Vu le Film La Part du Feu de Etienne Périer (1978) avec Michel Piccoli Claudia Cardinale Jacques Perrin Liliane Gaudet Véronique Silver Rufus Hélène Vincent Roland Bertin
Catherine Hansen trompe son mari Robert, riche promoteur immobilier, avec Jacques, un de ses collaborateurs. Cependant, ayant besoin de Jacques pour une opération commerciale importante, Robert ferme les yeux sur cette liaison.
Dans ce marivaudage politico-commercial aux relents de polar noir, La Part du Feu marque une tentative ambitieuse mais maladroite d’Étienne Périer, cinéaste dont peu de films ont réellement laissé une empreinte durable dans le cinéma français. Ici, il semble vouloir marcher dans les pas de Chabrol, mais sans jamais atteindre son acuité d’écriture ni sa cruauté élégante.
L’intrigue repose sur un triangle vénéneux : Catherine (Claudia Cardinale), épouse séduisante et trouble, trompe son mari Robert (Michel Piccoli) avec Jacques (Jacques Perrin), jeune premier aux allures de gendre idéal. Classique ? En apparence seulement. Car derrière l’adultère se cache un jeu de manipulation beaucoup plus retors.
Robert, industriel froid et calculateur, ne se contente pas de subir l’infidélité : il l’encourage, la provoque presque. Jusqu’où peut-il aller en manipulant sa propre femme, détentrice de signatures clés pour des contrats juteux ? Qui trompe qui ? Catherine est-elle actrice ou simple pion ? Et Jacques, est-il aussi naïf qu’il en a l’air, ou parfaitement conscient du jeu dangereux auquel il participe ?
Sur le papier, le matériau est passionnant. À l’écran, le scénario donne l’impression d’un Rubik’s Cube mal aligné : beaucoup de faces, peu de solutions. Les intentions sont là, mais le film peine à aller au bout de ses idées, comme s’il n’osait jamais trancher entre thriller politique, drame conjugal et faux érotisme bourgeois.
Le rythme est lent, parfois plombant, et le film a sacrément vieilli. La mise en scène, trop sage, manque de tension et d’ambiguïté. Là où Chabrol aurait injecté du venin et du sous-texte, Périer reste en surface. Chabrol flotte au-dessus de ce plat un peu bouilli : les carottes sont cuites, mais c’est du réchauffé.
Le film se veut érotique… mais pas trop. Subversif… mais pas vraiment. Noir… mais sans la noirceur morale nécessaire. Résultat : un entre-deux frustrant.
Et pourtant, les acteurs sauvent ce qui peut l’être. Claudia Cardinale impose sa présence magnétique, même quand le personnage manque de profondeur. Michel Piccoli, impérial comme toujours, donne à Robert une complexité glacée, laissant deviner un monstre derrière le notable. Jacques Perrin, plus lisse, joue la candeur ambiguë avec sérieux, même si le scénario ne lui permet jamais d’exister pleinement.
On sent parfois que les comédiens excellent… mais semblent chercher la sortie. Comme s’ils attendaient que le film décide enfin ce qu’il veut être.
La Part du Feu est donc un film intéressant par ses intentions, frustrant par son exécution. Un polar bourgeois qui promet le feu mais ne livre que des braises tièdes. À voir pour son casting et pour ce qu’il aurait pu être, plus que pour ce qu’il est réellement.
NOTE : 7.40
FICHE TECHNIQUE
- Réalisateur : Étienne Périer
- Scénario : Dominique Fabre
- Photographie : Jean Charvein
- Montage : Renée Lichtig
- Musique : Paul Misraki
- Son : Michel Laurent
- Michel Piccoli : Robert Hansen
- Claudia Cardinale : Catherine Hansen
- Jacques Perrin : Jacques Noblet
- Rufus : Patrick Delbaut
- Roland Bertin : Edouard Moureu, le député
- Gabriel Cattand : William Vargnier, le banquier
- Véronique Silver : Gisèle, la femme du député
- Liliane Gaudet : Madame Vargnier
- Hélène Vincent : La veuve
- Olivier Hussenot : Le notaire
- Guy Franquet
- Jean Franval : Le chef de chantier
- Stéphane Macha : Le gardien de la villa
- Antoinette Moya : Flora, la secrétaire de Robert Hansen

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