Vu le Film Springsteen : Deliver Me From Nowhere de Scott Cooper (2025) avec Jérémy Allen White Jeremy Strong Paul Walter Hauser Stephen Graham Odessa Young Gaby Hoffman Johnny Cannizarro Grace Gummer
En 1982, Bruce Springsteen commence à travailler sur son sixième album studio, Nebraska. Après le succès de The River et de sa tournée, il veut revenir à quelque chose de plus simple, dépouillé et très personnel. L'artiste va donc enregistrer ce nouvel album de la manière la plus sobre et la moins compliquée possible : sur une cassette à quatre pistes (Portastudio) dans sa chambre du New Jersey
J’aime bien Bruce Springsteen. Voilà, c’est dit. Mais soyons honnêtes : je ne suis ni un expert de sa discographie, ni un exégète de sa vie, ni un fan hardcore capable de réciter l’ordre des morceaux de Nebraska les yeux fermés. Et comme pour le film consacré à Dylan avec Timothée Chalamet, je m’attendais à une chose toute simple : que la musique soit omniprésente. Du rock, de la guitare, du rocailleux, du Boss quoi.
Or Deliver Me From Nowhere prend un tout autre chemin. Scott Cooper choisit de raconter un Springsteen en retrait, en introspection, presque reclus. Le film se concentre sur les années de solitude au début des années 80, lorsque Bruce s’enferme dans sa chambre pour composer Nebraska, album dépouillé, sombre, enregistré sur un simple magnétophone. Une parenthèse avant l’explosion planétaire de Born in the U.S.A., période que, personnellement, j’ai davantage connue.
Il y a bien quelques scènes musicales, notamment des échanges avec d’autres musiciens où ça envoie un peu plus de bois. Là, le film respire, le son prend de la place, on se dit : « Ah, ça y est, on y est ». Mais ces moments restent trop rares. J’en voulais plus. Clairement. Ma dose de rock, de guitare et de sueur est restée en salle d’attente.
Le cœur du récit repose sur la dépression du Boss, sur ses doutes, son rapport compliqué à la célébrité, à son père, à l’Amérique qu’il chante mais qu’il observe aussi avec une immense mélancolie. C’est intéressant, indéniablement. Mais une question persiste tout au long du film : est-ce que cela justifie, à lui seul, un long métrage entier ?
Visuellement, le film est très beau. Scott Cooper soigne ses cadres, ses lumières, cette Amérique nocturne et silencieuse qui fait écho aux chansons de Nebraska. La mise en scène est élégante, parfois trop sage, presque figée dans sa contemplation.
Côté interprétation, Allen White incarne Bruce Springsteen avec sérieux et application. Il est crédible physiquement, la voix est travaillée, l’intention est là. Mais malgré tout, je reste à distance. Je le regarde jouer Bruce Springsteen, sans jamais vraiment l’oublier en tant qu’acteur. Une performance solide, mais qui ne m’embarque pas totalement.
Le scénario avance à petits pas, privilégiant l’atmosphère à la dramaturgie. Certains apprécieront cette approche contemplative ; d’autres, comme moi, resteront un peu sur leur faim. J’aurais aimé plus de tension, plus de contrastes, plus de musique aussi — surtout quand on parle du Boss.
Springsteen – Deliver Me From Nowhere est donc un film respectable, soigné, intelligent dans ses intentions, mais qui m’a laissé en dehors émotionnellement. Peut-être faudra-t-il que je le revoie pour confirmer ou infirmer cette impression. Comme Nebraska lui-même, le film demande sans doute du temps, du silence… et un certain état d’esprit.
Mais je l’avoue : en sortant, j’avais surtout envie d’écouter Born in the U.S.A. à fond dans la voiture.
NOTE : 13.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation et scénario : Scott Cooper, d'après Deliver Me from Nowhere: The Making of Bruce Springsteen's Nebraska de Warren Zanes
- Décors : Stefania Cella
- Costumes : Brittany Loar et Kasia Walicka Maimone
- Photographie : Masanobu Takayanagi
- Montage : Pamela Martin
- Musique : Jeremiah Fraites
- Producteurs : Scott Cooper, Ellen Goldsmith-Vein, Eric Robinson, Scott Stuber
- Producteurs délégués : Warren Zanes et Tracey Landon
- Sociétés de production : Gotham Group, Night Exterior et Bluegrass 7
- Société de distribution : 20th Century Studios
- Budget : 55 000 000 $
- Jeremy Allen White (VF : Marc Arnaud) : Bruce Springsteen
- Matthew Anthony Pellicano (VF : Cécile Gatto) : Bruce Springsteen, jeune
- Jeremy Strong : Jon Landau
- Paul Walter Hauser (VF : Jérôme Wiggins) : Mike Batlan
- Stephen Graham : Douglas Springsteen
- Odessa Young : Faye
- Gaby Hoffmann : Adele Springsteen
- Johnny Cannizzaro (en) : Steven Van Zandt
- Harrison Gilbertson : Matt Delia
- Marc Maron : Chuck Plotkin (en)
- David Krumholtz : Al Teller
- Grace Gummer : Barbara Landau
- Chris Jaymes (en) : Dennis King
- Brian Chase : Max Weinberg
- Jimmy Iovine : lui-même (voix)
- Jay Buchanan, Jake Kiska et Sam Kiska : Cats on a Smooth Surface (en)

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