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lundi 12 août 2024

16.10 - MILLE FILMS DE MA VIE - LA CORDE DE ALFRED HITCHCOCK (1948)


Dans le Cadre des Mille Films de ma Vie , je vous propose La Corde de Alfred Hitchcock (1948) avec James Stewart John Dall Farley Granger Cedric Hardwicke Constance Collier Douglas Dick Edith Evanson Dick Hogan Joan Chandler

Brandon Shaw et Philip Morgan sont deux étudiants. Dans leur appartement de New York, par un soir ordinaire, ils étranglent un de leurs camarades, David, avec un bout de corde. Ils ont accompli ce meurtre pour mettre en pratique la théorie nietzschéenne de leur professeur Rupert Cadell, qui reconnait aux êtres supérieurs le droit de tuer les êtres inférieurs. Puis, comble du cynisme, ils préparent un dîner auquel sont conviés le soir même, sur le lieu du crime, la famille de la victime, sa petite amie ainsi que Rupert Cadell. Ce dernier observe le comportement étrange des jeunes gens au cours de la soirée. Brandon est sûr de lui et persuadé que le crime restera impuni, alors que Philip est nerveux et apeuré par cette mise en scène macabre. Peu à peu, Cadell va commencer à soupçonner l'impensable.

"La Corde" ("Rope", 1948) est un film audacieux d'Alfred Hitchcock, qui se distingue non seulement par sa technique cinématographique innovante, mais aussi par les thématiques ambiguës et provocatrices qu'il explore, notamment pour l'époque. Inspiré de la pièce de théâtre éponyme et du véritable crime perpétré par Leopold et Loeb, le film est une réflexion troublante sur la morale, le pouvoir, et l'absence de conscience.

Le film raconte l'histoire de deux jeunes hommes, Brandon (John Dall) et Philip (Farley Granger), qui, dans un acte de supériorité intellectuelle, assassinent un camarade de classe, David, simplement pour éprouver la sensation de commettre le "crime parfait". Ils dissimulent le corps dans un coffre en plein milieu de leur appartement, puis organisent une soirée, invitant les proches de la victime, ainsi que leur ancien professeur, Rupert Cadell (James Stewart), pour un dîner littéralement au-dessus du cadavre.

Ce qui rend "La Corde" particulièrement notable, c'est son traitement des personnages de Brandon et Philip, qui, bien qu'implicite, est chargé de sous-entendus homosexuels. À une époque où l'homosexualité était un sujet tabou à Hollywood, Hitchcock parvient à glisser des indices subtils qui suggèrent une relation plus qu'amicale entre les deux hommes. Cette ambiguïté, loin d'être anodine, renforce la tension psychologique du film et ajoute une couche supplémentaire de complexité aux motivations des personnages. Brandon, l'instigateur charismatique et dominateur, exerce un pouvoir manifeste sur le plus fragile et anxieux Philip, ce qui suggère une dynamique de couple entre eux, marquée par la manipulation et la domination.

La froideur et le cynisme de Brandon et Philip, qui tuent sans aucun remords et discutent de leur crime comme d'une œuvre d'art, ajoutent une dimension profondément perturbante à l'intrigue. Ils incarnent une jeunesse sans âme, dépourvue de conscience morale, et semblent croire en une sorte de "droit" intellectuel à transgresser les règles de la société. Ce nihilisme est effrayant, car il met en lumière la fragilité de l'éthique humaine face à l'arrogance intellectuelle.

La structure du film, tourné en apparente continuité avec de longs plans-séquence, contribue également à l'atmosphère de claustrophobie et d'urgence. L'action se déroule en temps réel, ce qui accroît la tension et le sentiment d'inévitabilité. Le spectateur est pris au piège avec les personnages dans cet espace clos, partagé entre le désir de voir leur crime découvert et la fascination morbide pour leur audace.

James Stewart, dans le rôle de Rupert Cadell, est l'élément moral du film, bien que lui-même soit initialement séduit par les théories intellectuelles sur le crime et la supériorité qu'il a enseignées à Brandon et Philip. Lorsqu'il réalise l'horreur de leurs actions, la confrontation finale est d'une intensité remarquable. Stewart incarne à la perfection le mélange de dégoût, de colère, et de responsabilité, confrontant les jeunes meurtriers à la réalité brutale de leurs actes.

"La Corde" est un film qui défie les conventions de son époque, non seulement par son audace technique mais aussi par les thèmes qu'il aborde. L'ambiguïté de la relation entre Brandon et Philip, la froideur de leur crime, et l'exploration des idées de supériorité morale et intellectuelle rendent ce film fascinant et dérangeant. C'est une œuvre qui interroge sur les dangers de la pensée élitiste et sur la capacité de l'homme à rationaliser l'horreur lorsqu'il se croit au-dessus des lois morales.

Alfred Hitchcock fait un caméo très subtil dans "La Corde". Contrairement à ses apparitions habituelles, il ne se montre pas en personne à l'écran. À la place, son profil apparaît sur une enseigne lumineuse publicitaire visible à travers une fenêtre. Cette enseigne est en arrière-plan, dans l'appartement où se déroule l'action, et c'est l'une des rares occasions où Hitchcock ne fait pas une apparition directe dans l'un de ses films

NOTE : 16.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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