Vu le film La Maison du Docteur Edwards de Alfred Hitchcock (1945) avec Ingrid Bergman Grégory Peck Rhonda Fleming Mikhail Tcherkov Jean Acker Leo G.Carroll Norman Lloyd John Emery Steven Geray Bill Goodwin Donald Curtis Wallace Ford
Le médecin chef d'un asile psychiatrique du Vermont
se voit contraint de prendre sa retraite. Débarque alors le jeune et séduisant
Dr. Edwards pour le remplacer à la tête de l'institut. Constance Peterson, une psychanalyste
réputée pour sa froideur, tombe amoureuse du nouveau directeur. Mais le
Dr. Edwards se conduit de plus en plus bizarrement. Qui est-il vraiment ?
La Maison du Dr Edwards
(en anglais, Spellbound), réalisé par Alfred Hitchcock en 1945, est un
film fascinant qui se situe à l'intersection du thriller psychologique et du
film noir, avec des thèmes majeurs autour de la psychanalyse, de la
culpabilité, et des mystères enfouis dans l'inconscient. Avec un scénario
coécrit par Ben Hecht et inspiré du roman The House of Dr. Edwards de
Francis Beeding, ce film plonge le spectateur dans un asile psychiatrique où la
vérité semble toujours se dérober.
Le film met en scène Ingrid Bergman dans le rôle du
Dr Constance Petersen, une psychiatre rigoureuse et dévouée, et Gregory Peck
dans le rôle de John Ballantyne, un homme souffrant d’amnésie et de psychoses,
qui se fait passer pour le nouveau directeur de l'institution psychiatrique.
Très vite, Constance s'attache à lui et découvre que John n'est pas celui qu'il
prétend être. Pourtant, plutôt que de l’abandonner, elle s’engage dans une
quête pour résoudre les mystères de son passé, usant de la psychanalyse comme
outil clé.
L'intrigue est un dédale labyrinthique où la
frontière entre le rationnel et l’irrationnel s’efface. Le spectateur est
confronté à une série d’énigmes psychiques, où les "fous" ne sont pas
seulement les patients, mais aussi, potentiellement, les soignants, les
autorités ou même l’individu qui se croit le plus sain d'esprit. Hitchcock joue
habilement sur l’ambiguïté morale et psychologique des personnages, entre le
docteur et le patient, et questionne les notions de normalité. À cet égard, La
Maison du Dr Edwards n'est pas seulement un thriller captivant, mais aussi
une méditation sur les dangers de la répression psychologique et les secrets
que l’esprit tente de cacher.
L'un des éléments les plus frappants du film est
l'utilisation des rêves et de la psychanalyse freudienne pour dévoiler des
vérités cachées. Le point culminant de ce thème est sans doute la célèbre
séquence de rêve conçue par Salvador Dalí. Ce rêve surréaliste, avec ses images
déformées, ses visages masqués et ses éléments géométriques étranges, symbolise
la confusion mentale de John Ballantyne, mais aussi la complexité du travail
psychanalytique. La quête du sens de ce rêve devient un élément central du
dénouement de l’intrigue, et Hitchcock montre ici comment les rêves, bien que
déroutants, sont les révélateurs de vérités profondes et inavouées.
Quant à l’énigme des "trois traits dans la
neige", elle est le cœur du mystère : un souvenir enfoui qui revient dans
la mémoire de John et qui détient la clé de son amnésie. Ces trois lignes sont
révélatrices d’un traumatisme profond, et, pour Hitchcock, elles sont une
manière de représenter la nature fragmentaire et éclatée de la mémoire
traumatique. Ce motif récurrent dans le film symbolise non seulement l’effort
de John pour reconstituer les morceaux de son passé brisé, mais aussi la difficulté
pour les personnages — et les spectateurs — de discerner la vérité dans un
univers où la réalité et l'illusion se chevauchent constamment.
Le thème central du film est donc la question de la
perception : comment les individus perçoivent-ils eux-mêmes et les autres ?
Quelle est la part de l’illusion, de la déformation et de l’autodéfense dans
cette perception ? À travers la relation entre Constance et John, Hitchcock
pose également la question du pouvoir guérisseur de l’amour et de la confiance
mutuelle face à des forces internes destructrices. Constance croit en
l'innocence de John malgré toutes les apparences, ce qui en fait une héroïne inhabituelle
pour l'époque, tant par sa profession de psychiatre que par son engagement
émotionnel et intellectuel.
NOTE : 14.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Alfred Hitchcock, assisté de Charles Barton (non crédité)
- Scénario : Ben Hecht, avec la participation d'Alfred Hitchcock
- Adaptation : Angus MacPhail, d'après le roman The House Of Dr. Edwardes de Francis Beeding
- Conseillère en psychanalyse : May Romm (en) (non créditée)
- Musique originale : Miklós Rózsa
- Musique additionnelle : Audrey Granville (non créditée)
- Photographie : George Barnes
- Direction artistique : James Basevi
- Création des costumes : Howard Greer
- Montage : Hal C. Kern et William H. Ziegler
- Peintre de la « séquence du rêve » : Salvador Dalí
- Production : David O. Selznick pour United Artists
- Sociétés de production : Selznick International Pictures et Vanguard Films Inc. (non créditée)
- Société de distribution : Vanguard Films
- Ingrid Bergman (VF : Paula Dehelly) : Dr Constance Petersen
- Gregory Peck (VF : Marc Valbel) : John Ballantine / Dr Anthony Edwardes / John Brown
- Michael Tchekhov (VF : Paul Ville) : Dr Alexander « Alex » Brulov
- Leo G. Carroll (VF : René Montis) : Dr Murchinson
- Rhonda Fleming (VF : Françoise Gaudray) : Mary Carmichael
- John Emery (VF : Gérard Férat) : Dr Fleurot
- Norman Lloyd : Mr Garmes
- Bill Goodwin (VF : Fernand Rauzena) : le détective de l’hôtel
- Steven Geray (VF : Jean-Henri Chambois) : Dr Graff
- Donald Curtis : Harry
- Wallace Ford (VF : Camille Guérini) : l'étranger dans le hall de l’hôtel
- Art Baker : l'inspecteur Cooley
- Regis Toomey (VF : Marcel Herrand) : le sergent Gillespie
- Paul Harvey (VF : Henry Valbel) : Dr Hanish
Et, parmi les acteurs non crédités :
- Jean Acker : une matrone (en)
- Irving Bacon : l'employé du tramway
- Jacqueline deWit : une infirmière
- Edward Fielding : Anthony Edwardes, le véritable docteur
- Victor Kilian : le shérif
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