Vu le film Priscilla de Sofia Coppola (2024) avec Cailee Spaeny Jacob Elordi Dagmara Dominczyk Deana Jarvis Luke Humphrey Jorja Cadence Emily Mitchell Tim Post Ari Cohen R Austin Ball
En 1959, Priscilla
Beaulieu, âgée de 14 ans, vient d'arriver à Bad
Nauheim, en Allemagne. Son père y est affecté sur une base militaire
américaine. Elle rencontre Elvis
Presley, qui accomplit son service
militaire, lors d'une soirée. Elvis s'intéresse tout de suite à
l'adolescente, mais reste conscient de la différence d'âge. Les parents de
celle-ci sont quant à eux très réticents à la voir fréquenter une star, alors
qu'elle est encore très jeune. Lorsqu'Elvis rentre aux États-Unis, Priscilla
reste sans nouvelles, et est vite convaincue qu'il l'a oubliée.
Le film Priscilla de Sofia Coppola est une œuvre délicate
et mélancolique, qui s’intéresse à l'histoire d'amour complexe et tourmentée
entre Priscilla Beaulieu et Elvis Presley. Contrairement à de nombreux biopics
qui se concentrent principalement sur la carrière musicale et la vie publique
d’Elvis, Sofia Coppola choisit ici de raconter l’histoire d’une jeune femme,
projetée dans un monde de célébrité et de pression médiatique auquel elle
n’était pas préparée. C’est un film sur l'intimité, la fragilité et l’isolement,
où la caméra de Coppola capte avec sensibilité l’évolution intérieure de
Priscilla, interprétée de façon remarquable par Cailee Spaeny.
Le film débute lorsque Priscilla, alors âgée de 14 ans,
rencontre Elvis, déjà une superstar planétaire. La différence d'âge et de
milieu social est frappante : elle, issue d'une famille aisée, bien éduquée,
avec des principes ; lui, le roi du rock, dont chaque geste est scruté par une
armée de paparazzis et dont les fans rêvent de prendre la place de Priscilla.
Ce contraste crée une tension narrative subtile : comment une adolescente
peut-elle évoluer dans cet univers écrasant sans perdre son identité ?
Sofia Coppola, fidèle à son style, livre un film qui
respire la poésie visuelle et émotionnelle. La photographie est exceptionnelle,
baignant les personnages dans une lumière douce et rêveuse qui capture à
merveille l’intemporalité de l’amour et des désillusions. Les décors, les
costumes, et l'atmosphère générale sont soignés à l'extrême, transportant le
spectateur dans une époque à la fois glamour et étouffante. La réalisatrice
maîtrise l’art de l’ellipse, laissant souvent les moments les plus intimes hors-champ,
notamment ceux de la chambre à coucher, préservant ainsi une certaine pudeur et
distance. Cette approche subtile est l’une des forces du film : elle laisse
place à l’imagination et permet au spectateur de ressentir plutôt que de
simplement voir.
Ce qui distingue également Priscilla des autres films sur
Elvis, comme celui de Baz Luhrmann, c'est son point de vue résolument centré
sur la jeune femme, faisant de son expérience le cœur émotionnel du film. Là où
Luhrmann plongeait dans l'extravagance et l'énergie frénétique de la carrière
d'Elvis, Coppola préfère s'attarder sur les moments d'intimité et de solitude,
dessinant avec précision le portrait d'une femme cherchant à se définir en
dehors de l’ombre de son compagnon célèbre. La bande-son, sublime, accompagne à
la perfection cette ambiance, mêlant morceaux iconiques de l’époque à des
compositions plus mélancoliques, renforçant ainsi l'émotion douce-amère qui
traverse le film.
Cailee Spaeny est impeccable dans le rôle de Priscilla,
incarnant à la fois l’innocence, la confusion et la force intérieure de son
personnage. Elle parvient à rendre crédible l’évolution de cette jeune fille
vers la femme qu'elle deviendra, tout en capturant la souffrance silencieuse
d’une personne qui cherche sa place dans un monde où tout tourne autour de son
partenaire. Cependant, la véritable révélation du film est Jacob Elordi dans le
rôle d’Elvis Presley. Loin de l’exubérance à laquelle on pourrait s’attendre,
Elordi propose une interprétation tout en subtilité, où l'homme derrière la
star transparaît avec vulnérabilité. Il n’essaie pas de copier l’Elvis
iconique, mais d’en montrer les failles, les doutes et les contradictions. Ce
choix d’incarner un Elvis plus intériorisé et fragilisé est audacieux et
fonctionne à merveille, rendant le personnage plus humain, plus touchant.
Coppola n'a pas cherché à faire un film sensationnaliste
ou excessif, mais plutôt à proposer un regard intimiste sur une relation
marquée par des déséquilibres de pouvoir, la célébrité et la solitude. Le film
se présente presque comme un contrepoint à la vision explosive et baroque de
Luhrmann, en se focalisant sur l'individu derrière la façade publique et en
explorant les effets de la célébrité sur les relations personnelles.
NOTE : 14.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Sofia Coppola
- Scénario : Sofia Coppola, d'après l'ouvrage Elvis and Me de Priscilla Presley et Sandra Harmon
- Musique : Phoenix
- Décors : Tamara Deverell
- Direction artistique : Danny Haeberlin
- Costumes : Stacey Battat
- Monteuse : Sarah Flack
- Photographie : Philippe Le Sourd
- Production : Sofia Coppola, Youree Henley et Lorenzo Mieli
- Production déléguée : Priscilla Presley
- Société de production : American Zoetrope, Stage 6 Films (en) et The Apartment
- Société de distribution : A24 (États-Unis), Sony Pictures Releasing France (France)
- Cailee Spaeny (VQ : Célia Gouin-Arsenault) : Priscilla Presley
- Jacob Elordi (VQ : Xavier Dolan) : Elvis Presley
- Dagmara Dominczyk (VQ : Catherine Proulx-Lemay) : Ann Beaulieu
- Deanna Jarvis : Carol West
- Luke Humphrey (VQ : Adrien Bletton) : Terry West
- Jorja Cadence : Patsy Presley
- Tim Post (en) : Vernon Presley
- Emily Mitchell : Lisa Marie Presley
- Ari Cohen (VQ : Louis-Philippe Dandenault) : le capitaine Beaulieu
- R Austin Ball : Larry Geller
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