Vu le film 125 Rue Montmartre de Gilles Grangier (1959) avec Lino Ventura Andréa Parisy Robert Hirsch Dora Doll Lucien Raimbourg Jean Desailly Alfred Adam Pierre Mirat Christian Lude Valérie Vivin Jean Juillard Pierre Collet Paul Mercey
Pascal Cazalis est un homme
sympathique, bourru et quelque peu candide. Crieur de journaux, il vend France-Soir dans les rues. Un jour,
son travail achevé, il s'assied au bord de la Seine. Un homme se jette à l'eau
à quelques pas de lui. Pascal se précipite et le sauve de la noyade.
L'homme dit se nommer Didier Barrachet.
Il se prétend riche et victime d'un complot ourdi par sa femme Catherine et son
beau-frère, qui veulent le faire interner. Une complicité amicale s'ébauche
entre les deux hommes. Pascal héberge Didier. Mais l'attitude outrancière de ce
dernier insupporte son hôte, qui doute de sa bonne foi et même de sa raison,
notamment après avoir rencontré sa femme. Toutefois, cédant à des demandes de
plus en plus pressantes, Pascal s'introduit un soir dans une maison cossue de Passy,
qu'il croit être le domicile de son ami. Il doit y récupérer une forte somme
d'argent.
125 Rue Montmartre
de Gilles Grangier est un véritable bijou du cinéma français, qui illustre à
merveille la maîtrise du réalisateur pour construire une atmosphère prenante et
jouer avec la psychologie des personnages. Au cœur de cette intrigue, on
retrouve Pascal, interprété par Lino Ventura, un homme à la fois solide et
vulnérable, pris dans une spirale où il se retrouve piégé par la malveillance
d’un personnage énigmatique, Didier Malefosse, joué de manière inoubliable par
Robert Hirsch. Hirsch incarne ici un manipulateur charismatique, un mythomane
invétéré qui navigue entre mensonge et vérité avec une aisance troublante,
rendant son personnage à la fois fascinant et inquiétant.
La prestation de Hirsch est un point
fort du film. Il campe un mythomane sans scrupule qui semble constamment
osciller entre l’imposture inoffensive et la perfidie potentiellement mortelle.
Ce type de personnage ambigu, à la frontière entre escroc et meurtrier, nous
maintient dans un état d’incertitude et de tension permanente. C’est ce
contraste entre le calme trompeur de Hirsch et la force tranquille de Ventura
qui rend leur duo magnétique. Ventura, avec sa présence brute et son jeu
minimaliste, incarne un homme pris au piège, déconcerté mais déterminé à
comprendre ce qui lui arrive. Son personnage, loin d'être un héros au sens
traditionnel, est un homme ordinaire confronté à une situation extraordinaire,
ce qui rend son calvaire d’autant plus touchant.
Grangier, quant à lui, montre ici son
talent pour diriger ses acteurs et exploiter leurs nuances. Il laisse Hirsch
briller par son excentricité tout en permettant à Ventura de construire un
personnage tout en retenue, créant un équilibre parfait entre les deux. Le
réalisateur ne cherche pas le spectaculaire, mais préfère une approche
réaliste, presque intimiste, de la tension et du suspense, ce qui confère au
film un rythme particulièrement efficace. Cette mise en scène sobre met en
lumière la noirceur et la fragilité des personnages, accentuant le sentiment
d'oppression qui se dégage de l'intrigue.
Ce type de personnage, oscillant entre
le pathétique et le diabolique, rappelle les classiques du film noir, où les
apparences sont trompeuses et où la confiance est un luxe. On se retrouve donc
plongé dans une ambiance captivante, où l’humanité et la faiblesse des
personnages sont constamment mises en avant.
NOTE : 12.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Gilles Grangier
- Assistants-réalisateur : Jacques Deray et Guy Blanc
- Scénario : Jacques Robert, André Gillois, Gilles Grangier
- Adaptation d’après le roman éponyme 125, rue Montmartre d’André Gillois (aux éditions Hachette, 1958)
- Dialogues : Michel Audiard
- Photographie : Jacques Lemare
- Cadreur : Georges Pastier
- Assistants cadreur : Philippe Brun et Claude Zidi
- Montage : Jacqueline Sadoul Douarinou
- Assistant montage : Eric Pluet
- Musique : Jean Yatove
- Décors : Robert Bouladoux
- Assistants décors : James Allan et Georges Richard
- Son : Antoine Archimbaud
- Assistants son : Fernand Janisse et Henri Richard
- Photographe de plateau : Robert Joffre
- Scripte : Martine Guillou
- Régisseur : Paulette Boréal
- Assistant régisseur : Lucien Denis et Yvonne Eblagon
- Accessoiristes : René Albouze et Pierre Barbet
- Maquilleurs : Boris de Fast et Georges Bouban
- Ensemblier : Fernand Chauviret
- Administrateur : Marcel Bligny
- Producteur : Lucien Viard
- Directeur de production : Paul Joly
- Société de production : Orex Films
- Société de distribution : Pathé Consortium Cinéma
- Affiche originale : Yves Thos
- Dates de tournage : du au
- Lieux de tournage : extérieurs à Paris (rue Montmartre, rue du Croissant, pont de l'Alma...) et à Boulogne-Billancourt (rue Darcel), intérieurs aux studios de Boulogne
- Lino Ventura : Pascal Cazalis, le crieur de journaux
- Andréa Parisy : Catherine Barrachet
- Robert Hirsch : Julien, qui prétend être Didier Barrachet, l'époux de Catherine
- Dora Doll : Germaine Montillier, dite Mémène, l'amie de Pascal
- Jean Desailly : le commissaire Dodelot
- Alfred Adam : Philippe, le directeur du cirque
- Lucien Raimbourg : Victor, un crieur
- Valérie Vivin : Paulette, la serveuse
- Christian Lude : le turfiste
- Henri Crémieux : le juge d'instruction
- Paul Mercey : Raymond, le camionneur
- Gisèle Grimm : l'amie de Raymond
- Jacques Monod : le médecin
- Pierre Mirat : le brigadier Brossard
- Jean Juillard : l'inspecteur Michel
- Charles Lemontier : l'acheteur de journal en auto
- Pierre Collet : un inspecteur
- Émile Genevois : un vendeur de journaux
- Marcel Bernier : Auguste, le mécano
- Marcel Gassouk : un livreur de journaux
- Jacques Préboist : un livreur de journaux
- Christian Brocard : un vendeur de journaux
- Gilles Grangier : un passant achetant le journal (caméo)
- Marc Arian : un consommateur
- Georges Demas : le régisseur du cirque
- Marcelly : un clown
- Georges Loriot : l'autre clown
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