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mardi 5 novembre 2024

14.20 - MON AVIS SUR LA SERIE DANS L'OMBRE DE PIERRE SCHOELLER (2024) SUR FRANCE 2

 


Vu la série sur (France2 ) Dans l’Ombre de Pierre Schoeller (2024) avec Karin Viard Melvil Poupaud Swann Arlaud Evelyne Brochu Philippe Uchan Sofian Khammes Eric Paradisi Baptiste Carrion-Weiss Maud Wyler Clara Antoons Boris Terral Muriel Combeau Catherine Salée

Adaptée d’un livre de Édouard Philippe et Gilles Boyer

Paul Francœur vient de remporter les primaires de son parti. Cette victoire lui permet de se lancer dans la campagne présidentielle. César Casalonga, son principal conseiller, doit éviter les attaques des autres candidats tout en gérant les tensions au sein de sa famille politique.

Dans l'Ombre, la série politique signée Pierre Schoeller et diffusée sur France 2, est une plongée en six épisodes dans les coulisses d’une élection présidentielle française, où manipulations et alliances se tissent dans l’ombre. Inspirée par un roman écrit par un homme politique de droite – un détail non négligeable pour l’ambiance de la série – Dans l'Ombre vise à montrer la course au pouvoir de l’intérieur, avec ses stratégies, ses intrigues et la férocité de ses acteurs. Cependant, bien qu’elle s’appuie sur une mise en scène soignée et d’excellents acteurs, elle laisse quelque peu le spectateur sur sa faim.

En effet, malgré la qualité de la réalisation de Schoeller, qui avait brillamment signé L’Exercice de l’Etat, et le talent indéniable de Swann Arlaud, Karin Viard, et Melvil Poupaud, la série manque de cette touche de férocité, de « trash », qui rendrait les personnages et les situations encore plus vraisemblables. Les séquences en coulisses sont parmi les meilleures du récit, mais l’intrigue reste un peu trop lisse et aseptisée, presque « bisounours » par moments, ce qui atténue le suspense et l’intensité de cette course au sommet.

Schoeller parvient à dresser un portrait intrigant des rouages de la politique française, avec des personnages souvent ambivalents, tiraillés entre leurs idéaux et leurs ambitions. Cependant, l’intrigue ne va pas assez loin dans la cruauté et les sacrifices, des éléments que l’on sait omniprésents dans les campagnes présidentielles réelles. On ressent une retenue qui, si elle peut séduire certains spectateurs, risque de laisser les amateurs de récits politiques un peu plus sombres et réalistes sur leur faim. Les meilleures séries politiques, comme Borgen ou House of Cards, sont celles qui n’hésitent pas à explorer sans concession l’avidité, la corruption et la trahison, éléments qui semblent ici plus nuancés qu’ils ne le seraient sans doute dans la réalité.

Dans l'Ombre accumule des éléments dramatiques qui finissent par alourdir l’intrigue sans lui permettre de creuser pleinement chaque arc narratif. Entre un candidat en fauteuil roulant, suite à un accident tragique, et la mort soudaine du président en exercice, la série semble vouloir jouer sur les émotions à travers des situations extrêmes. Cependant, ce choix de mélodrame multiple nuit à la crédibilité et à la cohérence de l’histoire. Cela disperse l’attention du spectateur et dilue l’impact émotionnel de chaque événement.

L’arc narratif du candidat handicapé aurait pu, à lui seul, ouvrir des perspectives fascinantes et rares dans le monde de la politique télévisée, en explorant, par exemple, les préjugés, les obstacles et la résilience d'un personnage en quête de pouvoir malgré son handicap. De même, la disparition du président en exercice offre un contexte riche pour une analyse des luttes de succession, des jeux d’influence et des rivalités brutales qui surgissent lors d’une vacance inattendue au sommet de l’État. Malheureusement, en tentant de cumuler ces deux pistes, la série ne parvient à rendre ni l’une ni l’autre pleinement convaincante.

Ce choix de narration paraît plus focalisé sur l’effet dramatique que sur une véritable exploration des enjeux de pouvoir. L’émotion, au lieu de servir le propos, devient parfois un artifice, ce qui rend plus difficile l’immersion dans l’univers politique. En fin de compte, ces éléments, au lieu de renforcer la tension de la série, semblent diluer son potentiel narratif et l'empêchent d’atteindre la profondeur souhaitée.

Avec seulement six épisodes, Dans l'Ombre peine également à approfondir les arcs narratifs et les relations complexes entre les personnages, ce qui limite leur impact. Si les interprétations de Swann Arlaud et de Melvil Poupaud sont impeccables et confèrent de la crédibilité aux enjeux politiques du récit, l’écriture semble contrainte par le format, compressée, sans le souffle nécessaire pour développer toutes les nuances des relations de pouvoir.

 Dans l'Ombre est une série bien réalisée, avec des acteurs convaincants et une mise en scène élégante, mais elle manque d’audace et d’authenticité pour véritablement captiver et immerger le spectateur dans l’âpreté du monde politique. Elle reste un exercice stylisé et réussi, mais en retrait par rapport aux réalités, parfois plus sordides et captivantes, de la politique française. Pour une série inspirée de la « vraie vie », la fiction semble ici moins prenante que la réalité.

NOTE : 12.10

DISTRIBUTION

  • Swann Arlaud : César Casalonga, conseiller politique de Paul Francœur

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