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dimanche 7 décembre 2025

14.40 - MON AVIS SUR LE FILM JAY KELLY DE NOAH BAUMBACH (2025)


 Vu le Film Jay Kelly de Noah Baumbach (2025) avec George Clooney Adam Sandler Charlie Rowe Laura Dern Billy Cudrup Riley Keough Stacy Keach Jim Broadbent Patrick Wilson Greta Gerwig Josh Hamilton 

Jay Kelly est un acteur américain à succès. Cet homme flegmatique se retrouve embarqué dans un road trip en Europe. Accompagné de son fidèle manager Ron, il va faire de nombreuses rencontres. Les deux hommes vont ainsi se replonger dans leur passé, tout en se questionnant sur leur futur 

Jolie surprise que ce Jay Kelly, un film qui sent bon les années 80/90, comme une romcom/dramedy revisitée, plus mature, plus pudique, mais avec cette petite nostalgie douce qui s’invite dès les premières minutes. Noah Baumbach, fidèle à son obsession — filmer les êtres humains dans toute leur fragilité — nous raconte ici l’histoire d’un acteur célèbre qui se retrouve obligé de faire un arrêt sur image : son passé le rattrape, son futur lui fait signe, et entre les deux il y a sa fille, son assistant (un Adam Sandler étonnant de sobriété), et toute une galaxie de fans qui gravitent autour de lui, parfois trop près, parfois trop loin. Bref : la célébrité, mais vue par l’intérieur, avec ce que ça charme… et ce que ça casse. 

L’histoire suit Jay Kelly, star installée, visage familier, dont la carrière a atteint le sommet au point qu'il ne sait plus si c’est encore lui là-haut, ou seulement le personnage qu’il joue depuis trop longtemps. Cette crise identitaire, Baumbach la filme avec sa délicatesse habituelle : pas de violons, pas de numéros de cirque émotionnels, juste un homme qui se regarde dans une glace et commence enfin à voir les fissures. Le récit mélange scènes du quotidien, confrontations parfois drôles, parfois embarrassantes, et ces moments suspendus où la vérité, d’un coup, fait trembler la carapace. 

George Clooney — soyons clairs — est parfait. Simple, lumineux, beau comme une star de cinéma (parce que… c’en est une), mais surtout terriblement humain. Il donne à Jay Kelly un mélange d’élégance et de lassitude, de charme et de vacillement, qui le rend immédiatement attachant. On sent à travers son jeu cette fatigue discrète, cette sensation d’être devenu « une marque » plus qu’un homme. Clooney ne force rien : il respire le rôle, il l’habite comme un vêtement trop longtemps porté, familier mais usé aux coutures. 

Autour de lui, Adam Sandler surprend par la retenue : pas de grimace, pas de cabotinage, juste un compagnon de route fatigué, loyal, un peu paumé lui aussi. La fille de Jay apporte un contrepoids tendre mais lucide : elle voit clair dans son père, parfois trop clair pour lui. Quant aux fans, Baumbach les filme avec humour mais sans mépris : ombres, lumières, miroirs déformants, autant d’éléments qui rappellent que la notoriété est une pièce à deux faces. 

La mise en scène est sobre, élégante, parfaitement alignée avec le sujet. Baumbach aime les scènes où rien ne se dit, mais où tout s’entend. Il privilégie les gestes retenus, les silences qui en disent trop, les regards fuyants qui racontent plus qu’un dialogue. Le film alterne entre la mondanité — soirées, interviews, plateaux — et des moments de retrait quasi méditatifs où Jay Kelly tente de comprendre ce qu’il lui reste à offrir, à aimer, à devenir. Il y a un vrai dialogue visuel entre brillance et intimité, entre ce que le public croit connaître et ce que l’homme tente encore de protéger. 

Le scénario, très baumbachien, installe avec patience cette trajectoire intérieure : un homme arrivé si haut qu’il ne sait plus redescendre sans se perdre. On a de jolis moments d’introspection, de petites révélations tranquilles, de conversations qui ne cherchent pas à être brillantes mais vraies. Être ou ne pas être, oui : la crise shakespearienne vue à travers un téléphone portable, une loge de studio et un cœur qui doute. 

Et c’est là que le film trouve son charme : dans cette façon de sonder ce qui reste quand la lumière s’éteint, quand les applaudissements se taisent, quand la notoriété n’est plus un rempart mais une solitude amplifiée. Ce n’est pas un film qui hurle, c’est un film qui murmure. Et ces murmures, parfois, touchent juste. 

Jay Kelly est une belle parenthèse, un film « à l’ancienne », honnête, élégant, porté par un Clooney au sommet de sa maturité et par un Baumbach qui sait décidément regarder les êtres humains sans les juger. Une surprise, oui, et une bonne. 

NOTE : 14.40

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