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vendredi 23 août 2024

14.20 - MON AVIS SUR LE FILM LE CHIEN DE FRANCOIS CHALAIS (1962)


Vu le film Le Chien de François Chalais (1962) avec Alain Delon Elke Sommer Albert Dinan Jean Loup Reynold Ham-Chau Luong Louise Roblin et le chien Rex

 En l’espace d’une nuit, un jeune homme perd son chien dont il est très complice et trouve l’amour d’une femme mais cet amour lui paraît impossible.

Le Chien (1962) de François Chalais est un film rare et intimiste qui offre une plongée fascinante dans l'univers d'Alain Delon. Connu pour ses interviews avec les plus grandes stars, Chalais surprend ici en livrant un projet cinématographique à la croisée du documentaire et de la fiction. Ce film suit un Delon plus humain et vulnérable, bien loin des rôles de séducteur impassible auxquels il nous a habitués. L’intrigue tourne autour de la recherche de son chien disparu, un prétexte simple mais poignant qui dévoile une face plus sensible et introspective de l’acteur.

Delon, dans une sorte de déambulation mélancolique, arpente les rues de Paris, notamment le quartier de Pigalle, un lieu chargé de contrastes entre le glamour et la décadence. Cette quête anodine prend rapidement un tournant plus profond, où les thèmes de la solitude, de la perte et de l’errance intérieure se mêlent. Le chien symbolise alors bien plus qu’un simple compagnon perdu : il incarne la recherche de sens dans un monde troublé. Chalais, avec son approche délicate et subtile, ne filme pas simplement un homme à la recherche de son animal, mais capte un moment suspendu dans la vie de Delon, un moment où il se livre sans filtre, comme rarement devant la caméra.

L'un des aspects les plus intéressants du film est la façon dont Delon se raconte. Il parle des femmes avec une franchise désarmante, évoquant leurs mystères, leurs forces et leurs faiblesses. Il s'exprime également sur l'Indochine, où il a vécu pendant un temps, un sujet qui résonne avec une certaine nostalgie et un sentiment d’incompréhension face à la guerre et à l'exil. Cette partie du film, presque confessionnelle, révèle un Delon marqué par ses expériences personnelles, cherchant à concilier son passé avec le présent.

Le film explore aussi la difficulté d’être jeune dans un monde qui semble parfois hostile. Delon, malgré sa beauté et son succès naissant à l’époque, révèle des failles, des doutes, des incertitudes. Chalais capte ces moments de vulnérabilité avec une grande sensibilité, faisant de Le Chien un film presque cathartique pour l’acteur. Il devient, à travers ce portrait, le porte-parole d'une génération en quête de repères, une génération pour laquelle le succès et la célébrité ne comblent pas tous les vides intérieurs.

Visuellement, Le Chien adopte une approche quasi-documentaire, avec des plans tournés en extérieur, dans des lieux du quotidien, sans artifice. Cela renforce l’authenticité du propos, faisant du film une œuvre hybride entre le récit fictif et l’observation directe. Chalais, grâce à sa proximité avec Delon, capte des moments de vérité, où l’acteur laisse tomber son masque de star pour se montrer tel qu’il est réellement : sensible, introspectif, presque vulnérable.

Ce film offre une expérience unique, à la fois touchante et méditative, sur l'âme d'un homme qui se cherche autant qu'il cherche son chien. C’est un Delon plus humain, plus accessible, qui se dévoile ici, loin des personnages mythiques qu'il incarnera par la suite. Chalais nous rappelle que derrière la façade du beau ténébreux se cache un être complexe, marqué par ses propres luttes intérieures. Le Chien est un témoignage précieux sur une époque, un homme et un acteur à un moment charnière de sa vie.

NOTE : 14.20


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