Vu le film Une Affaire de Principe de Antoine Raimbault (2023) avec Bouli Lanners Celeste Brunquell Thomas VDB Maria de Medeiros Joaquim de Almeida Lisa Longven Kongsli Wim Willaert Jelle de Beule Nicolas Vaude Vincenzo Amato Bernard Blancan
Bruxelles, 2012. Lorsque le commissaire à la santé
est limogé du jour au lendemain, dans la plus grande opacité, le député
européen José Bové et ses assistants parlementaires décident de mener
l'enquête. Ils vont alors découvrir un véritable complot menaçant de
déstabiliser les instances européennes, jusqu'à leur sommet.
Le film Une Affaire de Principe plonge le spectateur dans les
arcanes souvent méconnus de l’Union Européenne à Bruxelles, un monde
bureaucratique, labyrinthique, où les idéaux se heurtent à la réalité
politique. Ce film expose les rouages complexes des négociations, des compromis
et des luttes de pouvoir qui façonnent l'Europe moderne. Cependant, malgré
l'intérêt de son sujet, le film souffre de sa structure très didactique et,
parfois, de son ton trop explicatif, ce qui peut le rendre fastidieux à suivre.
L'intrigue suit
principalement José Bové, un agriculteur militant devenu une figure
emblématique de la résistance contre les multinationales et les politiques
agricoles européennes jugées injustes. Interprété avec brio par Bouli Lanners,
ce personnage est sans doute l’un des points forts du film. Lanners apporte une
touche de subtilité et de sensibilité à ce portrait d'un homme à la fois
bagarreur, opiniâtre et rusé. Il réussit à humaniser un personnage qui, dans la
réalité politique, pourrait parfois sembler rigide ou extrémiste. Sous ses airs
bourrus, Lanners donne vie à un homme qui croit profondément en ses
convictions, mais qui sait aussi manœuvrer dans les couloirs tortueux du
pouvoir. Sa prestation en fait un personnage attachant, capable de susciter une
certaine sympathie chez le spectateur, même lorsqu’on n’est pas nécessairement
en accord avec ses idées.
Le film aborde la
question des luttes idéologiques au sein de l'Union Européenne, où les intérêts
nationaux, économiques et sociaux s'entremêlent dans des négociations
interminables. Cependant, la mise en scène des débats parlementaires, des
réunions stratégiques et des négociations à huis clos tend à alourdir
l'ensemble. Certes, cela reflète peut-être la réalité du monde politique
bruxellois, mais cette approche documentaire finit par manquer de dynamisme. Le
spectateur se retrouve souvent perdu dans un enchevêtrement de dialogues
techniques et de détails législatifs qui, bien qu'instructifs, n'apportent que
peu de rythme à l'histoire.
L'un des problèmes du
film est donc son approche très didactique. Il semble vouloir tout expliquer :
les politiques agricoles, les enjeux économiques, les jeux de pouvoir. Si cette
ambition pédagogique est louable, elle finit par rendre le film excessivement
verbeux et difficile à suivre pour ceux qui ne sont pas familiers avec le
jargon européen. L'ennui s'installe parfois dans des scènes où l’action se
résume à des dialogues interminables dans des bureaux austères, reflétant ainsi
la réalité grise des institutions européennes, mais au détriment de l'énergie
narrative du film.
Néanmoins, Une
Affaire de Principe n'est pas dénuée de qualités. Il offre une perspective
intéressante sur les coulisses de l'Union Européenne, un environnement rarement
exploré au cinéma. Le film présente une galerie de personnages bien dessinés,
chacun représentant différentes facettes de la politique européenne. Les
acteurs, notamment Bouli Lanners, réussissent à injecter de l’humanité dans cet
univers bureaucratique, créant des moments de tension, d'humour et même
d'émotion.
L’une des réussites du
film est son refus de simplifier les débats. Il montre à quel point la
politique européenne est un exercice d’équilibre entre des intérêts divers,
souvent contradictoires, et ne cherche pas à donner de réponses faciles aux
problèmes complexes qu'elle aborde. Cela dit, ce réalisme, s'il est pertinent,
peut aussi alourdir le récit et rendre le film moins engageant pour un public
non initié.
NOTE : 12.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Antoine Raimbault
- Scénario : Antoine Raimbault et Marc Syrigas
- Décors : Nicolas de Boiscuillé
- Costumes : Élise Ancion
- Photographie : Steeven Petitteville
- Montage : Jean-Baptiste Beaudoin
- Musique : Grégoire Auger
- Son : Adrien Navez et Alek Goosse
- Production : Marc Bordure et Alexandre Mallet-Guy
- Sociétés de production : Agat Films & Cie - Ex Nihilo, Memento Production
- Société de distribution : Memento Distribution
- Bouli Lanners : José Bové
- Thomas VDB : Fabrice (assistant parlementaire)
- Céleste Brunnquell : Clémence (stagiaire)
- Lisa Loven Kongsli : Emily
- Lisa Karlström : Inge
- Maurizio Marchetti : John Dalli
- Klaus Christian Schreiber : Martin Schulz
- Wim Willaert : Bart Stas
- Joaquim de Almeida : José Manuel Durão Barroso
- Vincenzo Amato : Giovanni Kessler
- Bernard Blancan : Michel
- Nicolas Vaude : Dany
- Béatrice de Staël : Michèle
- Arnmundur Björnsson : Johann Gabrielsson
- Didi Cederström : Cecilia Isaksson
- Maria de Medeiros : Lucia Monteiro
- Eric Soriano
- Borsu Guy : Journaliste
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