"Une jeunesse allemande".
La Fraction Armée Rouge (RAF), organisation terroriste d’extrême gauche, également surnommée «la bande à Baader» ou «groupe Baader-Meinhof», opère en Allemagne dans les années 1970.
Ses membres, qui croient en la force de l’image, expriment pourtant d’abord leur militantisme dans des actions artistiques, médiatiques et cinématographiques.
Mais devant l’échec de leur portée, ils se radicalisent dans une lutte armée, jusqu’à commettre des attentats meurtriers qui contribueront au climat de violence sociale et politique durant «les années de plomb».
Ses membres, qui croient en la force de l’image, expriment pourtant d’abord leur militantisme dans des actions artistiques, médiatiques et cinématographiques.
Mais devant l’échec de leur portée, ils se radicalisent dans une lutte armée, jusqu’à commettre des attentats meurtriers qui contribueront au climat de violence sociale et politique durant «les années de plomb».
En 1966, lors de l’explosion du mouvement étudiant en Allemagne, un groupe de personnes radicales va s’agréger autour de la personnalité d’Andreas Baader. Fin 1968, lorsque les manifestations se sont effondrées, le groupe est resté enfermé dans ses idéaux radicaux et chercha un moyen de continuer la lutte vers la révolution. En 1970, la RAF (Rote Armee Fraktion ou Fraction Armée Rouge) est fondée et ses militants ont choisi de disparaître dans la clandestinité. Cette bande a commis plusieurs attentats de grande envergure et s’engagea dans une lutte à mort avec l’état allemand. L’automne 1977 a marqué l’apothéose sanglante de ce combat. En effet, la RAF détourna un avion de ligne et prit en otage ses passagers. Le gouvernement germanique ne céda pas au chantage et la nuit même l’avion est pris d’assaut tandis que les derniers membres fondateurs de la RAF encore en vie sont retrouvés «suicidés» en prison…
"Une Jeunesse Allemande" a été réalisé et monté uniquement avec les archives de la télévision allemande. Cependant, les chaînes germaniques n’ont commencé à archiver systématiquement leur production qu’à partir du début des années 1980. Ainsi, le réalisateur Jean-Gabriel Périot a dû chercher tout le matériel sauvegardé de l'époque et le montage a consisté à relier ces images fragmentaires pour en faire un ensemble cohérent. C'est particulièrement réussi.
Pour le réalisateur, il était important de montrer comment la télévision a participé activement à la scénarisation des faits d’armes de la bande à Baader. Il y a eu plusieurs changements techniques importants au début des années 1970 qui ont bouleversé la grammaire télévisuelle. Le changement le plus important fut la mobilité du matériel, ce qui a permis la diffusion en direct depuis l’extérieur des studios, par exemple, l’arrestation à la télévision des chefs de la RAF, Meins et Baader aurait été impossible un ou deux ans plus tôt. Cette possibilité du direct a permis à la fois de créer des effets hyper-spectaculaires, presque hollywoodiens, et en même temps a détruit le temps nécessaire entre la captation et la diffusion d’un événement et son interprétation.
Le film de Jean-Gabriel Périot est passionnant : on assiste au dévoiement d’un combat, à la perversion des valeurs. "Une jeunesse allemande" réussit l’oxymore du "brûlot raisonné", éruptif et méthodique, rendant palpable la fièvre d’une époque, tout en construisant la place d’où l’observer avec un recul actif.
Le basculement de l’utopie de mener une lutte politique par l’image, et rendre avec brio cette époque à la fois lointaine et éminemment proche. Comprendre et admettre ce qu'il y a de si proche dans ce qui survint environ 40 ans en arrière, révéler, peu à peu, le gouffre qui séparait la jeunesse de l'époque d'une télévision au service du gouvernement et d'une presse ficelée par des financiers tout-puissants, voilà qui signe selon moi l'excellent travail de Jean-Gabriel Périot.
À voir absolument.
Critique de Une Jeunesse Allemande de Jean Gabriel Periot par Critique Chonchon
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