarner un Elvis plus intériorisé et fragilisé est audacieux et fonctionne à merveille, rendant le personnage plus humain, plus touchant.

Coppola n'a pas cherché à faire un film sensationnaliste ou excessif, mais plutôt à proposer un regard intimiste sur une relation marquée par des déséquilibres de pouvoir, la célébrité et la solitude. Le film se présente presque comme un contrepoint à la vision explosive et baroque de Luhrmann, en se focalisant sur l'individu derrière la façade publique et en explorant les effets de la célébrité sur les relations personnelles.

NOTE : 14.20

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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