Si on remettait des palmes comme dans Lucky Luke, finalement je ne remettrais pas des goudrons et des plumes à Asphalte le film de Samuel Benchetrit.
Le réalisateur a un univers très particulier (Janis et John ou J'aurais aimé être un gangster) qui ne rentre dans une aucune case , même de BD.
Et c'est finalement tant mieux, car avec ce garçon très à gauche, on pourrait pondre des films pompeux (du style ) politiquement et nous laisser de côté en allant voir ses films.
Non, il nous amène beaucoup de poésie et d'absurdité , qui nous font et réfléchir et sourire, tellement c'est décalé et déglingué.
Ici nous avons trois histoires qui s'enchevêtre, mais qui ne se croie jamais, et qui ne sont pas des sketches à la suite.
On a un immeuble délabré dans une banlieue parisienne, dont l'ascenseur fait des siennes, et les co-propriétaires décident d'eux mêmes d'en faire le changement, mais seul Berkowitz vieux célibataire qui s'ennuie refuse de payer, car il habite au 1er et n'utilise pas ce putain d'ascenseur, alors l'autorise à pas payer à condition de ne jamais l'utiliser. Tout va bien, sauf quand on devient handicapé et qu'on rentre de l'hôpital en fauteuil roulant. Berkowitz (Gustav Kerven) devra jouer au chat et la souris pour le prendre la nuit ou tout est fermé. Le jour il photographie la télé, pour faire croire qu'il voyage et rencontre des vedettes pour plaire à une belle infirmière à l'hôpital (Valéria Bruni Tesdechi).
Une vedette il en est également question, dans un étage plus haut, qui vient d'emménager , et qui a des problèmes avec les portes d'ascenseur et chez elle, elle fera appel souvent à son très jeune voisin (Jules Benchetrit) qui ne la connaît pas comme comédienne , découvrant son inculture devant cette vedette de cinéma (Isabelle Huppert).
Et puis le must, et plus improbable, John McKenzie (Michael Pitt) est un astronaute américain qui tourne autour de la terre dans un satellite, qui a la fâcheuse idée de tomber sur le toit de notre immeuble, ou deux jeunes style "La haine" glande et sont submergés d'incompréhension devant la capsule. L'astronaute va chez une locataire d'origine algérienne (Tassadit Mandi) qui va l'héberger deux jours (car la Nasa n'est pas pressé de le récupérer) , car peur peut être qu'en étant sur une étrangère d'origine arabe est peur qu'il soit tomber sur des terroristes. John va apprécier le couscous de Mme Hamida , réparer la plomberie (comme sur sa capsule) et mettre un maillot de l'OM (que supporte le fils de Mme Hamida qui est en prison).
Bien sûr avec des histoires, comme cela, on peut se perdre et abandonner, mais je trouve beaucoup de charme à cette fantaisie, pleine de folie et d'a propos. Tous les acteurs sont au diapason de l'histoire, Isabelle Hupper habitué à ces rôles ou Gustav Kervern (dont le film ressemble beaucoup au sien avec Delépine) , un Michael Pitt radieux de bonté et d'étonnement, qui a eu le courage d'accepter ce film (et il a eu raison) et la révélation du film Jules Benchetrit (fils de Marie Trintignant et de Samuel Benchetrit) qui monte un talent et une présence précieuse au scénario et au film. Et puis qu'est ce qu'il ressemble à son père et à sa mère c'est fou, et en plus il a du charme, si les petits cochons le mangent pas, on risque d'en entendre encore parler.
Pour les amateurs de films décalés et déglingués.
Note : 15.60
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Samuel Benchetrit
Scénario : Samuel Benchetrit d'après ses romans Les Chroniques de l'Asphalte
Décors : Jean Moulin
Costumes : Mime Lempicka
Photographie : Pierre Aim
Montage : Thomas Fernandez
Musique : Raphael
Production : Julien Madon, Ivan Taieb et Marie Savare de Laitre
DISTRIBUTION
- Isabelle Huppert : Jeanne Meyer
- Gustave Kervern : Sterkowitz
- Valeria Bruni Tedeschi : l'infirmière
- Tassadit Mandi : Mme Hamida
- Jules Benchetrit : Charly
- Michael Pitt : John McKenzie
- Thierry Gimenez : un voisin à la réunion de copropriétaires
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