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samedi 27 décembre 2025

15.90 - MON AVIS SUR LE FILM LES CHOSES DE LA VIE DE CLAUDE SAUTET (1970)


 Vu le Film Les Choses de la Vie de Claude Sautet (1970) avec Michel Piccoli Romy Schneider Léa Massari Gérard Lartigau Bobby Lapointe Jean Bouise Hervé Sand Jacques Richard Dominique Zardi 

 

Au volant de sa voiture, Pierre, architecte d'une quarantaine d'années, est victime d'un accident de la route. Ejecté du véhicule, il gît inconscient sur l'herbe au bord de la route. Il se remémore son passé, sa vie avec Hélène, une jeune femme qu'il voulait quitter, sa femme Catherine et son fils... 

Considéré par beaucoup comme un sommet du cinéma français, Les Choses de la vie est aussi, et surtout, un sommet de carrières : celles de Michel Piccoli et Romy Schneider, enfin réunis au bon moment, au bon âge, sous le regard juste et pudique de Claude Sautet, porté par la musique déjà essentielle de Philippe Sarde. Rien n’est de trop, tout est à sa place. 

À l’orée de la mort, après un accident de la route — excès de vitesse, oui, quand même, parce que la vie aussi va trop vite — Pierre, une quarantaine d’années, gît entre deux sommeils. Et dans cet entre-deux, il se souvient. Ou plutôt : il revit. Son amour chaotique avec Hélène. Son ex-femme Catherine. Son fils Bertrand. Les silences. Les maladresses. Les phrases qu’on ne dit pas. Celles qu’on dit trop tard. Les petites tensions inutiles. Les petits bonheurs minuscules. Bref : les choses de la vie, qu’on ne sait jamais apprécier à 100 % quand on les traverse. 

Michel Piccoli est immense. D’une sobriété bouleversante. Il ne joue pas Pierre, il l’habite. Son visage suffit à raconter les regrets, la fatigue morale, la tendresse retenue, l’homme moderne empêtré dans ses choix. Romy Schneider, elle, est d’une beauté presque douloureuse. Mais surtout : d’une vérité émotionnelle absolue. Elle n’est plus l’icône, elle est une femme aimante, vulnérable, entière. Leur couple à l’écran est une évidence tragique : ils s’aiment mal, mais ils s’aiment vraiment. 

Le scénario, coécrit avec Jean-Loup Dabadie, est d’une intelligence rare. La structure éclatée, les allers-retours temporels, loin d’être un exercice de style, épousent parfaitement l’état de conscience de Pierre. Le temps n’est plus linéaire, il est émotionnel. Et ça, Sautet le filme avec une délicatesse folle. Aucun effet appuyé. Pas de pathos. Juste des gestes, des regards, des silences qui en disent long. 

Claude Sautet change de cap ici, clairement. Il abandonne le cinéma plus frontal pour une peinture fine des sentiments, une évocation sensible de la fragilité de l’existence. Changement de ton, changement de regard, changement réussi. Sa mise en scène est fluide, presque invisible, mais d’une précision chirurgicale. Chaque plan semble dire : regarde bien, c’est ça la vie, ni plus ni moins. 

Et puis il y a la musique de Philippe Sarde, qui ne souligne pas, qui accompagne, qui enveloppe. Une partition mélancolique, élégante, jamais envahissante, qui reste longtemps après le générique. Comme un souvenir qu’on n’arrive pas à chasser. 

Sur le fond, le titre ne ment pas : ce sont bien les choses de la vie, dans ce qu’elles ont de banal et de tragique, de lumineux et de cruel. Rien d’extraordinaire, et pourtant tout est essentiel. Deux acteurs au sommet de leur art, un cinéaste au sommet de sa justesse, un film au sommet de l’émotion retenue. 

Un film qui ne crie jamais, mais qui frappe juste. 
Un film qui ne donne pas de leçons, mais qui rappelle, doucement, que le temps est compté. 
Et qu’on ne vit jamais aussi mal que lorsqu’on croit avoir le temps. 

 NOTE : 15.90

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Non crédités

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