Dans le cadre des Mille Films de ma Vie , je vous propose Les Diaboliques de Henri-Georges Clouzot (1955) avec Simone Signoret Vera Clouzot Paul Meurisse Charles Vanel Michel Serrault (son 1er film) Yves Marie Maurin Georges Poujouly Johnny Halliday Pierre Larquey Georges Chamarat Thérèse Dormy Jean Brochard Aminda Montserrat Madeleine Suffel Jacques Hilling Jean Lefebvre Robert Dalban
Un pensionnat de garçons de seconde zone à Saint-Cloud,
dans le département
de la Seine, est dirigé par le tyrannique et cruel
Michel Delassalle. L'école appartient cependant à son épouse, la frêle
professeure Christina, une émigrée du Venezuela. Michel entretient également une
relation avec Nicole Horner, une autre enseignante de l'école. Les deux femmes
entretiennent une relation assez étroite, principalement fondée sur leur haine
mutuelle de Michel. Il est cruel envers les élèves, est craint de tout le corps
enseignant, bat Nicole et se moque de Christina à propos de sa maladie cardiaque.
Les Diabolique
(1955) d'Henri-Georges Clouzot est effectivement l'un des thrillers les plus
terrifiants du cinéma français, à l'atmosphère oppressante et au suspense
implacable. Le film distille une tension presque insupportable du début à la
fin, rendant chaque scène lourde de menaces invisibles. Dès les premières
minutes, on sait que quelque chose ne va pas, que l'air est saturé de
manipulation, de trahison et de violence psychologique. Le personnage de Michel
Delassalle, interprété par Paul Meurisse, incarne la brutalité et la cruauté,
un homme que le spectateur ne peut que mépriser et dont la disparition semble
être un soulagement.
Les personnages féminins sont au cœur de cette
intrigue machiavélique. Christina, jouée par Véra Clouzot, est la femme soumise
et fragile, prête à tout pour échapper à l'emprise de son mari sadique, même si
cela signifie se plier à la volonté de Nicole Horner, magistralement incarnée
par Simone Signoret. Nicole est froide, calculatrice, une manipulatrice hors
pair sans la moindre once de remords. La relation entre ces deux femmes ajoute
une dimension psychologique fascinante au film, un jeu de pouvoir qui se révèle
fatal.
L'un des moments les plus iconiques du film est la
fameuse scène de la piscine, un sommet de tension où le spectateur est suspendu
à la question : le corps de Delassalle va-t-il apparaître ou non ? Cette scène
est un véritable cauchemar éveillé, où l'eau, symbole de purification et de
rédemption, devient au contraire un lieu de terreur absolue. Le jeune Georges
Poujouly, célèbre pour son rôle dans Jeux interdits, plonge dans cette
eau noire de mystère et de suspense, ajoutant encore à la tension dramatique de
la scène.
Le film est aussi parsemé de touches de réalisme cru,
avec des personnages secondaires qui enrichissent l'intrigue, comme le frère de
Patrick Dewaere, Yves-Marie Maurin, qui incarne l'un des enfants témoins du
drame. Il est fascinant de savoir que même Johnny Hallyday fait une brève
apparition dans ce film, avant de devenir l'icône nationale que l'on connaît.
Clouzot a su capturer des visages prometteurs tout en les intégrant dans ce
thriller cauchemardesque.
Un Charles Vanel une sorte de Columbo d’avant-garde
qui comprend vite dans l’ombre et un Jean Lefebvre soldat alcoolique qui
détonne dans cette ambiance
Ce qui rend Diabolique encore plus oppressant,
c'est l'absence totale d'échappatoire morale. Il n'y a pas de héros dans ce
film, seulement des personnages enfermés dans leurs propres noirceurs, piégés
dans un réseau de mensonges et de manipulations. Clouzot ne laisse aucune place
à la lumière, tout est baigné dans l'ombre, y compris la conclusion du film. Ce
twist final, que l'on n'ose pas révéler, est une véritable claque
psychologique, qui continue de hanter le spectateur bien après la fin du
générique.
Diabolique
est donc un thriller puissant, glaçant et superbement réalisé. C'est une leçon
de cinéma, où Clouzot manipule son public avec une maîtrise redoutable, jouant
avec nos nerfs et notre patience jusqu'à l'explosion finale. Rarement un film
français a su maintenir une telle tension, tout en délivrant une analyse aussi
froide et cruelle des relations humaines. Un classique indémodable, et une
œuvre qui continue de terroriser par son ambiance unique et sa noirceur
implacable.
NOTE : 16.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Henri-Georges Clouzot
- Scénario et adaptation : Henri-Georges Clouzot d'après le roman Celle qui n'était plus, de Boileau-Narcejac (Éditions Denoël)
- Dialogues : Henri-Georges Clouzot, Jérôme Géronimi, René Masson, Frédéric Grendel
- Producteurs : Henri-Georges Clouzot, Georges Lourau
- Sociétés de production : Vera Films, Filmsonor
- Sociétés de distribution : Cinédis, Ariane Distribution (1993), Les Acacias (1996), Tamasa Distribution (années 2000), René Chateau vidéo (DVD, 2000), Dear Films (Italie), Kino International (en) (États-Unis), Ciné Vog Films (Belgique), Helsinki-Filmi (Finlande), TF1 International (ventes internationales)
- Musique : Georges van Parys (éditions Choudens)
- Photographie : Armand Thirard
- Son : William-Robert Sivel
- Montage : Madeleine Gug
- Décors : Léon Barsacq
- Costumes : Carven
- Photographe de plateau : Leo Mirkine
- Simone Signoret : Nicole Horner, professeur de latin, maîtresse de Michel
- Véra Clouzot : Christina Delassalle, professeur d'anglais, femme de Michel
- Paul Meurisse : Michel Delassalle, directeur de l'institut privé, mari odieux
- Charles Vanel : le commissaire à la retraite Alfred Fichet
- Pierre Larquey : M. Drain, un enseignant de l'institut Delassalle
- Michel Serrault : M. Raymond, un enseignant de l'institut Delassalle
- Jean Brochard : M. Plantiveau, concierge de l'institut
- Noël Roquevert : M. Herboux, mari d'une agrégée de grammaire, locataire râleur de Nicole à Niort
- Georges Chamarat : le docteur Loisy, cardiologue
- Thérèse Dorny : Mme Herboux, agrégée de grammaire, locataire de Nicole à Niort
- Aminda Montserrat : Mme Plantiveau
- Madeleine Suffel : la dégraisseuse (non créditée)
- Jean Témerson : le garçon d'hôtel.
- Jacques Hilling : l'employé de l'institut médico-légal
- Robert Dalban : le pompiste
- Jacques Varennes : le docteur Bridoux, un professeur de médecine qui ausculte Christina
- Georges Poujouly : Soudieu, élève de l'institut
- Yves-Marie Maurin : le jeune Moynet, élève de l'institut
- Jean Lefebvre : Robert, un deuxième classe ivre
- Camille Guérini : le photographe
- Henri Coutet : l'employé de la morgue (non crédité
- Henri Humbert : le jeune Patard, élève de l'institut (non crédité)
- Michel Dumur : le jeune Ritberger, élève de l'institut (non crédité
- Jean-Pierre Bonnefous : le jeune Gascuel, élève de l'institut (non crédité)
- Roberto Acon Rodrigo : le petit Joselito, élève de l'institut (non crédité)
- Jean Clarieux : le chauffeur de taxi (non crédité)
- Christian Brocard : un homme à la morgue (non crédité)
- Jimmy Urbain : un élève de l'institut (non crédité)
- Jean-Philippe Smet : un élève de l'institut (non crédité)
- Christian Bouhier : un élève de l'institut[réf. nécessaire]
- Philippe Derouet : un élève de l'institut[réf. nécessaire]
- Zappy Max : lui-même (voix radio ; non crédité)
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