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jeudi 4 décembre 2025

9.30 - MON AVIS SUR LE FILM QUE LES GROS SALAIRES LEVENT LE DOIGT DE DENYS GRANIER DEFERRE (1982)


 Vu le Film Que les Gros Salaires Lèvent le Doigt de Denys Granier Deferre (1982) avec Jean Poiret Michel Piccoli Marie Laforêt Daniel Auteuil Patrick Bouchitey François Perrot Tcheky Karyo Pierre Pernet Françoise Pernel Christian Charmetant 

André Jœuf (Jean Poiret) est le patron d'un cabinet d'assurances. Il invite pour un week-end tous ses employés dans sa maison de campagne. Mais derrière ce qui semble être une récompense, ce patron cynique cherche avant tout à déterminer lesquels de ses cadres (les « gros salaires ») il devra licencier afin de préserver son entreprise. 

Que les Gros Salaires Lèvent le Doigt est une farce cynique typiquement estampillée début des années 80, et qui, malheureusement, a pris un sérieux coup de vieux. On y suit André Joeuf, patron d’un cabinet d’assurance, campé par un Jean Poiret en grande forme, qui manipule ses employés comme on joue aux petits chevaux, et décide de virer quatre collaborateurs en organisant une sorte de chasse aux sorcières dans sa petite maison de campagne. Oui, la retraite spirituelle version Poiret : on vient, on mange, on boit, on tremble, et on attend le couperet. 

Le film repose clairement sur Poiret, dont la capacité à dégainer une punchline reste intacte. Quand il claque une réplique, il claque vraiment. Mais à côté de lui, les autres personnages semblent soit délaissés, soit réduits à des silhouettes floues. Lenoir, incarné par Bouchitey, paraît constamment coincé entre deux intentions : trop effacé pour exister vraiment, trop complexe pour n’être qu’un simple pantin. Quant à José Viss, joué par Piccoli, il flotte comme une présence intrigante mais jamais vraiment creusée. On a envie d’en savoir plus… mais le scénario passe déjà à autre chose. 

Daniel Auteuil vient compléter ce casting XXL, mais sans y trouver un espace pour réellement briller. Le film semble vouloir jouer la satire sociale, attaquer les rapports patrons/salariés, dénoncer la lâcheté, l’opportunisme, les petites horreurs qui se nichent dans la vie de bureau. L’intention est là, évidente. Mais ce qui pourrait être une critique acerbe se dilue souvent dans un ton hésitant, jamais assez cruel, jamais assez mordant. On sent bien le potentiel, mais il reste au stade d’ébauche. 

La mise en scène de Denys Granier-Deferre, assez plate, n’aide pas vraiment à dynamiser l’ensemble. On est dans un huis clos rural qui devrait monter en pression, mais la cocotte-minute ne siffle jamais vraiment. Les situations cocasses existent, les répliques fusent parfois, mais l’ensemble manque d’élan, de rythme, de cette folie qui aurait pu transformer cette réunion d’employés terrorisés en joyau de comédie noire. Au lieu de cela, on navigue entre satire, vaudeville et comédie de mœurs sans que le film ne choisisse réellement son camp. 

Le problème central reste que Que les Gros Salaires Lèvent le Doigt ne remplit pas totalement sa mission première : faire rire. Il amuse, il sourit, il observe… mais il n’emporte pas. La charge contre les rapports de pouvoir fonctionne par moments, mais le film finit par souffrir d’une écriture qui semble incomplète, trop concentrée sur l’égo surdimensionné de Joeuf et pas assez sur ceux qui l’entourent. 

Reste la joie de voir Poiret, Piccoli et Auteuil réunis dans un petit film devenu témoin de son époque. Une œuvre sympathique, parfois piquante, parfois poussive, mais globalement inégale et qui accuse clairement les années. Une comédie française qui ne révolutionne rien, qui vit aujourd’hui davantage pour ses répliques que pour son souffle comique, et dont la satire, un peu fatiguée, manque du peps nécessaire pour encore faire mouche. 

NOTE : 9.30

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION


 

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