Mille Films de ma Vie : Je vous propose le Film La Meilleure Façon de Marcher de Claude Miller (1976) avec Patrick Dewaere Patrick Bouchitey Michel Blanc Claude Pièplu Marc Chapiteau Christine Pascal Michel Such Frank d’Ascanio Nathan Miller, Et les enfants de "L'Atelier" de Saint-Saturnin
Auvergne, été 1960. Les moniteurs dans une colonie
de vacances pour garçons appliquent chacun à leur manière leur pédagogie aux
groupes d'enfants dont ils ont la charge. Parmi eux, Marc, grande gueule et
sportif qui s'appuie sur ce qu'il pense être sa supériorité, et Philippe, assez
réservé et cérébral et également fils du directeur. Pendant que Philippe initie
son groupe au théâtre, Marc, quant à lui, organise des marches et pratique
sportives aux enfants dont il s'occupe. Par une nuit de pluie orageuse, Marc participe
à une partie de poker en compagnie d'autres animateurs, tandis que Philippe
regarde un film à la télévision avec un autre moniteur du camp, Deloux, vu
comme un lèche-bottes du directeur aux yeux de ses collègues, avant d'aller se
coucher.
Pour le thème du Défi , on voit la Piscine qui servira à
Marc à détendre l’atmosphère en y jetant Philippe pour que les gosses
détournent l’attention du craquage de plomb de Raoul Deloux
"La Meilleure Façon de Marcher" de Claude
Miller est un film qui, dès son premier long-métrage, dévoile le talent du
réalisateur pour explorer les complexités de l'âme humaine et des rapports de
pouvoir. Miller, ancien assistant de François Truffaut, s'inspire d'une
interview d'Ingmar Bergman pour aborder des thèmes aussi délicats que
l'intolérance, l'humiliation, la sexualité, et les différences sociales. Ce
film se distingue par sa finesse psychologique et la profondeur de ses
personnages, tout en étant une œuvre qui marque le début d'une carrière
cinématographique remarquable.
L'histoire se déroule dans un camp de vacances en 1960,
où deux moniteurs, Marc (Patrick Dewaere) et Philippe (Patrick Bouchitey), se
confrontent et se heurtent. Marc, un homme viril et dominant, incarne une
homophobie agressive, tandis que Philippe, plus réservé et secret, cache une
part de lui-même qu'il n'ose révéler. La tension entre ces deux personnages,
qui semblent à première vue totalement opposés, constitue le cœur du film et
rappelle la dualité observée plus tard dans les personnages de "Garde à vue",
autre chef-d'œuvre de Miller.
Patrick Dewaere livre ici une performance exceptionnelle.
Son interprétation de Marc, un homme complexe et ambivalent, est tout
simplement bouleversante. Dewaere parvient à incarner à la fois la brutalité et
la vulnérabilité, ce qui donne à son personnage une humanité troublante. Malgré
son comportement souvent odieux, son regard de cocker, plein de douleur et de
doute, nous fait comprendre qu'il est lui-même prisonnier de ses propres
insécurités et préjugés. Dewaere excelle à rendre ce personnage non pas simplement
détestable, mais profondément humain, capable de susciter à la fois la
répulsion et la compassion.
Face à lui, Patrick Bouchitey incarne Philippe avec une
sensibilité qui contraste fortement avec la virilité de Marc. Philippe, avec
ses fragilités et ses secrets, représente une figure d'opposition qui, tout en
étant dominée, parvient à faire vaciller les certitudes de Marc. La relation
qui se noue entre ces deux hommes est pleine de tension, de non-dits, et
d'ambiguïté, créant une atmosphère à la fois électrique et profondément
troublante. Michel Blanc, dans un rôle secondaire mais significatif, incarne un
lâche, un type de personnage qu'il incarnera à plusieurs reprises tout au long
de sa carrière. Sa présence ajoute une dimension supplémentaire au film,
illustrant le conformisme et la peur qui dominent les interactions sociales.
La fin du film est particulièrement marquante par son
ambiguïté. Alors que le spectateur s'attend peut-être à une résolution claire,
Miller laisse planer le doute : ont-ils consommé cette relation, ou
reste-t-elle dans le domaine des désirs refoulés et des tensions non résolues ?
Cette absence de réponse définitive renforce le caractère complexe du film,
refusant de simplifier des personnages et des situations qui, dans la réalité,
sont tout sauf simples.
En somme, "La Meilleure Façon de Marcher" est
un film puissant et dérangeant, qui interroge sur des sujets encore tabous à
l'époque, tels que l'identité sexuelle et la violence psychologique. Claude
Miller, dès ce premier film, montre sa capacité à creuser sous la surface des
comportements humains pour révéler les contradictions et les failles qui s'y
cachent. Ce film, porté par des acteurs exceptionnels, est un incontournable du
cinéma français, et une œuvre qui continue de résonner aujourd'hui par la force
de ses questionnements et la profondeur de son propos.
Dans ce premier film de Miller on y retrouve parmi les
moniteurs le futur assassin de Garde à vue
- Réalisation : Claude Miller, assisté de Luc Béraud et Michel Such
- Scénario et dialogues : Claude Miller et Luc Béraud
- Musique : Alain Jomy
- Décors et costumes : Hilton McConnico
- Maquillage : Joël Lavaud
- Photographie : Bruno Nuytten
- Son : Paul Lainé
- Montage : Jean-Bernard Bonis
- Régisseur général : Armand Barbault
- Production : Mag Bodard et Jean-François Davy, Maurice Bernard (co-production), Hubert Niogrey (exécutive)
- Sociétés de production : Filmoblic, Cinémag et Contrechamp
- Sociétés de distribution : AMLF (France), Specialty Films (États-Unis)
- Patrick Dewaere : Marc
- Patrick Bouchitey : Philippe
- Christine Pascal : Chantal
- Claude Piéplu : Le directeur de la colonie
- Marc Chapiteau : Gérard
- Michel Blanc : Raoul Deloux
- Michel Such : Léni
- Franck d'Ascanio : Hervé
- Nathan Miller : gamin aux lunettes
- Et les enfants de "L'Atelier" de Saint-Saturnin
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