16.30 - MILLE FILMS DE MA VIE : GLORIA DE JOHN CASSAVETES (1980)

 Dans le cadre des Mille films de ma Vie, je vous propose le film Gloria de John Cassavetes (1980) avec Gena Rowlands John Adames Buck Henry Julie Carmen Lupe Gamica Gregory Clerghorne Jessica Castillo Tom Noonan John Finnegan Val Avery

 

Dans l'immeuble new-yorkais où elle vit seule avec son chat, Gloria, ancienne danseuse et ex-maîtresse d'un mafieux, frappe à la porte de ses voisins de palier, les Dawn. Ces derniers font leurs paquets, craignant l'imminence de représailles depuis que le père, comptable d'une organisation criminelle, a livré des informations au FBI. Pris de panique, ils demandent à Gloria de prendre soin de Phil, leur fils de 6 ans. Alors que des tueurs font irruption, Gloria prend la fuite avec le garçon.

 

 Gloria (1980) de John Cassavetes est un film qui, comme beaucoup d'œuvres du réalisateur, transcende les genres pour explorer la complexité des relations humaines. Ce film se distingue par la performance magistrale de Gena Rowlands, une actrice qui incarne ici toute la force et la vulnérabilité d'une femme poussée dans ses retranchements. Ce rôle est d'autant plus marquant qu'il a été écrit spécialement pour elle par Cassavetes, son mari et collaborateur de longue date. Le duo formé par Rowlands et Cassavetes est légendaire dans le cinéma indépendant, et Gloria en est une preuve éclatante.

Le film raconte l'histoire de Gloria Swenson, une ancienne maîtresse d'un mafieux qui se retrouve malgré elle à protéger un jeune garçon, Phil, dont la famille a été tuée par la mafia. Gloria, qui ne voulait plus avoir affaire à ce monde, se voit obligée de fuir avec l'enfant à travers New York. Ce qui frappe d'emblée, c'est la manière dont Cassavetes aborde le genre du film noir en y injectant sa sensibilité unique. Plutôt que de s'attarder sur les scènes d'action ou de violence, il s'intéresse aux réactions émotionnelles de ses personnages, à leurs dilemmes moraux et à leur évolution psychologique.

Gena Rowlands est phénoménale dans le rôle de Gloria. Elle apporte une profondeur à son personnage qui va bien au-delà de l'archétype de la "femme forte". Son interprétation oscille entre la froideur d'une femme qui a tout vu et la tendresse inattendue qui émerge lorsqu'elle se retrouve à devoir protéger Phil. La dynamique entre Gloria et Phil est au cœur du film, et Rowlands parvient à capturer parfaitement la progression de cette relation, passant de la réticence à l'attachement profond. Ce duo improbable donne au film une chaleur humaine qui contraste avec le monde froid et dangereux qui les entoure.

Cassavetes, fidèle à son style, tourne Gloria avec une liberté de ton qui était révolutionnaire à l'époque. Les dialogues semblent souvent improvisés, les scènes de tension sont entrecoupées de moments plus calmes et introspectifs, et la caméra, souvent à l'épaule, suit les personnages de près, capturant chaque nuance de leurs émotions. Cette approche réaliste et intime confère au film une authenticité rare, éloignée des standards hollywoodiens.

Ma rencontre avec Gena Rowlands au Festival de Deauville en 2007 ajoute une dimension personnelle à mon expérience de ce film. La présence de Rowlands, avec ses lunettes noires, symbolise à elle seule tout le mystère et le charisme de cette actrice hors du commun. C'est grâce à des moments suspendus comme celui-ci que l'on peut vraiment saisir l'impact qu'un film ou une performance peut avoir sur un individu.

Gloria est un film qui marque non seulement par son intrigue, mais aussi par la manière dont il capte les émotions humaines dans toute leur complexité. Pour ceux qui, comme moi, ont découvert le cinéma de Cassavetes à travers ce film, c'est une entrée en matière parfaite pour explorer le reste de son œuvre, où l'intensité des relations et la profondeur des personnages sont toujours au centre. Ce film reste une œuvre majeure, non seulement dans la carrière de Cassavetes, mais aussi dans celle de Gena Rowlands, dont la performance continue d'inspirer et de fasciner des générations de cinéphile

NOTE : 16.30

FICHE TECHNIQUE

• Réalisation : John Cassavetes
• Scénario : John Cassavetes
• Production : Sam Shaw et Stephen F. Kesten
• Société de production : Columbia Pictures
• Musique : Bill Conti
• Photographie : Fred Schuler
• Montage : George C. Villaseñor
• Décors : Rene d'Auriac
• Costumes : Peggy Farrell et Emanuel Ungaro

DISTRIBUTION

• Gena Rowlands (VF : Michèle Bardollet) : Gloria Swenson
• John Adames (VF : Jackie Berger) : Phil Dawn
• Julie Carmen (VF : Béatrice Delfe) : Jeri Dawn
• Tony Knesich (VF : Alain Dorval) : Gangster
• Buck Henry (VF : Georges Poujouly) : Jack Dawn
• Lupe Garnica (VF : Jacqueline Porel) : Margarita Vargas
• Jessica Castillo : Joan Dawn
• Lawrence Tierney (VF : Jacques Ferrière) : Le barman de Broadway
• Tom Noonan (VF : Michel Bardinet) : Un homme de main
• Val Avery (VF : Jean Violette) : Sill
• Ray Baker : le directeur-adjoint de la banque
• J. C. Quinn : le quatrième chauffeur sur Riverside
• Marilyn Putnam (VF : Paule Emanuele) : la serveuse
• Walter Dukes (VF : Jacques Ferrière) : le chauffeur de taxi noir expulsant Sill
• John Finnegan (VF : Georges Atlas) : Frank
• Basilio Franchina (VF : Jacques Deschamps) : Tony Tanzini
• Santos Morales (VF : Roger Rudel) : le chauffeur de taxi au cimetière
• William E. Rice (VF : Roland Ménard) : l'envoyé spécial TV
• Filomena Spagnuolo : vieille femme (non créditée)