Vu le film La Prise de Pouvoir de Louis XIV de Roberto Rossellini (1966) avec Jean Marie Patte (Louis XIV) Raymond Jourdan Giulio Cesare Silvagni Katharina Renn Dominique Vincent Pierre Barrat Fernand Fabre Françoise Ponty Joelle Laugeois Jacqueline Corot Maurice Barrier François Mirante
À la mort du cardinal Mazarin en
1661, le jeune Louis XIV annonce
à sa mère Anne d'Autriche et aux ministres
sa décision de gouverner seul (absolutisme).
S'appuyant sur Colbert, le jeune roi fait arrêter Fouquet,
coupable de concussion.
Le roi fait commencer les travaux de son nouveau palais à Versailles, œuvre de propagande
royale devant impressionner l'Europe entière.
La cour est domestiquée.
La Prise du Pouvoir par Louis XIV,
réalisé par Roberto Rossellini en 1966, est un film singulier qui se distingue
autant par son approche stylistique que par son contenu historique. Plutôt
qu’un film traditionnel sur la vie du roi, Rossellini propose une
reconstitution minutieuse et presque documentaire des événements qui ont marqué
l'accession au pouvoir du jeune Louis XIV, après la mort de Mazarin.
Le film se démarque par son traitement réaliste et sa
sobriété. Rossellini, connu pour son travail dans le néoréalisme italien,
applique ici une méthode similaire en privilégiant des décors authentiques, un
rythme lent et une absence de spectaculaire. Cette démarche vise à plonger le
spectateur dans l’époque sans artifices, en le faisant assister presque en
direct à la manière dont le Roi-Soleil a forgé son autorité et a centralisé le
pouvoir autour de sa personne. Le réalisateur s'attarde sur des détails de la
vie quotidienne à la cour, sur les rituels et les symboles de pouvoir, mettant
ainsi en lumière la manière dont Louis XIV a su manipuler ces éléments pour
asseoir son autorité.
Le personnage de Louis XIV, interprété par Jean-Marie
Patte, est présenté de manière relativement austère. Rossellini ne cherche pas
à en faire un héros flamboyant mais plutôt un jeune homme astucieux et
calculateur, conscient de l’importance des apparences et des protocoles dans
l’exercice du pouvoir. La performance de Patte, tout en retenue, reflète bien
cette vision d’un roi qui se façonne progressivement en tant que souverain
absolu, maîtrisant à la perfection l’art de la dissimulation et de la manipulation
politique.
Un des aspects les plus frappants du film est la
manière dont il montre le pouvoir comme un processus, presque bureaucratique,
fait de petites décisions, de manipulations subtiles et de rituels quotidiens.
La scène où Louis XIV décide de s’habiller en public, un acte simple en
apparence, est en réalité une démonstration de pouvoir où le roi s’affirme
comme le centre de l’État et où chaque geste devient une manifestation de son
autorité.
La mise en scène de Rossellini, très épurée, peut
désarçonner ceux qui s'attendent à un film historique plus traditionnel, avec
des scènes de batailles ou des intrigues amoureuses. Ici, tout est focalisé sur
la réalité crue de l’exercice du pouvoir, sur la manière dont un roi jeune et
inexpérimenté apprend à devenir l’incarnation de l’État. Le film est donc avant
tout une réflexion sur la nature du pouvoir et sur la façon dont il est
construit et maintenu.
La Prise du Pouvoir par Louis XIV
est un film historique atypique qui, par son approche rigoureuse et son
attention aux détails, offre une perspective fascinante sur l’un des moments
clés de l’histoire de France. Il ne plaira peut-être pas à tous les publics en
raison de son rythme lent et de son absence de dramatisation, mais pour ceux
qui s'intéressent à l'histoire et à la manière dont le pouvoir se construit, il
s’agit d’une œuvre incontournable. Rossellini, par cette réalisation, montre
une fois de plus son talent pour rendre le passé vivant et pertinent, en
offrant un portrait captivant de la montée en puissance du Roi-Soleil.
Le jeune Jean Marie Patte qui avait 25 ans au moment
du film est devenu surtout metteur en scène de théâtre et dramaturge
Ce Téléfilm pour l’ORTF est signé pour le scénario
par Philippe Erlanger
et Jean
Gruault
NOTE : 11.50
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Roberto Rossellini, assisté de Renzo Rossellini
- Scénario : Philippe Erlanger1, Jean Gruault
- Producteur : Claude Baks
- Production : ORTF
- Photographie : (Eastmancolor) Georges Leclerc
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