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jeudi 15 août 2024

15.80 - MILLE FILMS DE LA VIE : LA MEILLEURE FACON DE MARCHER DE C LAUDE MILLER (1976)


Mille Films de ma Vie : Je vous propose le Film  La Meilleure Façon de Marcher de Claude Miller (1976) avec Patrick Dewaere Patrick Bouchitey Michel Blanc Claude Pièplu Marc Chapiteau Christine Pascal Michel Such Frank d’Ascanio Nathan Miller, Et les enfants de "L'Atelier" de Saint-Saturnin

Auvergne, été 1960. Les moniteurs dans une colonie de vacances pour garçons appliquent chacun à leur manière leur pédagogie aux groupes d'enfants dont ils ont la charge. Parmi eux, Marc, grande gueule et sportif qui s'appuie sur ce qu'il pense être sa supériorité, et Philippe, assez réservé et cérébral et également fils du directeur. Pendant que Philippe initie son groupe au théâtre, Marc, quant à lui, organise des marches et pratique sportives aux enfants dont il s'occupe. Par une nuit de pluie orageuse, Marc participe à une partie de poker en compagnie d'autres animateurs, tandis que Philippe regarde un film à la télévision avec un autre moniteur du camp, Deloux, vu comme un lèche-bottes du directeur aux yeux de ses collègues, avant d'aller se coucher.

Pour le thème du Défi , on voit la Piscine qui servira à Marc à détendre l’atmosphère en y jetant Philippe pour que les gosses détournent l’attention du craquage de plomb de Raoul Deloux

"La Meilleure Façon de Marcher" de Claude Miller est un film qui, dès son premier long-métrage, dévoile le talent du réalisateur pour explorer les complexités de l'âme humaine et des rapports de pouvoir. Miller, ancien assistant de François Truffaut, s'inspire d'une interview d'Ingmar Bergman pour aborder des thèmes aussi délicats que l'intolérance, l'humiliation, la sexualité, et les différences sociales. Ce film se distingue par sa finesse psychologique et la profondeur de ses personnages, tout en étant une œuvre qui marque le début d'une carrière cinématographique remarquable.

L'histoire se déroule dans un camp de vacances en 1960, où deux moniteurs, Marc (Patrick Dewaere) et Philippe (Patrick Bouchitey), se confrontent et se heurtent. Marc, un homme viril et dominant, incarne une homophobie agressive, tandis que Philippe, plus réservé et secret, cache une part de lui-même qu'il n'ose révéler. La tension entre ces deux personnages, qui semblent à première vue totalement opposés, constitue le cœur du film et rappelle la dualité observée plus tard dans les personnages de "Garde à vue", autre chef-d'œuvre de Miller.

Patrick Dewaere livre ici une performance exceptionnelle. Son interprétation de Marc, un homme complexe et ambivalent, est tout simplement bouleversante. Dewaere parvient à incarner à la fois la brutalité et la vulnérabilité, ce qui donne à son personnage une humanité troublante. Malgré son comportement souvent odieux, son regard de cocker, plein de douleur et de doute, nous fait comprendre qu'il est lui-même prisonnier de ses propres insécurités et préjugés. Dewaere excelle à rendre ce personnage non pas simplement détestable, mais profondément humain, capable de susciter à la fois la répulsion et la compassion.

Face à lui, Patrick Bouchitey incarne Philippe avec une sensibilité qui contraste fortement avec la virilité de Marc. Philippe, avec ses fragilités et ses secrets, représente une figure d'opposition qui, tout en étant dominée, parvient à faire vaciller les certitudes de Marc. La relation qui se noue entre ces deux hommes est pleine de tension, de non-dits, et d'ambiguïté, créant une atmosphère à la fois électrique et profondément troublante. Michel Blanc, dans un rôle secondaire mais significatif, incarne un lâche, un type de personnage qu'il incarnera à plusieurs reprises tout au long de sa carrière. Sa présence ajoute une dimension supplémentaire au film, illustrant le conformisme et la peur qui dominent les interactions sociales.

La fin du film est particulièrement marquante par son ambiguïté. Alors que le spectateur s'attend peut-être à une résolution claire, Miller laisse planer le doute : ont-ils consommé cette relation, ou reste-t-elle dans le domaine des désirs refoulés et des tensions non résolues ? Cette absence de réponse définitive renforce le caractère complexe du film, refusant de simplifier des personnages et des situations qui, dans la réalité, sont tout sauf simples.

En somme, "La Meilleure Façon de Marcher" est un film puissant et dérangeant, qui interroge sur des sujets encore tabous à l'époque, tels que l'identité sexuelle et la violence psychologique. Claude Miller, dès ce premier film, montre sa capacité à creuser sous la surface des comportements humains pour révéler les contradictions et les failles qui s'y cachent. Ce film, porté par des acteurs exceptionnels, est un incontournable du cinéma français, et une œuvre qui continue de résonner aujourd'hui par la force de ses questionnements et la profondeur de son propos.

Dans ce premier film de Miller on y retrouve parmi les moniteurs le futur assassin de Garde à vue

 NOTE : 15.80

FICHE TECHNIQUE


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