Vu le film La Vierge des Tueurs de Barbet Schroeder (2000) avec Germán Jaramillo Anderson Ballesteros Juan David Restrepo Manuel Busquets Wilmar Agudelo Juan Carlos Álvarez Zulma Arango Jairo Alzate
Fernando, vieil écrivain homosexuel colombien,
retourne 30 ans après à Medellín,
la ville de son enfance. Il y tombe amoureux d'Alexis, jeune délinquant
et tueur à
gages âgé de seulement seize ans. Une passion
dangereuse naît entre le vieil homme et l'adolescent, mais cela finit par la
mort brutale et tragique de ce dernier. Anéanti par le chagrin et troublé par
la violence de cette ville qu'il ne reconnaît plus, l'écrivain croit retrouver
Alexi en Wilmar, un autre adolescent avec qui l'histoire semble se répéter.
La Vierge des Tueurs
de Barbet Schroeder (2000) est un film puissant et profondément dérangeant, où
la violence et la désillusion se mêlent à une réflexion crue sur la solitude et
la perte de sens. Adapté du roman de Fernando Vallejo, le film suit l'écrivain
vieillissant Fernando (interprété par Germán Jaramillo) qui retourne dans sa
ville natale de Medellín, en Colombie. Là, il entame une relation avec Alexis
(Anderson Ballesteros), un jeune homme issu des bas-fonds, à la fois amant et
tueur sans scrupules.
Dès les premières minutes, notamment avec la scène
marquante dans l’appartement, Schroeder impose un ton brutal. Cette
introduction met en lumière l’absence totale de pudeur et d’illusions qui
caractérise le film : des jeunes hommes, prêts à tuer sans hésitation, plongés
dans une réalité où la violence est banalisée. Medellín est dépeinte comme un
décor chaotique, rongé par la corruption, la drogue, et la mort omniprésente.
La caméra, presque documentaire, ne détourne jamais le regard, renforçant
l’authenticité et le malaise.
Au-delà de cette radiographie urbaine, La Vierge
des Tueurs est aussi une introspection sur le désir, la solitude et l’envie
d’en finir. Fernando, blasé et misanthrope, semble chercher dans Alexis un
dernier souffle de vie, un ultime plaisir charnel. Leur relation, teintée de
fascination et de répulsion, révèle l’absurde de leur monde : un vieil homme
usé par ses regrets et un jeune garçon marqué par une violence systémique qui
détruit tout espoir. Schroeder filme cette dynamique avec une franchise
brutale, évitant toute idéalisation, ce qui rend l’œuvre à la fois fascinante
et inconfortable.
La violence, omniprésente, est traitée sans filtre ni
concession. Les meurtres, souvent arbitraires et soudains, soulignent
l’absurdité d’une société en déliquescence. Schroeder ne juge pas mais observe,
exposant une humanité déchue où chaque vie semble interchangeable. La
photographie numérique, crue et granuleuse, accentue cette sensation
d’immédiateté et de vérité brute.
Malgré cette noirceur, La Vierge des Tueurs
n’est pas dénuée d’une certaine poésie morbide. La solitude existentielle de
Fernando et l’indifférence glaçante d’Alexis tracent un portrait d’âmes
perdues, incapables de rédemption. Les amateurs de chair fraîche que l'on
croise dans le film incarnent également une critique implicite des rapports de
pouvoir et de domination dans une société gangrenée.
Film violent, dérangeant, mais nécessaire, La
Vierge des Tueurs est une œuvre qui ne laisse pas indifférent. Par son
refus de compromis et sa mise en scène sans fard, Schroeder signe un portrait
glaçant d’un monde où la morale et la vie humaine ont perdu toute valeur. Une
méditation sombre sur la destruction et le vide existentiel.
NOTE : 13.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Barbet Schroeder
- Scénario : Fernando Vallejo, d'après son roman autofictionnel La virgen de los sicarios1
- Photographie : Rodrigo Lalinde
- Montage : Elsa Vásquez
- Musique : Jorge Arriagada
- Direction artistique et costumes : Mónica Marulanda
- Producteurs : Margaret Ménégoz, Barbet Schroeder
- Sociétés de production : Canal+, Les Films du losange, Proyecto Tucan, Tornasol Films et Vértigo Films
- Distribution : Paramount Classics (États-Unis), Vértigo Films (Espagne)
- Germán Jaramillo : Fernando
- Anderson Ballesteros : Alexis
- Juan David Restrepo : Wilmar
- Manuel Busquets : Alfonso
- Wilmar Agudelo : l'enfant sniffant de la colle
- Juan Carlos Álvarez : un voleur de 4x4
- Jairo Alzate : le chauffeur de taxi pour Santa Domingo
- Zulma Arango : une serveuse
- José Luis Bedoya : le chauffeur de taxi pour Sabaneta
- Cenobia Cano : la mère d'Alexis
- Eduardo Carvajal : le chauffeur de taxi pour la clinique
- Olga Lucía Collazos : une femme enceinte
- Jorge A. Correa : une cadavre
- Phanor Delgado : le chauffeur de taxi avec la machette
- Albeiro Lopera : le voisin punk
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