Claude, un libraire qui connaît d'importantes difficultés
financières, est incité sur les conseils d'un ami à reconvertir sa boutique
en sex
shop, commerce florissant dans le contexte de la libération sexuelle au début des années
1970. Au cours de son activité professionnelle, il rencontre des
personnages hauts en couleur dont Lucien, un dentiste pervers qui l'entraîne
dans ses pérégrinations.
Sex-Shop (1972) de Claude Berri est une comédie
française audacieuse, typique des années 70, qui flirte avec les thèmes du
libertinage et de la sexualité décomplexée. Dès le titre, on sait que l’on est
plongé dans un univers qui explore les mœurs de l’époque, notamment à travers
l’essor des sex-shops et des fantasmes masculins. Le film est une sorte de
témoignage ironique sur l’émergence de la libération sexuelle, tout en gardant
un ton léger et humoristique.
Le personnage principal, incarné par Claude Berri lui-même,
se retrouve à gérer un sex-shop, une situation qui amène une série de
quiproquos et d’interactions décalées. Le film joue sur le contraste entre
cette activité sulfureuse et l’apparence respectable du héros, créant un humour
basé sur le décalage et la gêne. Cependant, en dépit de cet angle humoristique,
on peut y voir une représentation un peu désuète et stéréotypée des rapports
hommes-femmes.
En effet, le film repose sur des clichés sexuels et une
objectification des femmes qui, à l’époque, était peut-être considérée comme
légère et innocente, mais qui aujourd'hui passerait mal. Les femmes y sont
souvent vues comme des objets de désir, au service des fantasmes masculins, un
reflet des mentalités patriarcales encore largement présentes dans le cinéma
des années 70. Le scénario ne semble pas vraiment les considérer au-delà de
leur rôle d’objets sexuels ou de partenaires disponibles pour les hommes, ce
qui peut rendre le film quelque peu inconfortable selon les standards modernes.
Cependant, Sex-Shop n’est pas dénué de charme. Claude
Berri, avec sa touche personnelle et son talent pour l’humour subtil, parvient
à éviter que le film ne devienne trop vulgaire ou gratuit. Il utilise les
seconds rôles à merveille, notamment des acteurs comme Claude Piéplu et
Jean-Pierre Marielle, qui apportent une dimension comique et décalée à
l’intrigue. Leur présence aide à élever le ton général du film, le rendant plus
drôle et plus attachant.
Sex-Shop est un film représentatif de son époque,
imprégné des thématiques de la révolution sexuelle tout en restant une comédie
légère. Bien que certaines de ses représentations soient aujourd’hui dépassées,
il reste un film culte pour les amateurs de cinéma français des années 70,
grâce à l’humour ravageur de Berri et au charme de ses acteurs. Un film qui,
sans être révolutionnaire, divertit tout en capturant l’esprit d’une époque
marquée par une libération des mœurs.
NOTE : 12.00
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Claude Berri, assisté de Jules Celma
- Scénario : Claude Berri
- Musique : Serge Gainsbourg et Jean-Claude Vannier
- Décors : Jacques Dugied
- Costumes : Jacqueline Moreau
- Photographie : Pierre Lhomme
- Claude Berri : Claude, le libraire
- Jean-Pierre Marielle : Lucien, le dentiste vicieux
- Nathalie Delon : Jacqueline, l'épouse du dentiste
- Juliet Berto : Isabelle, la femme de Claude
- Francesca Romana Coluzzi : Lulu, la prostituée de la rue Saint Denis
- Jacques Martin : Bernard, l'ami de Claude
- Claude Piéplu : L'officier
- Béatrice Romand : Karine, la vendeuse
- Jacques Legras : Albert, amateur de caoutchouc
- Louisa Colpeyn : La mère d'Isabelle
- Grégoire Aslan : Le père d'Isabelle
- Jean Tissier : M. de la Grange, collectionneur de livres érotiques
- Catherine Allégret : Ginette, collègue de Lulu
- Juliette Mills : Call-Girl et auteure d'un livre
- Jean Gruault : Le comptable de Claude
- Pierre Louki : Le chef des salutistes
- Georges Staquet : Émile, un client du club échangiste
- Henri Attal : un client-lecteur
- Jacqueline Doyen : la femme d'Albert
- Jimmy Perrys
- Jean Valmont
- Herbert Fux
- Coluche (non crédité)
- Éric Losfeld (non crédité)
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