Vu le film Le Chien de François Chalais (1962) avec Alain Delon Elke Sommer Albert Dinan Jean Loup Reynold Ham-Chau Luong Louise Roblin et le chien Rex
En l’espace d’une nuit, un jeune homme perd
son chien dont il est très complice et trouve l’amour d’une femme mais cet
amour lui paraît impossible.
Le
Chien (1962) de
François Chalais est un film rare et intimiste qui offre une plongée fascinante
dans l'univers d'Alain Delon. Connu pour ses interviews avec les plus grandes
stars, Chalais surprend ici en livrant un projet cinématographique à la croisée
du documentaire et de la fiction. Ce film suit un Delon plus humain et
vulnérable, bien loin des rôles de séducteur impassible auxquels il nous a
habitués. L’intrigue tourne autour de la recherche de son chien disparu, un
prétexte simple mais poignant qui dévoile une face plus sensible et
introspective de l’acteur.
Delon,
dans une sorte de déambulation mélancolique, arpente les rues de Paris,
notamment le quartier de Pigalle, un lieu chargé de contrastes entre le glamour
et la décadence. Cette quête anodine prend rapidement un tournant plus profond,
où les thèmes de la solitude, de la perte et de l’errance intérieure se mêlent.
Le chien symbolise alors bien plus qu’un simple compagnon perdu : il incarne la
recherche de sens dans un monde troublé. Chalais, avec son approche délicate et
subtile, ne filme pas simplement un homme à la recherche de son animal, mais
capte un moment suspendu dans la vie de Delon, un moment où il se livre sans
filtre, comme rarement devant la caméra.
L'un
des aspects les plus intéressants du film est la façon dont Delon se raconte.
Il parle des femmes avec une franchise désarmante, évoquant leurs mystères,
leurs forces et leurs faiblesses. Il s'exprime également sur l'Indochine, où il
a vécu pendant un temps, un sujet qui résonne avec une certaine nostalgie et un
sentiment d’incompréhension face à la guerre et à l'exil. Cette partie du film,
presque confessionnelle, révèle un Delon marqué par ses expériences
personnelles, cherchant à concilier son passé avec le présent.
Le film
explore aussi la difficulté d’être jeune dans un monde qui semble parfois
hostile. Delon, malgré sa beauté et son succès naissant à l’époque, révèle des
failles, des doutes, des incertitudes. Chalais capte ces moments de
vulnérabilité avec une grande sensibilité, faisant de Le Chien un film
presque cathartique pour l’acteur. Il devient, à travers ce portrait, le
porte-parole d'une génération en quête de repères, une génération pour laquelle
le succès et la célébrité ne comblent pas tous les vides intérieurs.
Visuellement,
Le Chien adopte une approche quasi-documentaire, avec des plans tournés
en extérieur, dans des lieux du quotidien, sans artifice. Cela renforce
l’authenticité du propos, faisant du film une œuvre hybride entre le récit
fictif et l’observation directe. Chalais, grâce à sa proximité avec Delon,
capte des moments de vérité, où l’acteur laisse tomber son masque de star pour
se montrer tel qu’il est réellement : sensible, introspectif, presque
vulnérable.
Ce film
offre une expérience unique, à la fois touchante et méditative, sur l'âme d'un
homme qui se cherche autant qu'il cherche son chien. C’est un Delon plus
humain, plus accessible, qui se dévoile ici, loin des personnages mythiques
qu'il incarnera par la suite. Chalais nous rappelle que derrière la façade du
beau ténébreux se cache un être complexe, marqué par ses propres luttes
intérieures. Le Chien est un témoignage précieux sur une époque, un
homme et un acteur à un moment charnière de sa vie.
NOTE : 14.20
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire