Vu le Film Le Point du Jour de Louis Daquin (1949) avec Jean Desailly Michel Piccoli René Lefevre Marie Hélène Dasté Loleh Bellon Jean Pierre Grenier Paul Frankeur Gaston Modot Serge Grave Pierre Latour
L'histoire au quotidien de ceux qui travaillent dans une mine du Nord, après la Seconde Guerre mondiale : un fils et petit-fils de mineurs qui ne veut pas avoir le même destin qu'eux ; Larzac, un ingénieur des mines, issu d'une famille bourgeoise, qui découvre le monde des mineurs ; un jeune couple d'amoureux.
Film de l’après-guerre par excellence, Le Point du Jour s’inscrit dans cette période où la France, encore cabossée, devait se remettre au travail coûte que coûte. Nous sommes en 1949, dans le Nord, au cœur du Pays minier, ce bourbier noir où le charbon est roi et où les hommes – et les enfants – paient le prix fort.
Et non, contrairement aux discours nostalgiques : ce n’était pas mieux avant.
Louis Daquin filme un monde rude, âpre, sans fioritures. Des enfants mineurs pour être mineurs, formule terrible mais juste, contraints de descendre au fond pour aider à faire tourner la machine France. Le film a une dimension quasi documentaire, héritée du cinéma social d’après-guerre, où l’on montre plus qu’on ne démontre, où l’image parle autant que les dialogues.
Au milieu de cette poussière et de cette suie, Daquin glisse une amourette modeste, presque fragile, entre deux personnages qui gravitent dans ce quotidien écrasant. Rien de romanesque à outrance : juste une tentative d’échapper, un instant, à la fatalité. L’amour comme respiration, pas comme solution miracle.
Et puis il y a ce jeune homme de 24 ans, grande stature, regard déjà habité : Michel Piccoli, dans l’un de ses tout premiers rôles. Il impose une présence étonnante, brute, presque animale, évoquant par avance un Depardieu de Germinal avant l’heure. Piccoli n’est pas encore la légende, mais le magnétisme est déjà là, indéniable.
La mise en scène de Daquin est sérieuse, appliquée, souvent juste. Il sait filmer les visages fatigués, les corps usés, les gestes répétitifs. Le scénario, lui, avance avec honnêteté, sans héroïsation excessive ni misérabilisme appuyé. On sent une volonté de rendre hommage aux travailleurs, à leur courage silencieux.
Mais le film est bridé, et cela se ressent. Deux ans plus tôt, Daquin avait filmé les grandes grèves des mines, un geste politique fort qui ne plut évidemment pas aux directions minières. Résultat : ici, le cinéaste n’est pas totalement libre. Certaines aspérités manquent, certaines colères sont atténuées. On sent ce manque indéniable, ce film qui aurait pu être plus frontal, plus tranchant.
Malgré cela, Le Point du Jour reste un témoignage précieux, humain, nécessaire. Un film qui regarde le travail en face, sans mythologie, sans nostalgie factice. Un cinéma social à hauteur d’hommes, d’enfants, de vies cabossées.
Un film imparfait, oui. Mais un film juste, sincère, et profondément ancré dans son époque. Et rien que pour cela, il mérite d’être vu, revu, et transmis.
NOTE : 13.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Louis Daquin[]
- Assistants réalisateur : Stellio Lorenzi et Sacha Vierny[]
- Scénario et dialogues : Vladimir Pozner[]
- Photographie : André Bac[]
- Montage : Claude Nicole[]
- Musique : Jean Wiéner[]
- Décors : Paul Bertrand[]
- Son : Tony Leenhardt[]
- Directeur de production : Pierre Joly
- Société de production : Ciné France
- Tournage : Liévin (Pas-de-Calais), en partie rue Montgolfier
- Jean Desailly : Larzac[1]
- René Lefèvre : Dubard[]
- Marie-Hélène Dasté : Mathilde Bréhard[]
- Michel Piccoli : Georges Gohelle[]
- Loleh Bellon : Marie Bréhard[]
- Paul Frankeur : Bac[]
- Jean-Pierre Grenier : Marles[]
- Catherine Monot : Louise Gohelle[]
- Guy Sargis : Roger Bréhard[]
- Pierre Français : Brezza
- Gaston Modot : Tiberghien[]
- Serge Grave : Corentin[]
- Hélène Gerber : Emma Marles[]
- Pierre Latour : Noël[]
- Léon Larive : Vetusto[]
- Suzanne Demars : la mère Gohelle[]
- Lise Graf : la mère Marles[]
- Guy Favières : un vieux mineur[]
- Julien Verdier : un mineur
- Louis Daquin : un mineur

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