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lundi 25 novembre 2024

13.20 - MON AVIS SUR LE FILM LA VIERGE DES TUEURS DE BARBET SCHROEDER (2000)


 Vu le film La Vierge des Tueurs de Barbet Schroeder (2000) avec Germán Jaramillo Anderson Ballesteros Juan David Restrepo Manuel Busquets Wilmar Agudelo Juan Carlos Álvarez Zulma Arango Jairo Alzate 

Fernando, vieil écrivain homosexuel colombien, retourne 30 ans après à Medellín, la ville de son enfance. Il y tombe amoureux d'Alexis, jeune délinquant et tueur à gages âgé de seulement seize ans. Une passion dangereuse naît entre le vieil homme et l'adolescent, mais cela finit par la mort brutale et tragique de ce dernier. Anéanti par le chagrin et troublé par la violence de cette ville qu'il ne reconnaît plus, l'écrivain croit retrouver Alexi en Wilmar, un autre adolescent avec qui l'histoire semble se répéter.

La Vierge des Tueurs de Barbet Schroeder (2000) est un film puissant et profondément dérangeant, où la violence et la désillusion se mêlent à une réflexion crue sur la solitude et la perte de sens. Adapté du roman de Fernando Vallejo, le film suit l'écrivain vieillissant Fernando (interprété par Germán Jaramillo) qui retourne dans sa ville natale de Medellín, en Colombie. Là, il entame une relation avec Alexis (Anderson Ballesteros), un jeune homme issu des bas-fonds, à la fois amant et tueur sans scrupules.

Dès les premières minutes, notamment avec la scène marquante dans l’appartement, Schroeder impose un ton brutal. Cette introduction met en lumière l’absence totale de pudeur et d’illusions qui caractérise le film : des jeunes hommes, prêts à tuer sans hésitation, plongés dans une réalité où la violence est banalisée. Medellín est dépeinte comme un décor chaotique, rongé par la corruption, la drogue, et la mort omniprésente. La caméra, presque documentaire, ne détourne jamais le regard, renforçant l’authenticité et le malaise.

Au-delà de cette radiographie urbaine, La Vierge des Tueurs est aussi une introspection sur le désir, la solitude et l’envie d’en finir. Fernando, blasé et misanthrope, semble chercher dans Alexis un dernier souffle de vie, un ultime plaisir charnel. Leur relation, teintée de fascination et de répulsion, révèle l’absurde de leur monde : un vieil homme usé par ses regrets et un jeune garçon marqué par une violence systémique qui détruit tout espoir. Schroeder filme cette dynamique avec une franchise brutale, évitant toute idéalisation, ce qui rend l’œuvre à la fois fascinante et inconfortable.

La violence, omniprésente, est traitée sans filtre ni concession. Les meurtres, souvent arbitraires et soudains, soulignent l’absurdité d’une société en déliquescence. Schroeder ne juge pas mais observe, exposant une humanité déchue où chaque vie semble interchangeable. La photographie numérique, crue et granuleuse, accentue cette sensation d’immédiateté et de vérité brute.

Malgré cette noirceur, La Vierge des Tueurs n’est pas dénuée d’une certaine poésie morbide. La solitude existentielle de Fernando et l’indifférence glaçante d’Alexis tracent un portrait d’âmes perdues, incapables de rédemption. Les amateurs de chair fraîche que l'on croise dans le film incarnent également une critique implicite des rapports de pouvoir et de domination dans une société gangrenée.

Film violent, dérangeant, mais nécessaire, La Vierge des Tueurs est une œuvre qui ne laisse pas indifférent. Par son refus de compromis et sa mise en scène sans fard, Schroeder signe un portrait glaçant d’un monde où la morale et la vie humaine ont perdu toute valeur. Une méditation sombre sur la destruction et le vide existentiel.

NOTE : 13.10

FICHE TECHNIQUE


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